Session chambre d'Agriculture
Des terres finalement pas si “virtuelles”
Alexandru Marchis, du centre de recherche Opéra à Bruxelles, a abordé la problématique de la production et du commerce agricole européen au cours de la session de chambre d’Agriculture.

Dans le contexte des échanges mondiaux, il est essentiel pour une entité comme l’Union européenne de parfaitement appréhender la production et le commerce agricole de son territoire. D’où l’intérêt, tout particulier, porté à l’évaluation scientifique et les recommandations politiques définies dans l’étude présentée par Alexandru Marchis, le coordinateur du centre de recherche Opéra, à l’origine de ce travail. Ce rapport de recherche (il s’appuie sur le contexte international évolutif de l’agriculture européenne et ses perspectives pour la sécurité alimentaire mondiale qui en découlent) évoque l’importation des terres “virtuelles” dans l’Union européenne et la capacité - ou pas - d’être plus efficace pour prévenir l’augmentation de la saisie des terres hors de l’Europe.
Concept et compréhension
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“Nous définissons les terres virtuelles comme la quantité de terre exigée pour produire une unité d’un produit agricole donné. En résumé, l’importation de marchandises agricoles ajoute des terres aux ressources domestique alors que l’exportation agit sur leur réduction...” A partir de cette définition, l’analyse du modèle commercial standard permet de mieux percevoir le rapport entre importation et exportation des marchandises agricoles pour notre territoire européen. Ainsi, on constate que l’UE est un importateur net impressionnant sur ce créneau.
Une sous-exploitation du potentiel agricole
“Dans ce rapport, il est démontré que l’augmentation de la production de produits agricoles de l’Union européenne réduirait de manière significative les importations de nourriture. Et l’analyse va plus loin en suggérant aussi que l’importation de terres virtuelles dans le monde pourrait être alors réduite significativement.” Autre enseignement qui “tord le cou aux idées reçues”, c’est que la réduction de la production alimentaire par l’expansion de la surface cultivée en production bio ou pour les bioénergies aurait l’effet opposé... “Ce que l’on peut retenir, c’est qu’avec une croissance de productivité agricole de juste 0,3 points par an pour les produits récoltés réduirait l’importation nette de l’Union européenne de terres virtuelles de 5,3 millions d’hectares...”
Prudent, Alexandru Marchis l’est quand il s’agit de commenter cette étude. “Elle n’est qu’un outil de réflexion suffisamment poussé pour engager la réflexion...() Quelques députés européens ont pris le temps de le découvrir et sont visiblement sensibles à l’approche. Il ne s’agit pas d’opposer cette étude aux choix qui se font ici et là dans les pays de la CE mais de prendre conscience qu’en Europe, nous sous-exploitons notre potentiel agricole.” Et comme pour illustrer son propos, Alexandru Marchis rappelle “que les exportations virtuelles de terre ont diminué de 14 millions d’hectares (- 17 %) au cours de la période retenue pour l’étude alors que les importations virtuelles de terre ont atteint quasiment les 49 millions d’ha (+ 15 %). Sur l’exercice 2007/2008, l’importation nette virtuelle de terre s’est ainsi élevée à près de 35 millions d’ha. Ce chiffre d’importations virtuelles de terre représente, à l’échelle européenne, l’équivalent du territoire de l’Allemagne.”
Retrouvez le texte intégral de cet article
des informations complémentaires sur le centre de recherche Opéra
dans l'édition papier de l'Eure Agricole
en date du 16 décembre 2010
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