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Culture
Des mélanges céréales/protéagineux pour récolte en grain

Techniques utilisées en agriculture biologique.

Un essai a été implanté à l’automne 2010 sur l’exploitation d’Etienne Legrand à La Meurdraquière entre Villedieu et Granville (50). Voici quelques éléments dégagés lors des suivis de culture, sachant que l’essai n’a pu être récolté à cause d’importants dégâts de sangliers en fin de végétation.


Objectifs

Les mélanges céréales-protéagineux grains sont cultivés sur les exploitations biologiques souhaitant maintenir une forte autonomie en concentrés dans un contexte de prix d’achat élevé.Les avantages des mélanges d’espèces sont connus :

- meilleure résistance aux maladies et ravageurs ;

- introduction des légumineuses pour l’autonomie azotée, et l’amélioration du taux de protéines du mélange ;

-  compétitivité renforcée par rapport aux adventices ;

- complémentarité dans la colonisation du sol et de l’espace.

Il s’agissait d’affiner les observations antérieures sur ces types de mélanges :


- augmenter la valeur de l’aliment en choisissant des densités de semis des protéagineux (pois et féverole) à 60 % de celle pratiquée quand ils sont en culture pure pour augmenter la valeur de l’aliment ;- vérifier l’avantage de la féverole pour l’obtention d’un mélange suffisamment riche en protéines (taux de 30-35 % contre 25 % en pois) ;

- comparer avec le pois fourrager, dont la densité de semis ne peut dépasser 15-20 pieds/m2 à cause de sa sensibilité à la verse.


Choix des d’espèces des associations

Particularité de l’essai

L’introduction du grand épeautre dans les mélanges, car cultivé par un certain nombre d’éleveurs biologiques s’intéressant aux espèces moins acidogènes que le blé et le triticale.Cette espèce assez proche du blé, était cultivée à grande échelle jusqu’en fin du 19e siècle. Elle est récoltée avec l’enveloppe du grain, et titre un taux de cellulose élevé (épeautre vêtu : 12,7 %, blé : 2,2 %).Une vitrine de 7 céréales en culture pure a été semée en complément des mélanges : blé, triticale, épeautre, avoine, escourgeon, orge et seigle.
• Les 3 céréales triticale/épeau-tre/avoine ont été choisies pour les raisons suivantes :

- triticale : connu pour sa bonne aptitude à la conduite en culture biologique : force concurrentielle par rapport aux adventices, rendement supérieur au blé bio et forte productivité en paille ;

- épeautre : grain vêtu, considéré par certains nutritionnistes comme ayant un effet bénéfique sur l’alimentation (notamment des JB) ;

- avoine : intermédiaire en taux de cellulose, connue pour sa vitesse d’implantation et sa fonction tuteur (dans le cas d’association avec pois ou vesce).

• Les 3 protéagineux associés avec ce mélange de base : féverole, pois fourrager, et pois protéagineux.

• Mélange escourgeon+ pois protéagineux : cette association est citée comme intéressante en raison d’une bonne compatibilité morphologique des 2 espèces, notamment des hauteurs proches.

Pertes à la levée

Place dans la rotation : 5 ans de prairies temporaires, puis maïs, puis épeautre puis implantation de l’essai.Le semis a eu lieu le 5 novembre en bonnes conditions dans un sol limono-argileux qui s’est révélé assez battant. Implantation assez difficile : période de neige de fin novembre au 10 décembre avec chute des températures à - 8° C. Nouvelle période de froid et neige début janvier 2011. Conditions expliquant une part du taux de perte (tableau 1). Les taux de perte à la levée sont couramment élevés en culture bio, l’essai permet de le rappeler.Il s’agit pourtant ici de semences certifiées (non traitées).Dans les mélanges triticale, épeautre et protéagineux perdent environ 20 %, l’avoine, espèce la plus sensible au froid, perd en moyenne 30 % dans les mélanges, mais seulement 16 % en culture pure.Ce niveau de perte est régulièrement réparti dans les 4 répétitions pour les céréales pures. Il y a plus d’hétérogénéité dans le cas des mélanges. Au démarrage, l’orge et l’escourgeon ont donné a meilleure impression de vigueur par rapport aux autres espèces.

Résultats

- Sangliers : l’essai qui avait une très bonne annonce lors d’une visite le 20 juin, n’a pu être récolté, ravagé par des sangliers en juillet. Les animaux ont ciblé les mélanges, attirés par les pois et dans une moindre mesure, la féverole (gousses plus difficiles à atteindre).

- Notations des mélanges sur la végétation avant les dégâts des animaux : voir tableau 2.

- Quelques observations sur les 7 céréales mises en place à côté des mélangesLes meilleures impressions en terme de vigueur au démarrage sont attribuées à l’escourgeon et l’orge ainsi qu’au triticale.L’avoine a mis plus de temps à lever. La variété Gérald choisie pour sa résistance à la verse est très courte. L’épeautre est apparu nettement moins vigoureux au démarrage mais a assuré un développement très régulier par la suite.Le blé dans ces conditions assez difficiles d’implantation manquait de vigueur par rapport au triticale. Le seigle : bonne tenue de tige malgré sa hauteur (1,70 m le 31 mai, et plus haut après).Il semblerait judicieux de continuer à observer cette espèce, qui dans différents essais biologiques (Ile de France, Calvados) montre des rendements grains et paille proches des triticales. Cette espèce présente une bonne aptitude sur des terres superficielles et acides.La comparaison de l’orge à 2 rangs et de l’escourgeon, jusqu’aux dégâts des sangliers, est également intéressante. Si l’orge est la plus choisie dans les assolements, l’escourgeon avec un développement plus important (40 cm de plus le 31 mai) fait toujours un rendement supérieur dans les essais.


En conclusion

Malgré sa destruction avant la récolte, les éleveurs ayant visité l’essai souhaitent une reconduction afin d’avoir une mesure comparative de quelques associations pratiquées. Les modifications suivantes seront apportées pour la campagne suivante :

- abandon du mélange avec pois fourrager (nous le déconseillons en récolte grain depuis plusieurs années) ;

- renforcement des densités de semis, vu le taux de perte à la levée (confirmé dans d’autres régions) ;

- protéagineux purs : en complémentarité des essais mis en place sur la ferme vitrine bio de Tracy Bocage (14), seront testées 2 variétés de lupin et de féverole de printemps.La féverole en culture pure est peu présente en bio dans la Manche, sans doute en raison de sa sensibilité aux pressions de maladies assez forte. Il y a de plus un manque de repères sur la culture de lupin bio dans notre région alors que c’est le protéagineux ayant la graine la plus concentrée en protéines. Il sera intéressant de tester ces cultures en variétés de printemps, moins sensibles aux maladies, mais à récolte plus tardive.

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