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Des visites d’unités pour préciser son projet méthanisation

Développer la méthanisation sur son exploitation nécessite de se poser les bonnes questions. Se former, être conseillé, rencontrer d’autres agriculteurs qui ont mis en place leur projet est essentiel pour faire des choix éclairés.

Demandant de lourds investissements, les projets de méthanisation doivent être bien pensés et cadrés. Pour bénéficier des intérêts de la méthanisation et assurer le retour économique souhaité, il est essentiel de prendre en compte tous les paramètres à optimiser. Les voyages d’études permettent d’échanger avec des exploitants qui ont mis en place leur unité pour bien identifier les points clés du projet.


2 jours pour découvrir 3 projets en injection

L’injection de biogaz, autorisée depuis 2011, consiste à épurer (retirer le CO2 et le H2S pour obtenir a minima 97 % de méthane) et comprimer le biogaz pour alimenter un réseau de gaz naturel, dont le débit est suffisant pour absorber la production. Avec ce procédé, il n’y a pas de chaleur à gérer localement, contrairement à la cogénération qui génère de la chaleur simultanément à la production d’électricité. Le biométhane obtenu peut aussi être utilisé en tant que carburant pour les véhicules : on l’appelle alors BioGNV. Lors d’un voyage d’études organisé par la Chambre d’agriculture du Calvados en juin dernier, une vingtaine de participants ont pu visiter 3 unités en injection : l’unité Méthavalor, près de Forbach (58) et deux unités agricoles, pionnières de l’injection. Multivalorisation du biogaz, alimentation 100 % végétale ou modulation de la production durant l’année… autant de stratégies intéressantes pour les agriculteurs normands, qui ont ainsi pu questionner leur propre projet.

Combiner cogénération, injection et biogaz carburant : le choix de la valorisation multiple

Méthavalor, porté par le syndicat mixte de transport et de traitement des déchets ménagers de Moselle Est (SYDEME) méthanise des déchets ménagers et verts. Initiée en 2006 à Morsbach, cette unité traite actuellement de l’ordre de 40 000 tonnes de déchets par an assurant la production de 5 500 000 m³ de biogaz. Celui-ci est valorisé à 85 % en cogénération et à 15 % en épuration pour l’injection et la distribution en gaz naturel véhicule. La flotte de matériel de Méthavalor fonctionne au BioGNV (12 tracteurs 44 tonnes, 10 porteurs 40 tonnes, 4 bennes de collectes et 9 utilitaires). De plus, la collectivité locale a déjà renouvelé 30 % de son parc de bus pour passer d’une flotte diesel à une flotte BioGNV. L’objectif est d’être à 100 % BioGNV d’ici quelques années. Le marché du particulier est même visé puisqu’une pompe est disponible pour les particuliers équipés de voiture au Gaz Naturel Véhicule (différent du GPL).

Un méthaniseur 100 % végétal pour relever le taux de matière organique

Le groupe a rencontré François-Xavier Létang, dont l’unité en phase de démarrage est alimentée uniquement par des substrats d’origine végétale. L’unité produira en croisière un volume de 125 Nm³/h de biométhane (équivalent à une cogénération de 500 kWe). L’assolement a été modifié pour mettre en place un système de production à base de cultures intermédiaires : elles captent les éléments fertilisants résiduels et valorisent la photosynthèse de juillet à octobre pour, in fine, produire une énergie renouvelable -le biogaz- et un engrais. Le digestat ainsi produit permettra de relever le taux de matière organique de ses sols et de gagner en autonomie sur ses dépenses en fertilisants.

Moduler la production en période estivale pour pouvoir injecter

Le second agriculteur, Mauritz Quaak installé en système polyculture élevage, a témoigné des ajustements apportés à son projet pour répondre “aux besoins en azote de l’exploitation” et “réduire le coût de production du quintal de blé”. Le gisement est composé d’un tiers d’effluents d’élevage, d’un tiers de CIVE et d’un tiers de poussières de céréales et résidus de cultures. L’unité permet d’atteindre une production de 125 Nm³/h mais le réseau de distribution de gaz (GrDF) disponible localement ne permettra l’injection à ce niveau que 8 mois sur 12. La production de biogaz devra donc être régulée en période estivale afin d’assurer un débouché du biométhane produit.

La petite méthanisation, des témoignages en Normandie

Petite méthanisation : objectif autonomie

Actuellement, la puissance moyenne installée des unités de méthanisation agricole en France est égale à 170 kWe. Cette moyenne a tendance à augmenter et pourrait avoisiner 200-250 kWe par souci d’économies d’échelle. Cependant, pour être rentables et durables, les projets sont confrontés à deux problèmes délicats : la valorisation de l’énergie produite - la chaleur produite sur ces unités de moyenne dimension est très supérieure aux débouchés locaux - et l’autonomie des matières entrantes. Face à ces contraintes, la petite méthanisation doit permettre aux agriculteurs de dimensionner une unité de méthanisation à la taille de leur exploitation. A côté des modèles actuels de méthanisation de moyenne dimension (puissance de plus de 150 kWe), de nouveaux constructeurs proposent des solutions de petite méthanisation à la ferme. Deux unités pilotes sont actuellement en test en Normandie (Digesteur vertical en voie liquide, Digesteurs containers transportables - voir telex), et d’autres en développement. Un suivi mis en place par l’ADEME sur diverses technologies (digesteurs souples, digesteurs garages…), devrait permettre de préciser la performance et la rentabilité de ces systèmes. Les Chambres d’agriculture de Normandie se mobilisent pour apporter aux porteurs de projets les éléments pour optimiser leurs installations. Elles proposent ainsi un voyage d’étude en février 2015 pour étudier des systèmes de micro-méthanisation (10 à 30 kWe) en voie liquide rapide à mettre en œuvre.

2 systèmes innovants en Normandie

Digesteur vertical en voie liquide, système de digesteurs transportables en voie sèche…, diverses solutions techniques émergent et permettent dorénavant d’envisager la méthanisation à petite échelle. Invités en journée technique par les Chambres d’agriculture de Normandie, 17 agriculteurs ont pu en appréhender le fonctionnement sur deux exploitations du Vexin eurois et du nord-ouest de Rouen. Retrouvez toutes les informations sur ce voyage normand sur le site de votre Chambre d’agriculture.

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