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En homéopathie, « c’est la vache qui a raison »

Reine Mathilde associe, dans son programme, la société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Lundi 2 octobre, cinq vétérinaires normands ont participé à une journée de sensibilisation aux médecines complémentaires. Les frères Sechet, éleveurs laitiers en bio, ont présenté leur expérience de l’homéopathie.

lll « Si on veut réfléchir avec la méthode homéopathique, il faut changer de disque dur », assure Loïc Guiouillier, vétérinaire à Pré-en-Pail (Mayenne), partenaire du programme Reine Mathilde concernant la partie soin des animaux. Il pratique l’homéopathie depuis trente ans. « Changer de disque dur » signifie, pour le vétérinaire, un changement radical de l’approche des soins, soit « être dans une démarche de compréhension de l’animal », traduit David Sechet.
David et Gaël Sechet sont associés en Gaec, à Evrecy (14). Les deux frères ont entamé leur conversion en bio en 2012. Ils élèvent 75 vaches laitières et sont en autonomie alimentaire grâce à un système de production fourragère sur 180 ha, dont 70 ha de cultures de vente. « Nous avons commencé l’homéopathie en juin 2011 », raconte David Sechet. L’éleveur a suivi une formation initiale, et se met à jour tous les ans.
Le Gaec du Croquet a servi de support à la journée d’information organisée par le programme Reine Mathilde à destination des vétérinaires. Lundi 2 octobre, ils étaient cinq à être attentifs à l’exposé de David Sechet et aux conseils de Loïc Guiouillier : Lucie Frossard, vétérinaire rurale à Villers-Bocage – Aunay-sur-Odon ; Fabrice Petitpas, à Aunay-sur-Odon – Villers-Bocage ; Xavier Plaëtevoët, à Saint-Désir ; Pauline Fasquelle, à Condé-sur-Noireau ; Magalie Chabrolles, à Bosc-le-Hard (76).

Pas au programme des écoles véto
Pourquoi un telle journée ? Parce que, quand les étudiants vétérinaires sortent de l’école, ils n’ont aucune bille pour s’occuper d’un élevage bio. Ils n’abordent ni le cahier des charges ni les médecines complémentaires au cours de leur cursus. « Il y a de plus en plus d’éleveurs en bio, ils ont des demandes et je n’ai aucune réponse à leur apporter. Je n’ai appris que l’allopathie », regrette Pauline Fasquelle.
L’homéopathie impose d’appréhender et d’observer l’animal dans son intégralité. David Sechet travaille en uniciste, soit en donnant un seul remède à la fois, qu’il administre sous forme de granule par la voie intra vulvaire. Ce seul remède est choisi à partir de plusieurs symptômes : non-délivrance, mammite, cellules, boiterie, diarrhée pour les veaux, douleurs. L’idée est bien que le traitement s’adapte à l’animal. L’éleveur et le vétérinaire s’accordent à dire que son efficacité doit s’observer rapidement. « On donne la granule deux ou trois fois dans la soirée. Le résultat doit se voir très vite. Sinon, ce n’est pas le bon traitement. »

Cas pratique
Et l’éleveur de donner un exemple : « la 2909 a eu un vêlage précoce à 26 mois, le 23 mai 2017. Le 25 mai, elle faisait une mammite aux quartiers avant gauche et arrière droit et avait 4 l de lait. Je lui ai donné Conium car ça avait marché avec la 2857. Ça n’a rien fait. Alors j’ai donné Sepia car la génisse est nerveuse. Avec Lycopodium, ça allait encore mieux. Au deuxième contrôle laitier, elle était à 18 l. J’ai perdu le quartier arrière droit mais, depuis, elle est toujours à moins de 6 000 cellules ».
Le vétérinaire a commenté : « c’est la vache qui a raison. Conium était le mauvais traitement car le symptôme clé de ce remède est la présence de boules douloureuses dans le quartier. Je n’étais pas d’accord non plus avec Sepia. Sepia c’est la sèche qui produit un nuage d’encre pour se camoufler de ses prédateurs. Ce remède se donne à une vache qui se cache, craintive, qui se fond dans le troupeau. Lycopodium se donne pour l’animal qui a un fort caractère, qui envoie tout le monde bouler. Depuis, la 2909 s’est assagie ».
L’homéopathie, la phytothérapie et l’aromathérapie appartiennent à la médecine dite « complémentaire ». Et Loïc Guiouillier tient au vocabulaire car la méthode est compatible, et non en contradiction, avec la médecine conventionnelle. « Pour sauver un veau, on peut utiliser l’allopathie et régler le problème de fond par homéopathie », illustre Loïc Guiouillier.

Combien ça coûte ?
Un tube s’achète « 2,26 euros en pharmacie. Il contient 80 granules prêtes à l’emploi », dit Loïc Guiouillier. Une fois formé, le vétérinaire préconise à ses confrères d’avoir des tubes dans son coffre de voiture, et d’en prescrire aux éleveurs. Avec une « TVA à 20 % ». 
« Pendant les deux premières années, ça coûte aussi cher que l’allopathie car l’appui technique est onéreux, analyse David Sechet. Et Loïc Guiouillier était le seul vétérinaire à pratiquer l’homéopathie, alors il y a les frais de déplacement. Mais maintenant j’ai diminué mes coûts par deux voire par trois. »

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