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Coopération
Elle et Vire : les producteurs ne paieront pas les pots cassés

Les camions de collecte de la coopérative Elle & Vire ont repris la route après plusieurs jours de conflit. Certains producteurs ont été contraints de vider leurs tanks. Ils devraient percevoir une avance de trésorerie.

La question du conflit a été abordée sans langue de bois à l'occasion de l'assemblée générale de la coopérative
La question du conflit a été abordée sans langue de bois à l'occasion de l'assemblée générale de la coopérative
© EC
Les conflits sociaux sont toujours trop longs surtout quand le sort de matières périssables est en jeu. Celui qui a secoué la coopérative Elle & Vire et la CLE (Groupe Bongrain) a trouvé son épilogue au prix de quelques dommages collatéraux. Mais la situation aurait pu être plus grave sans l’intervention de quelques administrateurs dont Patrice Lepainteur (secrétaire/trésorier de Montchamp-14) et Pascal Lebrun (Landelles et Coupigny-14). Retour en questions. Quel rôle exact avez-vous joué dans les négociations ? Patrice Lepainteur. Un rôle de facilitateur. A quelques uns, on s’y est intéressé parce que nous avions le sentiment d’être dans une situation de statuquo. Il nous fallait donc inviter ardemment les uns et les autres à reprendre au plus vite les négociations. Cela a permis, dans la journée qui a suivi, à aboutir à un accord. Les uns et les autres, à savoir ? D’une part les salariés en grève et, d’autre part, les directions. Naturellement celle de la coopérative Elle & Vire mais aussi celle d’Elvir, filiale de la CLE (Compagnie Laitière Européenne), dont les salariés avaient eux aussi déposé un préavis de grève. Nous étions donc face à deux mouvements, dans deux structures différentes, en attente les uns et les autres d’une solution générale. Quand exactement êtes-vous intervenus? J’ai eu connaissance du problème lundi 29 mai avec beaucoup de coups de téléphone en soirée. Mais j’ai fait patienter les producteurs parce qu’il était normal que, dans une telle situation, on laisse un peu de temps pour que les négociations aboutissent. Je pensais donc que, lundi ou mardi au plus tard, ils allaient trouver un accord. Je n’avais pas à intervenir non plus parce que, en tant que responsable professionnel au sein de la coopérative, je n’ai qu’un rôle politique à jouer. Mais le mardi soir, toujours pas d’accord en vue ? C’est par la radio, vers 17 h, que nous avons appris que les négociations étaient bloquées jusqu’au lendemain matin. Notre réaction a alors été rapide. Nous ne pouvions pas nous permettre d’attendre encore 12 h, voire 18 h, sans essayer de trouver des points d’accords. Il y avait alors danger au niveau des tanks ? Effectivement, l’entreprise était en stand-by et, parallèlement, il y avait perte directe du lait dans les exploitations. A-t-on une idée du nombre de litres de lait qui ont été déversés au caniveau ? Nous le saurons dans les prochains jours. Nous nous sommes engagés, au lendemain de la fin du conflit en conseil d’administration, à évaluer cette perte de lait. Nous allons recouper les déclarations faites par les producteurs avec la moyenne de livraison des jours précédents et qui ont suivi pour avoir une vision précise des quantités. Ensuite, nous nous sommes engagés sur une avance de trésorerie à hauteur du montant du préjudice subi. Tous les producteurs sont concernés ? Tous n’ont pas détruit du lait. Certains ont refroidi le lait en laissant tourner le tank pour le transvaser ensuite dans une cuve. Ils ont fait ça pendant 2 jours. Le lait a ensuite été analysé. Il était bon et il a donc été collecté. Cet épisode va-t-il peser dans les comptes 2006 de la coopérative ? Inévitablement à cause de cette avancée de trésorerie. Il nous faudra ensuite trouver, avec la CLE, un terrain d’entente pour qu’elle participe à cet effort. Vous pensez donc que la CLE a une part de responsabilité ? Je l’ai dit lors de l’assemblée générale de notre coopérative Elle & Vire. J’ai été surpris de voir la manière dont les négociations se sont déroulées. La direction de la CLE a laissé quelque peu la situation s’enliser et il n’est pas normal que les producteurs aient à subir aujourd’hui les pertes de lait. Alors certes, la CLE ne doit pas tout payer parce que ce lait, elle ne l’a ni transformé ni valorisé, mais elle doit assumer sa part de responsabilité. Le conseil d’administration d’Elle & Vire y veillera. Le climat de confiance entre les coopérateurs et leur outil est-il fragilisé par cet épisode? Il s’agit d’un incident de parcours comme il en existe dans toutes les entreprises. Il ne faut pas dramatiser la situation. Il y a eu un problème certes, notamment de fonctionnement, mais nous avons mis et mettrons encore tout en œuvre pour trouver les solutions et faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Quant au climat ambiant, ne se sont exprimés que ceux qui ont détruit le lait. Les autres n’ont rien dit et ils sont beaucoup plus nombreux. In fine, quelle conclusion tirez-vous de ce conflit ? J’ai longtemps hésité avant de m’engager dans cette affaire. Je respecte le fait que des salariés soient amenés à montrer leur mécontentement en allant jusqu’à la grève. Nous sommes en démocratie et nous devons y accorder une grande importance. Mais face à l’enlisement, il était de notre devoir d’intervenir et nous avons bien fait. Propos recueillis par Th. GuillemotJean-Marie Barré Nous n’étions pas les seulsmaîtres du jeu ! A ceux qui estiment que le conflit a duré trop longtemps, Jean-Marie Barré (directeur de la coopérative Elle & Vire) rappelle la complexité d’une négociation qui a réuni certains représentants syndicaux et du personnel de différentes filiales mais aussi de structures juridiques différentes. Dans ce conflit, n’aurait-on pas pu faire l’économie d’une à deux journées de négociations ? Jean-Marie Barré. De façon claire et précise : non ! La direction de la filiale de la CLE, et encore plus celle de la coopérative, a toujours été à la disposition du syndicalisme ouvrier, la CFDT en l’occurrence. Mais la négociation s’est passée au niveau du Groupe CLE et des salariés de la coopérative Elle & Vire associés à ce mouvement collectif. Les salariés de la CLE souhaitaient une négociation unique mais nous ne sommes pas filiale de la CLE. Cela a demandé de la concertation et donc un peu de temps, notamment au niveau des délégués syndicaux des différents sites concernés (St-Brice en Cogles, Pontmain, Condé-sur-Vire et Vire), pour que le conflit puisse se terminer. Ce sont ces délégués syndicaux et du personnel des filiales qui ont fixé l’heure de la négociation finale. En l’occurrence, une proposition le mercredi à 15 h. Avez-vous à ce jour une idée du nombre de producteurs et des volumes de lait jetés ? Pas encore. Nous avons envoyé un courrier à tous les sociétaires pour faire le point et nous indiquer les volumes de lait perdus. Mais à priori, et même si cela a fait couler beaucoup de salive, il n’y en a pas tant que ça. Quelles autres mesures après ce recensement ? Il a été proposé que la coopérative fasse une avance de trésorerie correspondant aux volumes éventuellement perdus. Nous serons pragmatiques dans le règlement de cette question. Nous verrons ensuite en fin de campagne ce que sera la situation de chacun. Les comptes 2006 de la coopérative vont-ils pâtir de cet épisode ? Je voudrais bien que non au niveau du lait. Non, non plus au niveau de l’activité camion magasin. Mais certains producteurs menacent de nous sanctionner. J’espère que la raison va l’emporter. Quand les producteurs bloquent les usines et les camions, ce sont la coopérative et les salariés qui sont sanctionnés. Il ne faut pas l’oublier. Les mentalités doivent bouger avec les évolutions économiques et toutes les contraintes que les uns et les autres subissent. Suite à ce conflit, allez-vous changer votre organisation ? Là où nous allons porter nos efforts, c’est sur une meilleure communication. Faire en sorte que l’information circule plus rapidement auprès des administrateurs.
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