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En système polyculture élevage, l’approche globale n’oublie pas les cultures

Les systèmes de polyculture élevage ont pour atout la présence de l’atelier animal et végétal, qui permet de faire face à des aléas économiques (prix de la viande, des cultures) ou climatiques (baisse de rendements). Favoriser le couplage, c’est-à-dire renforcer le lien entre cultures et élevages, améliore l’autonomie alimentaire du troupeau et réduit la dépendance aux intrants.

© IE

Le couplage est un atout économique pour ces systèmes (les résultats ont été présentés dans l’agriculteur Normand du 20 mai 2017). Il permet en année très défavorable, comme 2016, de limiter la perte de revenu. La question posée ici est de savoir s’il existe d’autres marges de manœuvres pour  améliorer le revenu : qu’en est-il du côté des cultures ? Les sources d’économies potentielles permettent-elles de maintenir ou améliorer le résultat d’une ferme ?

Une simulation a été réalisée sur un cas-type bovin viande en polyculture élevage naisseur, sur des terres à potentiel correct au sol bien pourvu en PK. Un cas-type est une exploitation modélisée représentative de systèmes existants. Il permet de réaliser des simulations technico-économiques sans mettre en danger une exploitation bien réelle ! Nous avons choisi d’évaluer la solidité économique d’une ferme en routine et faisant face à un aléa climatique tel que l’année 2016, qui a eu un impact négatif très fort sur les rendements des cultures  de céréales, mais aussi des pois et du colza (par exemple -30% en blé)

Nous avons comparé 4 conduites des cultures :
- Conduite 1 : une situation de référence, en agriculture raisonnée
- Conduite 2 : la mise en œuvre de la protection intégrée (voir encadré) des cultures
- Conduite 3 : conduite 2 avec réduction de 50% des apports de fertilisation PK (sol bien pourvu) et de l’azote minéral avec une meilleure prise en compte de la valeur fertilisante des fumiers,
- Conduite 4 : conduite 3 avec impasse de fertilisation PK et -10% de la fertilisation azotée.
Chacun de ces scénarios a été testé dans un contexte de rendement
« normal » et un contexte de baisse de 30% des rendements des cultures, ce qui est proche de l’aléa observé en 2016.
Le passage de la conduite de référence des cultures, au scénario 4, le plus économe en intrants, se traduit par une augmentation du revenu disponible par UMO exploitant, bien qu’une baisse de rendement en lien avec un moindre usage d’intrants, ait été intégrée dans les calculs. Un gain de +4700 €/UMOe est observé entre les scénarios extrêmes, permis en partie par l’économie de -120 €/hectare d’intrants. A structure d’exploitation constante, la simulation montre un gain d’efficacité économique évaluée par l’EBE/PB qui passe de 33 à 36% et une marge brute qui augmente de +59 € /ha.

Si l’on applique l’aléa rendement, qui baisse de 30% sur la plupart des cultures, sauf le maïs (qui s’en était mieux sorti en 2016), le revenu disponible s’effondre dans les 4 scénarios. C’est une situation rencontrée en 2016 chez beaucoup d’agriculteurs. Par contre les systèmes économes en intrants limitent la casse, un écart de +6500€/UMOe est observé dans la conduite la plus économe des cultures par rapport à la référence. Le gain de marge brute des cultures est de +77 €/ha et l’EBE/PB est à nouveau le plus élevé, bien qu’affecté par la baisse de productivité liée à l’aléa climatique. Dans ce cas, ces exploitants ont un revenu faible, mais positif au contraire de la conduite de référence.

Ces simulations montrent qu’en routine, les conduites économes basées sur des leviers agronomiques préventifs pour limiter la présence des ennemis des cultures afin de réduire l’usage de phytosanitaires, permettent d’améliorer les marges brutes et le revenu de l’agriculteur. En situation d’aléa, elles ne permettent pas d’éviter une chute de revenu, mais de limiter les dégâts. Ce qu’il faut en retenir est qu’une gestion parcimonieuse des charges est un moyen de prévenir en partie le risque économique lié à un aléa climatique. Les systèmes de polyculture élevage, qui peuvent recourir à de l’autoconsommation d’aliments, ou réduire leur dépendance aux fertilisants ou aux phytosanitaires de par leurs rotations souvent plus diversifiées, tout en renforçant le lien entre animaux et végétaux, peuvent ainsi limiter les impacts liés aux aléas climatiques et économiques.

Les changements appliqués dans la conduite des cultures

La conduite 1 par rapport aux pratiques de références raisonnées, applique une réduction des densités de semis aux blés (-30%), aux orges (-20%) et maintenue ailleurs. Les semis de blés de variétés tolérantes aux maladies sont décalés de 8 à 15 jours en blé et le pilotage du 1er apport d’azote est décalé le plus tard possible voire supprimé. L’optimisation de la fertilisation azotée permet une réduction de 5% de celle-ci et l’on considère un impact sur le rendement de -3%. L’utilisation de ces leviers agronomiques dans les itinéraires techniques permettent une réduction d’IFT de 6,4 à 4,7 (réduction d’insecticides, de fongicides, régulateurs, voire herbicides d’automne). La conduite 2 réduit de moitié la fertilisation PK en cas de sols bien pourvus, la conduite 3 la supprime et va un peu plus loin dans la réduction d’usage des intrants en blé (-50% en phytos et -10% en azote pour tenir compte d’un rendement un peu plus faible) et la baisse de rendement est estimée à -5%. Entre les conduites 2 et 4, la baisse des charges opérationnelle des cultures est respectivement de -13%, -19% et -27%, par rapport à la référence. L’assolement est maintenu dans cette simulation, mais l’évolution des rotations est un autre levier pouvant faciliter la réduction des intrants des cultures.

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