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Energies renouvelables, entre opportunité et méfiance

Banco pour le photovoltaïque sur les toits. Haro sur le photovoltaïque au sol. OK pour la méthanisation dans le cadre d’un dimensionnement mesuré. Jeunes Agriculteurs de la Manche a remis sa copie sur les énergies renouvelables.

© TG

François Rihouet a dépensé toute son énergie pour sa dernière assemblée à la présidence de JA 50 et ça tombe bien. Le syndicat jeune avait fait des énergies renouvelables le thème de ses travaux qui se sont tenus vendredi dernier à Condé-sur-Vire.

33 % d’énergies renouvelables en 2030
Premier de cordée à intervenir, Mathieu Poirier. Le conseiller énergie-bâtiment, référent méthanisation de la Cran (Chambre régionale d’agriculture de Normandie), a rappelé les objectifs de la loi énergie climat publiée en 2019 : « 33 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2030 ».  A ce jour et au niveau national, loin derrière l’hydraulique, l’éolien pèse 7,2 %, le photovoltaïque 2,5 % et la méthanisation 1,3 %. Des chiffres à mettre en parallèle avec les ratios départementaux : 9,7 % en éolien, 1,2 % en photovoltaïque et 1,1 % en méthanisation (cogénération). Mais les curseurs sont en pleine évolution. En Normandie, une quinzaine d’ateliers méthanisation est en construction et 150 projets (permis de construire déposés) sont en devenir.
Parmi les pionniers, Benoit Leconte, producteur de lait et de culture de vente près de St-Lô, est venu apporter son témoignage sur son investissement de mini méthaniseur. Un investissement décidé pour ne pas faire supporter par  l’activité lait l’agrandissement du bâtiment et de sa capacité de stockage du lisier. Au bilan : « si c’était à refaire, on le referait, mais différemment. On referait plus gros et on embaucherait », a-t-il assuré.
Même question et même réponse de Damien Hardy, du côté de Barenton, qui a recouvert les toits de ses bâtiments de photovoltaïque . « Si c’était à refaire, on referait plus gros » même si le bilan est plus nuancé, « ce n’est pas que ça ne marche pas, mais ça pourrait marcher mieux ». Et d’évoquer un mini parcours du combattant. « Beaucoup de bâtons dans les roues. Beaucoup de changements. ERDF qui n’envoie pas les bons contrats. Merci au passage au service juridique de la FDSEA de son appui. Peu de références à l’époque pour faire digérer à la banque le financement. La jungle du prestataire entre le Chinois, l’Allemand ou le Français qui n’existe plus… »
En résumé des pionniers qui ont essuyé les plâtres, prêts à produire plus, mais qui se heurtent à une problématique : le prix de rachat de l’énergie différencié entre l’autoconsommation, la vente partielle ou la vente totale. Néanmoins, Damien « have a dream », recharger demain sa voiture ou son télescopique électrique en se branchant à son installation.
Avant cela, Mathieu Poirier a rappelé quelques règles de bon sens à tout porteur de projet : « être vigilant sur les contrats d’assurance et de maintenance. Sécuriser et maitriser l’approvisionnement sur la méthanisation, s’entourer de bureaux d’étude indépendants des constructeurs, choisir un partenaire qui a pignon sur rue… »

Concurrence élevage/énergie
Par l’autre bout de la lorgnette, JA 50 a posé le débat des énergies renouvelables sur le plan déontologique. « Où se trouve la concurrence entre l’élevage et les énergies renouvelables ? », en guise d’os à ronger. Refusant de se positionner sur un plan politique, le spécialiste de la Cran a cependant délivré quelques vérités. « Il s’agit d’une opportunité à prendre parce que l’élevage est en difficulté. Il ne faut pas faire porter à la méthanisation des difficultés qui viennent d’ailleurs. La méthanisation permet parfois de garder l’élevage. Jusqu’où, par rapport à un secteur géographique, on est prêt à aller pour doubler ou tripler une capacité de production ? », pour alimenter le débat. Il n’y a pas encore péril en la demeure, mais déjà, dans la Manche, un éleveur a témoigné que demain son revenu se fera plus sur la vente d’énergies que sur celui de ses produits agricoles. Autre écueil pour un département qui importe 200 000 tonnes de paille par an : la flambée des prix de cette denrée. Sur ce point, Julien Caillard, représentant de JA national et céréalier en région parisienne, propose : « si on veut de la paille, il faut peut-être contractualiser ». Au-delà, « les énergies renouvelables constituent une opportunité pour se diversifier et ramener du revenu et donc favoriser l’installation, mais on reste très prudent. Nous sommes opposés au solaire au sol, c’est de la consommation de terres agricoles. Sur la méthanisation, attention au surdimensionnement. Il faut garder la vocation nourricière de l’agriculture. Il ne faut pas que les énergies renouvelables deviennent le faux Eldorado promis aux agriculteurs». Et de proposer : «  un jour, les tarifs réglementés n’existeront plus. Pourquoi ne pas demain vendre l’énergie en commun ? »
On peut donc voir la bouteille à moitié pleine d’autant plus que d’autres pistes et petits plus se font jour. Hervé Marie, président du GDS, met en avant le bois énergie avec les haies : « d’accord pour les protéger à condition qu’elles rapportent ».  Charles, jeune agriculteur du côté du Havre, y est allé également de son vécu : « avec la méthanisation, j’ai réglé les problèmes d’odeur et de tonne à lisier. Elle a apporté de la résilience à mon système. Si, en plus, on peut prendre un billet au passage, pourquoi s’en priver ? »
Le mot de la fin pour un désormais vieux jeune agriculteur. « Il faut s’informer, se former et bien se faire accompagner dans son projet. Il faut de la cohérence dans les projets territoriaux et de production d’énergie d’origine agricole », a martelé François Rihouet.

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