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CULTURE
Désherbage mécanique sur céréales : utiliser plusieurs leviers

Suggérés par les agriculteurs biologiques mais pas seulement, les outils de sarclage, d’écroûtage et de binage sont maintenant souvent disponibles dans le parc d’équipement des CUMA ou en copropriété.

C’est l’occasion de tester les stratégies de désherbage qui intègrent ces outils mécaniques sur les céréales. Ce travail du sol peut avoir des effets agronomiques complémentaires.


Réduire le salissement des parcelles par la prévention

C’est par une stratégie globale dans le système de culture, que peut être réduite la pression des adventices. En mode de production bio cette démarche est incontournable et conduit à avoir une culture plus propre afin de supprimer les herbicides et de rendre efficaces les outils de désherbage mécanique.Les techniques préventives à mettre en œuvre relèvent essentiellement de l’agronomie :

- l’allongement des rotations ;

- le travail du sol en interculture (déchaumage post-récolte, faux semis, labour) ;

- les pratiques culturales à la mise en place (date de semis, technique d’implantation, densité de semis).Le désherbage avec des outils mécaniques devient le complément des principes cités ci-dessus, surtout si l’on souhaite supprimer l’utilisation des herbicides, comme en agriculture biologique.


La rotation

Sur une parcelle donnée, si vous multipliez le nombre de cultures avec des dates d’implantation variées (fin d’été, plein automne, printemps précoce, printemps tardif), cela crée une alternance de périodes et de techniques de semis. On limite la reconstitution d’un stock semencier spécialisé.En système de grande culture, l’allongement de la rotation peut la rendre assez complexe. Exemple celle expérimentée par ARVALIS à Rots (14) : colza/blé/ triticale/féverole/blé/ orge de printemps/pois/blé.Mais dans nos exploitations d’élevage, des prairies placées en tête de rotation pour 2 à 4 ans peuvent améliorer l’effet agronomique tout en simplifiant la rotation (graphique 1).


La gestion de l’interculture

Le déchaumage après récolte stimule la levée des graines de graminées et dicotylédones annuelles. Mais les meilleurs résultats sont obtenus avec des outils qui travaillent superficiellement.Le faux semis, qui permet de détruire les graines de surface juste au moment du semis, doit être effectué pendant la période préférentielle de levée des adventices, soit majoritairement à la date habituelle de semis et non pas en anticipation.

Autres leviers liés à la mise en place de la culture

- Dates de semis : le décalage de la date de semis après celle où l’on déclenche des levées spécialisées, a une incidence sur le niveau de salissement de la parcelle. Lors de l’implantation d’un blé d’automne, cela concerne surtout les graminées (vulpin, pâturins..) ainsi que certaines dicotylédones (capselle bourse à pasteur, fumeterre, coquelicot) qui seront en condition moins favorable pour leur germination, si l’on retarde le semis.

- Labour ou travail simplifié : l’absence de labour sur céréales d’hiver, ou positionné 1 année sur 3, a montré dans des rotations maïs blé des baisses significatives de levées de vulpin des champs (lié à la connaissance du TAD, voir ci-dessus).

- Densité de semis : en agriculture biologique les densités de semis plus importantes contribuent à freiner le développement des adventices à l’implantation.

- La fertilisation a également une influence sur le développement des adventices : certaines espèces nitrophiles (vulpin, ray grass, véroniques..) sont nettement favorisées par les reliquats d’azote. La faible fertilisation azotée en culture biologique contribue à modérer la pression adventice.

- Des espèce et variétés plus concurrentielles : sur blé, on constate un effet variété vis-à-vis de la concurrence contre les adventices. Un programme de recherche (FSOV : Fonds spécial pour l’obtention variété -partenariat ITAB, INRA, CREAB..) a démarré en 2007 sur le pouvoir concurrentiel des variétés de blé.Le résultat des premières années montre des écarts significatifs entre variétés sur les pertes de rendement liés aux adventices, ainsi que sur l’aptitude des variétés à supprimer les adventices.


Le désherbage mécanique sur céréales d’hiver

Le hersage ou l’écroûtage (passage de la houe rotative) réalisés dans de bonnes conditions peuvent avoir une action favorable sur la plante, et sur le sol : aération, limitation du ruissellement (avec la houe rotative) et restructuration. Ces itinéraires sont d’ailleurs préconisés pour répondre aux problèmes d’érosion sur les secteurs sensibles. Sur le plan strictement économique, le coût de 2 passages d’outils (houe puis herse, tarif CUMA) est équivalent à un passage d’herbicide racinaire et de son pulvérisateur. Le challenge est au moins de réussir à supprimer ce passage. L’utilisation des bineuses est possible et intéressante sur céréales, mais cela nécessite un semis à écartement supérieur à 20 cm. Il faut mieux commencer par l’utilisation de la herse étrille ou de la houe rotative.Les 2 outils ont la même fonction, celle de détruire des mauvaises herbes jeunes (stade fil blanc jusqu’à 1-2 feuilles pour une bonne efficacité) en travaillant en plein, c'est-à-dire pas uniquement en inter rang comme la bineuse, mais également sur le rang. Les stades d’utilisation possibles sur la céréale, avec ces 2 outils sont assez proches.


- La herse étrille (photo 1)

Elle est constituée de panneaux articulés, indépendants sur lesquels sont fixés des dents longues et souples. Ces dents, espacées de 25 à 30 mm, travaillent vraiment en plein. Sur céréales, préférer des dents à petit diamètre (6-7 mm) pour limiter l’agressivité.Les plantules sont déracinées par vibration lors du travail, et l’agressivité se règle par l’inclinaison des dents, le réglage des roues de terrage et la vitesse de passage.Elle travaille en grande largeur, avec des débits moyens de 6-7 ha/ heure (en 9 m de large). Elle est efficace sur sol meuble et ressuyée avec une vraie fonction de sarclage (les dents travaillent à environ 2 cm).Attention en sortie d’hiver sur sol limoneux et assez croûté l’efficacité peut être nulle.

- La houe rotative : (photo2)

La houe est avant tout une écroûteuse car elle fait éclater une fine couche de terre.C’est cet outil qui se révèle nécessaire en sol battant, car elle est plus agressive. Elle est aussi plus efficace en en cas de résidus de culture abondants. De plus elle se comporte assez bien en sol frais (mais pas humide).Elle est composée de roues étoilées disposées en décalé sur 2 rangs. Ces roues sont reliées au châssis par un bras amorti par des ressorts qui maintiennent la pression sur le sol. Les roues possèdent des dents en forme de cuillère, qui déchaussent les plantules.Contrairement à la herse étrille la vitesse de travail ne doit pas être limitée à certains stades. Il faut des vitesse de travail élevées : minimum 12 -15 km/h. En largeur de 6 m, le débit de chantier est de 5 à 10 ha/heure.


- Stades d’intervention et efficacité sur les adventices

Le stade de début d’intervention en sortie d’hiver se situe  aux alentours de 2 feuilles pour les 2 outils, Il faut toutefois éviter de trop dépasser le début tallage, surtout avec la houe.Un travail efficace ne doit pas générer des pertes supérieures à 10 % de pieds de céréales (graphique 2).


Exemple de stratégie envisageable sur céréales d’hiver

- Après implantation, en prélevée

Si une fenêtre se présentait, une intervention en prélevée de la céréale avec l’un des deux outils peut être intéressante. La herse est la plus efficace pour détruire les mauvaises herbes qui sont sous la forme de fins filaments.Dans le contexte de dates de semis du département, les interventions sur végétation plus tard, à l’automne, sont rarement possibles vu les conditions climatiques défavorables (stade 2 feuilles pas avant début décembre). C’est à partir de février quand le sol se ressuie que les interventions deviennent possibles.


- RDV au stade 2-3 feuilles

On vérifie le stade des céréales, visant 2 interventions. Il faut intervenir à un stade jeune sur les plantes à détruire (voir schémas ci-dessus sur l’efficacité). En désherbage alternatif, (contrairement au mode bio), la décision d’impasse phyto se prend si les conditions sont bonnes (céréales entre 2 f et début tallage en densité convenable, et maxi 1 à 2 f des adventices).Travailler l’après-midi quand la température est la plus élevée, sans perspective de pluie sur 2 jours.


- RDV au stade 4 feuilles-début tallage

Il peut s’agir de la 1re fenêtre possible en semis précoce. Le stade de la céréale autorise un réglage plus agressif.Si passage impossible (sol mal ressuyé, adventice à plus de 2-3 feuilles), choisir le rattrapage herbicide.Réaliser si possible un deuxième passage avant le plein tallage.Pour le 1er passage, si le sol est ferme et croûté, c’est la houe rotative qu’il faut choisir.

A SAVOIR

Il est important de connaître la biologie des adventices : leurs périodes de levée préférentielles, les profondeurs de germination, mais aussi le TAD (taux annuel de décroissance du stock grainier). Pour ce dernier, il s’agit du % de graines qui ne germeront pas au bout d’une année. Ces informations  permettent par exemple de diminuer la présence de certaines adventices en faisant varier la date de semis (stratégie d’évitement ) ou en supprimant le labour lors du semis (cas des espèces ayant des TAD supérieur à 75 % : vulpin, folle avoine, brome, ray grass..).

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