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Elvup : « ce à quoi l’éleveur s’habitue marque le génome »

Elvup a tenu son assemblée générale mardi 12 juin, à Montabard. La première sous son nouveau nom. L’association met en avant les trois piliers sur lesquels elle repose : proximité, libre arbitre et dynamisme. Les éleveurs ont avancé au fil de la journée sur le thème de l’épigénétique.

Yann Martinot a expliqué comment on peut programmer une vache à être productive et efficace, en jouant sur son environnement.  DR
Yann Martinot a expliqué comment on peut programmer une vache à être productive et efficace, en jouant sur son environnement. DR
© JP

llll L’épigénétique, c’est l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes. Le thème a servi de fil conducteur à l’assemblée générale d’Elvup, mardi 12 juin. « Prenons une laitière, dont le potentiel de production atteint 10 000 kg. Si on la place dans des conditions favorables, sa production peut gagner 1 000 kg, voire 2 000 kg », introduit Yann Martinot. Les conditions favorables, dont parle le directeur technique de l’association, concernent l’environnement global de l’animal sur lequel l’éleveur peut jouer pour gagner en performance. Soit « gagner en fertilité, en croissance, améliorer le système de défense immunitaire. Il existe des plages épigénétiques, pendant lesquelles l’organisme anticipe une sous-alimentation par exemple. Il anticipe pour éviter les soucis ». Les principales plages en question sont : le tarissement, le développement embryonnaire et la croissance de 0 à 2 mois du veau.
« L’épigénétique peut être transgénérationnelle, c’est-à-dire se transmettre à la descendance quand l’impact est fort ; ou multigénérationnelle, soit toucher la mère et l’embryon en même temps. » L’épigénétique se travaille donc au quotidien, en apportant un cadre de vie adapté aux animaux. « En élevage, il ne faut s’habituer à rien. Et surtout pas à des problèmes de santé, ni de confort, qui s’installent dans le troupeau comme des boiteries. Ce à quoi l’éleveur s’habitue marque le génome. » Trois points clefs ont été abordés l’après-midi, au Gaec Val de Raveton.

Vaches taries : actualiser rations et conduite
« 1 500 kg de lait sont en jeu au tarissement », annonce Yann Martinot. Cette étape constitue un facteur clef de la reprise de la lactation. Pour qu’elle soit réussie, l’éleveur doit être attentif au logement, au stress social et thermique et à l’alimentation. Le directeur technique préconise la gestion des vaches taries en deux lots : un en début de tarissement et l’autre constitué de celles en fin de tarissement. « Huit jours avant le vêlage, les vaches doivent être dans la bonne stabulation et ne plus en bouger. »
Au sujet de la ration, Yann Martinot insiste : « le tarissement, c’est comme le haut d’un tremplin de ski. Le pire c’est de freiner : même si les animaux sont trop en état, il faut les lancer ». Il place la part de matière azotée dans la ration en tête des critères, puis arrive le chlorure de magnésium pour éviter les fièvres de lait ou la non-délivrance. Les taries constituent « les vaches les plus importantes du troupeau. Tout le confort qu’on leur apporte, elles nous le rendent », souligne-t-il en conseillant une surface de 14 m2 disponible par tête.

Veaux : adapter le plan lacté
Elodie Blin, experte génisses Elvup, présente le plan lactocrine. Quand un veau naît, il n’a pas de défense immunitaire. Le colostrum lui apporte des immunoglobulines (IgG), mais aussi de l’énergie et des hormones de croissance : impact épigénétique. « Plus on attend pour récolter et donner le colostrum, plus il baisse en qualité », explique Elodie Blin. Elle conseille un plan lacté « efficace », au cours duquel le veau double son poids entre sa naissance et le sevrage à 56 jours. Elle met l’accent sur les protéines apportées à la génisse. « Si on compare un plan lacté restreint avec 400 g de protéines, à un plan lacté poussé apportant 1 000 g de protéines, on constate que les génisses ayant bénéficié du deuxième plan produisent sept fois plus de tissus sécréteurs, pèsent 20 kg de plus au sevrage. Les protéines ont également une incidence positive sur les récepteurs d’œstrogène. » À plus long terme, Elvup constate que la génisse construit génétiquement sa production laitière, pouvant conduire à une différence de production de 1 000 l lors de la première lactation.

Bâtiment : ventiler stabulation et nurserie
« Une vache fermente, elle a plus chaud que nous. Si on devait comparer avec l’Homme, une laitière intègre un radiateur à 40 °C », introduit François Normand. Le référent bâtiment Elvup insiste sur l’importance de la ventilation des bâtiments d’élevage : moins de 25°C et peu d’humidité. Le THI, temperature humidity index, indicateur de référence, mesure le stress hydrique des animaux. Elvup a estimé les pertes potentielles dans l’Orne depuis deux ans, grâce aux données météorologiques, pour des animaux non protégés : - 183 kg de lait/VL/lactation en 2016 ; - 206 kg de lait/VL/lactation en 2017. Pour éviter l’influence des conditions météo sur la production, « il existe des solutions, rassure François Normand. Adapter l’alimentation, ventiler les bâtiments, aménager des prairies avec des haies et des coins d’ombre ». Il conseille d’utiliser d’abord la ventilation naturelle, l’effet vent et l’effet cheminée.
Les veaux doivent être protégés du froid. Le bâtiment s’adapte à eux. « Le thermomètre est indispensable, insiste François Normand. Dans l’Orne, 90 % des nurseries étudiées ne sont pas adaptées. » De quoi laisser une belle marge de progrès.

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