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Elections municipales :« j’ai adoré être maire »

Si Anne-Marie Cousin, présidente de l’association des maires de la Manche, a décidé de raccrocher l’écharpe en mars prochain à l’échelle de sa commune, Torigny-les-Villes, elle ne se dit pas inquiète sur le renouvellement même si au moins 30 % des maires ne repartent pas. « La nature a horreur du vide », lâche-t-elle.

© SB

>> Quel est votre parcours ?
Je suis élue depuis 1983 à Torigny-sur-Vire, et maire depuis 25 ans et demi, à la suite du décès de mon prédécesseur, Pierre Dupont. Je suis arrivée dans la Manche parce que j’ai épousé un Normand ! Je suis donc une Normande d’adoption. Et d’ailleurs, je suis élue à la Région, Basse-Normandie depuis 1998, et Normandie depuis 2015 sous Hervé Morin.  Depuis près de deux ans, j’ai succédé à Claude Halbecq à la présidence de l’Association des maires de la Manche. Et j’ai également co-fondé en 1996 l’association des femmes élues de la Manche. 

>> Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager en politique ?
Je n’appelle pas cela de la politique mais plutôt de la gestion locale. Quand on conduit une liste municipale, on ne demande ni l’étiquette ni les opinions politiques. C’est la pratique courante pour les communes de moins de 9 000 habitants, et par conséquent majoritairement dans la Manche. C’est l’intérêt général qui prévaut. 
J’ai toujours été attirée par la vie publique à tel point que j’hésitais entre des études de lettres ou de droit. J’ai choisi les études de lettres pour être enseignante, métier que j’ai pratiqué jusqu’à mon élection au poste de maire. J’avais très envie de rentrer dans un conseil municipal. Je ne pensais pas devenir maire. Être conseillère municipale aurait fait mon bonheur.

>> Quelles satisfactions pouvez-vous exprimer après 37 ans de mandat ?
Pour être maire, il faut aimer les gens, avoir de l’empathie avec la population. Cela permet de mieux comprendre ses attentes. Alors, on a la satisfaction de mettre en place des dispositifs, des services publics, créer des équipements… en rapport avec les besoins de la population. C’est le mandat par excellence de proximité. On dit souvent le maire est à portée d’engueulades mais il est aussi en mesure d’apprécier la satisfaction des habitants. C’est ma satisfaction.

>> Torigny-les-Villes est une nouvelle commune depuis 2016. Est-ce le devenir des petites communes ?
La Manche est le département de France qui a vu le plus grand nombre de regroupements de communes et de créations de communes nouvelles en raison de la réforme territoriale. Et à l’inverse du regroupement des grandes EPCI, celui des communes est positif parce qu’il s’est fait sur la base du volontariat. Ce qui explique le succès.

>> Présidente de l’association des maires de la Manche, quel est le lien avec l’association des maires ruraux ?
L’association des maires ruraux, présidée par Hubert Lefèvre, a toujours été pro-active en matière de regroupement des communes. Certaines communes font face à des difficultés spécifiquement rurales que les grandes villes ne connaissent pas. C’est pour cela que ces deux associations existent et travaillent aussi en symbiose.  On a cette chance, et on essaie d’être complémentaire dans nos réponses.

>> Torigny-sur-Vire n’avait pas d’agriculteurs mais Torigny-les-Villes en a désormais !
Torigny-sur-Vire était une des plus petites communes avec 300 ha dont plusieurs étangs. Il ne reste donc pas grand-chose pour l’agriculture. Torigny-les-Villes est arrivé à plus de 4 300 habitants et 3 000 ha. Torigny-sur-Vire a aidé avec son budget au développement des autres communes (Guilberville, Giéville et Brectouville). Et ces dernières ont amené leur foncier. Chaque commune apporte aux autres. Alors, on n’avait pas d’agriculteur auparavant. Au sein de la commune nouvelle, ce n’est plus le cas.

>> Quel regard portez-vous sur les problématiques que le monde agricole peut rencontrer ?
L’impact le plus visible pour les élus locaux, c’est de diminuer l’artificialisation des sols dans les documents d’urbanisme. On est très attentif à ne pas consommer d’espace agricole afin de maintenir l’activité des exploitants sur nos territoires de la Manche. C’est une attention de plus en plus prégnante dans nos conseils communautaires.

>> Sans agriculteur sur son territoire, Torigny est tout de même devenue la capitale de la viande grâce à son festival !
Le comice agricole a toujours eu lieu à Torigny, chef-lieu de canton. Le marché couvert est pratique pour l’organisation des événement agricoles, dont le marché hebdomadaire aux animaux. On a toujours gardé cette ouverture vis-à-vis des agriculteurs parce que l’agriculture représente un fort enjeu économique pour le canton et pour le Département. Le festival de la viande est aujourd’hui une magnifique vitrine. Il y a un lien fort entre les agriculteurs, les commerçants et la population. C’est un facteur d’attractivité.

>> Un certain nombre de maires a décidé de ne pas se représenter. Craignez-vous un vide ?
On est autour de 30 % d’élus qui ne repartent pas, peut-être davantage. Il y a plusieurs raisons à cela, à commencer par les bouleversements territoriaux (communauté de communes ou d’agglomération) qui ont impacté la vie des maires. Il y a des dotations en baisse. Des habitudes des citoyens différentes, un niveau d’exigence supérieur. Ils sont dans l’immédiateté. Les démarches administratives sont longues, lourdes, et compliquées parce que la France a tendance à surtransposer les règles européennes.
Pour autant, il faut que les gens s’engagent, jeunes et moins jeunes. Cela peut être lourd en termes de temps mais il y aussi des satisfactions immenses à être élu local pour sa commune. J’ai adoré être maire. Je me suis épanouie. Et je ne suis pas inquiète pour le renouvellement parce que la nature a horreur du vide. Cela se fera naturellement.  n

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