Aller au contenu principal

Dialogue à bord d'une moissonneuse-batteuse

Julien Aubrée est cultivateur à Saint-Martin-de-Fontenay. Il a aussi une activé de pension de chevaux de sport. Le jeune agriculteur s'est inscrit sur le site internet moissonneuse.fr. L'idée du site, c'est que n'importe quel agriculteur puisse s'identifier, se localiser, indiquer des dates de moisson pour proposer aux citoyens un tour de batteuse. Un moyen simple et direct pour permettre aux agriculteurs de parler de leur métier. Julien Legouix a trouvé l'adresse internet en lisant la presse agricole en ligne. Le Caennais s'est inscrit. Lundi 23 juillet, rendez-vous était pris. Les deux hommes se sont retrouvés en plaine, dans une parcelle d'avoine. Le passager avait préparé ses questions. Le pilote y a répondu point par point. Pas de sujet tabou à bord de la moissonneuse.

Julien Aubrée a conduit Julien Legouix qui n'était jamais monté dans une moissonneuse batteuse. Le premier a trouvé le site internet sur les réseaux sociaux, le second dans la presse agricole. Lundi, ils ont moissonné 1,5 ha d'avoine.
Julien Aubrée a conduit Julien Legouix qui n'était jamais monté dans une moissonneuse batteuse. Le premier a trouvé le site internet sur les réseaux sociaux, le second dans la presse agricole. Lundi, ils ont moissonné 1,5 ha d'avoine.
© J.P.

- Julien Aubrée : « je commence par faire les réglages propres à la culture : l’écartement du batteur, sa vitesse et le ventilateur. Le batteur tourne à 900 tours/min par exemple. J’ai acheté la moissonneuse cette année ».

- Julien Legouix : « en combien de temps est-ce que tu le rentabilises ? »

J.A. : Je l’ai achetée 100 000 €. Je rentabilise en sept ans, mais il faut qu’elle en fasse dix. Sur ma dernière machine, j’avais des factures d’entretien de 11 000 € par an.

J.L. : - Comment stockes-tu les céréales ?

J.A. : Il existe plusieurs méthodes. Soit on vend la récolte à une coopérative ou un négoce à un prix fixe. Soit on stocke chez nous et on vend selon les cours des céréales. Soit on place sa récolte en dépôt-vente et on vend selon les fluctuations de marché. Je stocke un quart de ma récolte et je livre le reste aux négoces privés Lepicard et Piednoir, et à la Coopérative de Creully.

J.L. : Pourquoi trois débouchés ?

J.A. : Pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

J.L. : Peux-tu toujours circuler avec les engins agricoles dans les communes rurales ? Est-ce qu’il existe des règles ?

J.A. : C’est parfois difficile. Avec cette machine, par exemple, il y a des endroits où c’est juste parce que la route est rétrécie. Les Jeunes agriculteurs se sont mobilisés sur le sujet, la Chambre d’agriculture aussi. Un groupe circulation y travaille. Quand les communes envisagent des travaux de voirie, un représentant syndical, JA ou FDSEA, se déplace.

J.L. : Et tu n’as pas de problèmes avec les voisins quand tu moissonnes ?

J.A. : Non. Mais si je moissonne à côté d’un lotissement et que je sais que je vais finir tard, je commence par la partie de la parcelle la plus proche des maisons, pour être plus loin le soir.

J.L. : Comment tu gères tes rotations ?

J.A. : J’ai des terres à Saint-Martin-de-Fontenay, Saint-André-sur-Orne et Feugueurolles-Bully. J’intègre des légumineuses pour lutter contre la résistance aux herbicides. Par exemple : blé, betterave, blé, pois, blé, orge, colza, blé. Le principal problème en plaine, c’est le désherbage. Les deux leviers pour agir contre le salissement sont la rotation et des semis un peu plus tardifs. Sur mes autres parcelles, situées du côté de Mézidon-Canon, à 35 km, je ne fais que des grandes cultures blé, orge, colza. J’aimerais avoir moins grand, mais des parcelles plus proches. Les pannes arrivent toujours loin !

J.L. : Pourquoi as-tu envie de communiquer ?

J.A. : Je suis administrateur chez les Jeunes agriculteurs. On est branché communication vers le grand public pour combattre les fausses idées comme celle véhiculée autour du glyphosate. On vise une communication positive. On utilise beaucoup moins de produits qu’il y a vingt ans.

J.L. : J’ai pourtant lu que la vente de produits phytosanitaires avait augmenté ces dernières années …

J.A. : Oui, mais cela comprend l’utilisation de ces produits dans les vignes qui en sont très consommatrices. Les choses ont changé : avant, le technicien de la coopérative remplissait le bon de commande. Désormais, on travaille en bas volumes, on traite tôt le matin et tard le soir.

J.L. : Cela représente quelle somme ?

J.A. : J’achète 35 à 40 000 € de produits par an, pour un chiffre d’affaires de 400 à 500 000 €.

J.L. : Sans les chevaux, tu vivrais ?

J.A. : Ce serait compliqué. Les chevaux assurent un revenu mensuel, mais c’est du boulot.

J.L. : Ça représente combien d’heures par semaine ?

J.A. : Les chevaux, c’est quatre heures par jour. De septembre à mi-octobre, la période est plus calme. En novembre, on retombe dans les semis et la récolte des betteraves. En janvier, c’est off ! Je m’accorde une semaine de vacances. J’ai confiance en mes deux salariés, je leur laisse les clefs de la maison.

J.L. : Et une semaine de récolte, c’est combien d’heures ?

J.A. : Hier j’ai commencé à 15 h 30 à battre et j’ai fini à minuit et demi. Ce matin, je suis reparti à 8 h. Il y a trois semaines vraiment chargées l’été.

J.L. : Tu changerais d’activité si tu pouvais ?

J.A. : Non ! Les chevaux, c’est parfois compliqué parce que c’est tous les jours. Mais je suis passionné.

 

site internet : moissonneuse.fr

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité