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Des solutions pour valoriser les génisses hors renouvellement

La production de génisses de boucherie.

Dans les troupeaux allaitants, les génisses non conservées pour le renouvellement sont souvent commercialisées après le sevrage, en maigre sur un marché peu valorisateur.Les éleveurs qui disposent des bâtiments nécessaires ont la possibilité d’améliorer la valorisation de ces femelles en les conservant pour produire des génisses de boucherie avec un large panel d’âge et de poids de carcasse possible en fonction des disponibilités en bâtiments et en herbe.Face à cette diversité de productions, il existe différents circuits de valorisation, soit en consommation intérieure (artisans bouchers, GMS), soit à l’exportation.L’équipe du réseau viande bovine de Normandie (5 Chambres d’agriculture) a réalisé une plaquette sur ce thème (encadré), proposant différents itinéraires techniques pour produire des génisses entre 12 et 33 mois.Ces différents types de production ont aussi été évalués au niveau de leur intérêt économique dans des systèmes d’exploitation représentatifs et sont illustrés par des témoignages de producteurs et d’un professionnel de la filière.


Les principaux types de génisses et leurs débouchés

- La génisse traditionnelle, abattue à 30-36 mois correspond à une demande de la boucherie de détail ou aux rayons découpe de certaines GMS (grandes et moyennes surfaces).Un nouveau marché, essentiellement pour l’exportation vers le sud de l’Europe, a vu le jour ces dernières années pour des génisses très jeunes. Couramment appelées “babynettes”. Elles sont conduites comme des taurillons et abattues à 16-18 mois.
- La génisse de 24 à 30 mois, dite génisse primeur, séduit de plus en plus de de clients en GMS qui l’apprécient pour son poids modéré (350 à 400 kg carcasse) et l’image positive renvoyée par les clients sur le produit.Un marché plus restreint concerne des génisses abattues à l’âge de 1 an produisant une viande claire et maigre, adaptée à la demande des boucheries “Halal”.

Choisir le bon itinéraire technique

Afin de choisir un itinéraire technique , l’éleveur devra se fixer des objectifs de production (poids à l’abattage, âge à la vente, période de vente, …) en tenant compte de son système d’exploitation et des conditions et perspectives du marché de la viande.Il est indispensable, au préalable d’analyser :- le potentiel et les caractéristiques spécifiques liées au type racial disponible ;- la nature et les quantités de fourrages disponibles ;- la place et les conditions nécessaires pour le logement hivernal ;- les besoins en trésorerie ;- les impacts de la mise en place de la production sur les chargements ;- les besoins de main-d’œuvre ;- le type d’animal souhaité, voire en fonction des exigences des cahiers des charges mis en place par l’aval de la filière (poids, âges, conformations, types de rations…).

Deux exemples d’itinéraires techniques et intérêt économique

 Génisse de viande produite à partir de broutarde née en hiver et finie à 32 33 mois à l’herbe (graphique 1)Objectif : sevrée à 9 mois à 310 kg (mi-septembre).Abattue à 730 kg vif à 32 mois, 400 kg carcasse (mi-août).
Bilan alimentaire : - 2 200 kg MS de foin.- 450 kg de pulpe achetée (170 €/t).- 180 kg tourteau de colza (250 €/t).- 18 kg de CMV (0/25) (400 €/t).- Paille à disposition.
Besoin en surface :45 ares/UGB au printemps.et 85 ares/UGB en été.
Simulation économique La finition en génisse traditionnelle est simulée sur un système naisseur herbager en zone défavorisée (Cas type 2 : 100 vaches allaitantes, 125 ha de prairies, 1.8 UMO). La production des génisses de viande supplémentaires correspond aux broutardes non conservées pour le renouvellement et habituellement vendues au sevrage. Pour un chargement maintenu à 1,2 UGB/ha, le cheptel allaitant est réduit de 8 vaches et 8 broutardes sont destinées à la production de génisse de viande (tableau 1).L’EBE est stable pour les hypothèses retenues : broutarde à 650 € et génisse de viande de 400 kg de carcasse à 4,20 €/kg.  La marge brute par génisse est de 670 €. 
Cette évolution n’induit pas de modification de système. Au niveau technique et organisation, ces génisses peuvent rejoindre d’autres troupeaux et être produites sans investissement particulier.La simulation présentée ici inclut une perte de 8 primes vaches allaitantes à 128 € de moyenne. Même si cette production est envisageable dans l’objectif de réduire le nombre de vêlages, il est préférable qu’elle ne se substitue pas à celle de vaches primées. Dans la mesure du possible, le mieux est d’optimiser la conduite des surfaces en herbe par du pâturage tournant, une récolte précoce et un allongement de la durée de pâturage, afin de produire ces quelques génisses à la marge pour conserver la totalité des aides vaches allaitantes. L’amélioration de l’EBE serait alors de l’ordre de 3 200 €.
 Babynette de 345 kg carcasse née en automne et finie à 18 mois (graphique 2)Objectif : sevrée à 9 mois à 310 kg (début juillet).Abattue à 590 kg à 18 mois, 345 kg carcasse (début avril).
Bilan alimentaire :- 4 mois au pâturage.- Céréale : 340 kg (165 €/t).- Tourteau de colza : 305 kg (250 €/t).- Minéral : 10 kg (0/30) (400 €/t).- 825 kg de MS de maïs ensilage (besoin de 0,06 ha de maïs/ génisse).- Paille à disposition.Simulation économique La finition en babynette de 7 génisses vendues au sevrage dans un système polyculteur-naisseur, se traduit par la production de 0,45 ha de maïs supplémentaire au détriment de 0,45 ha de blé (Cas type 6 : 76 vaches allaitantes, 150 ha dont 78 de prairies, 2 UMO) (tableau 2).L’EBE progresse de 2 100 € pour les hypothèses retenues : broutarde à 650 € et génisses finies de 18 mois à 4 €/kg. La marge brute par génisse est de 400 €.Cet EBE est calculé sans prise en compte d’investissement en bâtiments et matériels. L’intérêt économique est de l’ordre de 300 € par babynette produite à la marge. Il est  directement lié à l’écart entre le prix de vente et le prix de la broutarde. Pour sécuriser la marge, il est recommandé de faire un maximum de croissance à l’herbe et de préférer des génisses avec de bonnes aptitudes viande. Le recours à des coproduits en zone de production permet de réduire les coûts alimentaires. Cette production est plus facile à mettre en place pour les vêlages de fin d’été et d’automne. Cela permet de réduire le temps à l’auge par le maintien en prairie après sevrage et d’alimenter les babynettes en hiver en même temps que les autres troupeaux de l’exploitation. La finition peut aussi être conduite avec de l’herbe enrubannée de bonne qualité, récoltée tout début épiaison pour la graminée fourragère et début bourgeonnement pour les légumineuses. Dans les systèmes sans production de maïs avec vêlage en fin d’hiver, la finition se faisant hors période hivernale, il est plus pratique de la conduire avec une ration sèche, mais cet itinéraire technique est plus coûteux.

En conclusion

La conservation des femelles qui ne sont pas destinées au renouvellement pour produire des génisses de boucherie, permet d’une part de réaliser un tri plus tardif des génisses à conserver pour le renouvellement (plus facile à 18 mois qu’à 8 mois) et d’autre part d’améliorer leur valorisation par rapport à une vente au sevrage.La production de génisses de boucherie peut aussi constituer une piste d’adaptation dans le cadre de la nouvelle PAC (2015-2020) dans les élevages qui auront des vaches faiblement primées (> 100 VA) ou pas primées du tout (> 139). Les génisses supplémentaires pourraient ainsi valoriser les prairies et les places de bâtiments libérées suite à une réduction du nombre de vêlages.Ces évolutions de systèmes doivent faire l’objet d’une réflexion et d’un chiffrage précis pour en mesurer les conséquences économiques.Le choix de l’itinéraire technique doit tenir compte des atouts et contraintes de l’exploitation, et des débouchés disponibles.

La production de génisses de boucherie en Normandie

Cette plaquette, réalisée par l’équipe du réseau d’élevage viande bovine des 5 Chambres d’agriculture, présente trois itinéraires techniques pour produire des génisses de boucherie entre 18 et 33 mois.Des simulations permettent d’évaluer l’intérêt économique de ces productions dans des systèmes représentatifs de la région dans le cadre de la nouvelle PAC 2015-2019.Les témoignages de deux producteurs et d’un boucher illustrent les atouts de ces productions.

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