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EDT Normandie : l’entrepreneur 2.0 arrive aux champs

« Le digital n’est pas un enjeu mais un moyen », a assuré Hervé Pillaud aux Entrepreneurs de Travaux Agricoles réunis en assemblée générale le 27 janvier dernier. Eleveur, écrivain, vice-président de la FDSEA de Vendée et élu de la chambre ; son discours rassure. 

Avec au menu la présentation en avant-première de l’étude « Stratégie EDT 2020 » et Hervé Pillaud pour conférencier, les adhérents d’EDT Normandie (Entrepreneur des Territoires) que préside l’Ornais Patrice Gauquelin ont fait, à l’occasion de leur assemblée générale, un grand bond en avant. Un bond en avant encore virtuel mais qu’il faudra nécessairement franchir pour perdurer. Et ceux qui pensaient que le Vendéen était un contre-révolutionnaire devront revoir leur copie. Il en est un, Hervé Pillaud (dont le second ouvrage sort cette semaine), qui apporte la preuve du contraire. Il prône la révolution numérique.

Des fournisseurs d’usage
Pour le vice-président de la FDSEA 85, le monde agricole se dirige vers un nouveau paradigme. « Nous vivons une bifurcation anthropologique, a-t-il martelé. Le grand enjeu de demain c’est l’énergie mais dans ce contexte, l’agriculture ne sera pas un problème, elle sera une solution. Elle sera au cœur de l’économie. Il faut aussi faire de l’agriculture une solution aux enjeux climatiques ». De quoi mettre du baume au cœur des ETA (Entrepreneur de Travaux Agricoles) et de leurs clients, les agriculteurs. Encore faut-il se mettre en bon ordre de marche pour répondre à un besoin de production pour une consommation globalisée. Et Hervé Pillaud d’inviter le passage de la fourche à 2, 3 ou 4 doigts à celle du numérique avec pour préalable de bien considérer que « le digital n’est pas un enjeu, c’est un moyen ». L’ETA de demain sera donc connectée ou ne sera plus. « L’agriculture est un puzzle de microentreprises qui travaillent en réseau. L’interaction des données est génératrice de valeur et, parallèlement, la propriété aura de moins en moins de valeur. Il y a donc moins de risques à libérer nos données qu’a les séquestrer ». Propos novateurs et plaisants à entendre mais après on fait quoi ? « Vous êtes des fournisseurs d’usage. Il faut passer de l’utilisation intensive d’intrants à l’utilisation intensive des connaissances. Il faut donner moins d’angles d’attaques aux faiseurs de peurs ». Concrètement ? « Vous êtes en capacité de piloter des robots et de le mettre à disposition des agriculteurs. Vous devez intégrer Agri’up » à titre d’exemple (lire ci-dessous).
On l’aura compris, la révolution numérique suppose une révolution intellectuelle mais attention de ne pas trop s’écarter du bon sens paysan. « Penser à agir avant de penser à organiser. Le leadership est secondaire, seule l’action l’imposera. On crève des procédures (...) », a distillé entre autres petites phrases Hervé Pillaud tout au fil de son intervention.

Ne pas jouer les banquiers
Auparavant, Patrick Lemartinel (responsable du développement du marché de l’agriculture au Crédit Agricole Normandie) a réalisé un état des lieux de la Ferme Normandie (versus Basse et plutôt élevage) et ébauché quelques pistes prospectives. « Il y a 3 types d’agriculture aujourd’hui. Une première qui va bien quelle que soit la production. Une seconde qui va très mal mais qui allait déjà très mal avant la crise. Une troisième enfin qui connait des difficultés mais qui peut se refaire une santé financière si les cours repartent ». 
Et si la banque verte admet que l’encours défaut a augmenté de plus de 18 % et que, depuis 20 mois, elle a consolidé et restructuré pour 155 M€ d’encours de crédit dans l’agriculture, l’épargne quant à elle est en augmentation de 5,5 %.
Autre curseur analysé, celui d’Agilor qui finance le matériel. « Moins 13 % par rapport à l’an dernier mais concentrés sur les 8 premiers mois de l’année. En novembre et décembre, nous avons assisté à un afflux de dossiers », fait remarquer Patrick Lemartinel. En d’autres termes, une histoire de verre à moitié vide ou à moitié plein avec quelques situations gravissimes et surtout, une inconnue, la dette fournisseur.
Une dette fournisseur qui se cache notamment chez les entrepreneurs de travaux agricoles ? « Pour ce qui nous concerne, les DAV (Dépôt A Vue) 2016 sont équivalents au DAV 2015 mais il y a, comme chez les agriculteurs, des situations très délicates ». Et si un échelonnement des dettes est toujours possible, « attention à votre trésorerie, martèlent les responsables d’EDT Normandie. Nous ne sommes pas des banquiers. Ce n’est pas notre job ».

Se concentrer sur son élevage
Mais de quoi sera fait demain ? L’agrandissement des troupeaux, sans constituer la solution miracle, va se poursuivre. Attention cependant aux effets de seuils. « En dessous de 150 vaches, on gère des animaux. Au-dessus, on gère des hommes », pronostique Patrick Lemartinel. Dans ce cas, l’éleveur devra peut-être passer plus de temps au bureau ou devant une feuille blanche que dans les champs. « Où mettre ma force de travail, dans le manuel ou dans l’intellectuel ?, interroge Patrick Lemartinel avant d’apporter sa réponse aux ETA. Vous êtes une ressource de main-d’œuvre à l’agriculture de demain. Avec vous, l’éleveur pourra se concentrer sur son atelier. A quoi bon avoir un gros tracteur sous le hangar s’il dort 10 mois de l’année ? ». 
EDT Normandie se positionne donc comme le partenaire incontournable de l’agriculture de demain en revendiquant de nouveaux savoir-faire à acquérir.

Le Village by CA Normandie
Le CA Normandie a lancé le Village by CA Normandie et le dispositif Agri’Up, dédié à l’agriculture connectée, le 3 juin sur le site Effiscience à Colombelles (agglomération caennaise). Ce programme unique en Europe réunit trois autres partenaires : le groupe coopératif Agrial, la Chambre régionale d’agriculture de Normandie et le Pôle des Transactions Electroniques Sécurisées (TES). Lieu d’hébergement et d’accompagnement des startups de 500 m2 destiné à la création et à l’innovation, cette plateforme inédite a pour vocation de favoriser la propulsion de jeunes pousses pour leur permettre de passer du concept à la commercialisation à grande échelle. Quatre mois après son lancement, le Village by CA Normandie accueille SoyHuCe, start-up normande positionnée sur le marché du Big data et ses 18 collaborateurs. Fin 2016, trois autres start-up ont rejoint la pépinière : Energiency, Naïo Technologies et Wefarmup.

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