Ration
Endives : bovins et éleveurs y trouvent leur compte
Les bovins aussi prennent goût aux endives. Selon Ivan et Sylvain Decaen, le légume a son coproduit. Les racines conviennent à l’alimentation du bétail. À proximité de Cambes-en-Plaine, certains élevages les dégustent depuis 40 ans.


A raison de 15 tonnes par jour, la gestion du “potentiel coproduit” se pose. “On sort l’équivalent d’une benne de 8 m3 toutes les 3-4 heures. Aujourd’hui, nous ne savons pas toujours qu’en faire”. Les décharges acceptent tout, “sauf les déchets de fruits et légumes”. Sans doute la preuve que la racine d’endive se classe dans la catégorie des coproduits !
Racine d’endive recherche éleveur désespérément
“Même en payant pour évacuer, on ne sait pas. Notre but, c’est que cela ne nous coûte pas d’argent”, constate Ivan Decaen. Le maraîcher recherche donc deux ou trois producteurs pour sortir une ou deux bennes chacun par semaine.
Dans le nord de la France, les prix des racines sont négociés directement entre le producteur et l’éleveur. La différence : l’exploitation Decaen ne décrotte pas les racines. “Il n’y a plus de terres, mais il reste des feuilles”. Ces dernières ne sont pas mangées par les bêtes, les auges sont donc à nettoyer régulièrement. “Le déchet” doit également être consommé dans les 72 heures. “Notre premier objectif reste de les éliminer sans payer. En échange de cet aliment, les agriculteurs nous louent souvent des terres pour cultiver nos endives. Cela compense, et en même temps les agriculteurs baissent leur surface de betteraves fourragères”.
Des éleveurs à 5 kilomètres
Principal handicap de l’aliment : la route. L’exploitation Decaen travaille avec des agriculteurs situés dans un rayon de 5 kilomètres. Le rythme est rodé. Les agriculteurs déposent une benne vide et repartent avec une benne pleine. C’est le cas de Marc Van Doorme, éleveur à Cambes-en-Plaine. Comme son père, l’agriculteur travaille avec la famille Decaen : “nos animaux mangent des racines d’endives depuis 40 ans”. Au quotidien, l’élevage en consomme 3 tonnes. Principal défaut : “c’est un aliment riche en eau. Il est difficile de maintenir les animaux propres. Des quantités de litières plus importantes semblent nécessaires”. Avantages : “les bêtes adorent ça. Elles choisissent les racines en priorité. L’endive ouvre l’appétit des génisses. Elles mangent mieux l’aliment sec ensuite”. Même si l’éleveur met un mois de plus pour finir ses taurillons, il semble y trouver son compte. Sylvain Decaen recherche donc d’autres agriculteurs, pour un échange « gagnant-gagnant ».
Avis d’expert
Un aliment “intéressant”
“La racine d’endive est un aliment intéressant par sa teneur en énergie sans amidon (1.02 UF). Cette énergie est apportée sous forme de sucre rapide.Sa faible teneur en matière sèche (16%) limite son ingestion à 3 Kg de MS pour un bovin adulte et 2 kg de MS pour un bovin croissance. Elle est considérée comme un concentré pour des génisses. Le reste de la ration se compose de foin avec un apport de protéine, l’endive n’a qu’une teneur de 10% en MAT (33 g en PDIN).Le pourcentage de cellulose peu élevé (10%) limite également la quantité à distribuer dans une ration laitière.Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de racine avec lors de la récolte une présence plus ou moins importante de terre, il faut donc être vigilant car cette présence de terre est favorable à l’échauffement de la ration donc au butyrique”.