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Fourrages
Ensilage herbe pour les laitières : viser la qualité

S’il reste tout à fait possible de faire ruminer des laitières avec du maïs, l’apport d’ensilage d’herbe est une assurance pour la qualité des rations. A condition de viser la qualité.

Leurs motivations sont nombreuses
- Assurer la rumination et éviter les sub-acidoses
L’apport d’ensilage d’herbe en substitution du maïs ensilage permet de limiter les risques de sub-acidoses (non visibles) voire des acidoses. La composition en fibres de l’herbe, sa teneur en matière azotée, en font un bon complément qui vient tamponner les effets néfastes du maïs (baisse de pH de la panse en dessous de 6,2). Les éleveurs à hauts niveaux de production ont bien compris que cet apport garantit une sécurité de la ration et contribue à une bonne valorisation du maïs.

- Maintenir l’ingestion avec 25 % ensilage d’herbe à plus de 25 % MS
Avec un ensilage un peu ressuyé à 25 % de MS, l’ingestion est maintenue en comparaison d’une ration maïs. L’apport courant de paille qui vise le même effet amène par contre une moindre ingestion : + 0,5 kg de paille = - 1 kg de maïs consommé.

- Maintenir les performances laitières
Ingestion égale et bonne qualité d’ensilage conduisent à des performances laitières identiques (lait et taux) entre une ration maïs et une ration maïs + 25 % d’ensilage d’herbe. Plus la part d’ensilage d’herbe augmente, plus le taux de MS de l’herbe doit aussi progresser pour maintenir la comparaison.

- Limiter la complémentation en protéines
Le remplacement d’un kg de MS maïs à 45 PDIN par un ensilage d’herbe à 85 PDIN permet d’économiser 120 g d’équivalent tourteau de soja. L’apport de blé peut compenser l’énergie liée à la diminution du tourteau de soja. Le tourteau de colza cumule les deux effets : correction azoté et apport d’énergie.

- Limiter les surfaces en maïs
Les éleveurs évoquent de nombreuses raisons économiques (coût des semences, des engrais, de la complémentation azotée, filières AOC ou AB) ou environnementales (sol nu l’hiver, monoculture de maïs, difficultés accrues pour les traitements maïs, introduction de prairies en rotation…) qui les incitent à réduire la surface en maïs. L’introduction de culture de vente en substitution est aussi un moyen d’augmenter le produit.

- Mieux valoriser les prairies
En moyenne, la prairie est sous valorisée dans le Calvados. Par déduction la valorisation est de 5,5 tonnes de matière par ha de prairie dans les élevages laitiers. L’ensilage en début de printemps est un moyen de faire face à l’explosion de l’herbe en mai sans se faire déborder, les repousses en juin permettent d’aborder le début de l’été sereinement avec des stocks sur pied de qualité. De nombreuses situations révèlent des conduites intensives sur le troupeau mais extensives et incohérentes sur la conduite des prairies. D’après une enquête récente auprès de 80 éleveurs, l’introduction d’ensilage en ration hivernale est la voie la plus accessible pour valoriser plus l’herbe.

- Impact positif sur la qualité des acides gras du lait
L’introduction d’herbe modifie les acides gras du lait vers un profil plus adapté à l’alimentation humaine : moins d’acides gras saturés, plus d’acides gras insaturés. Après le pâturage, l’ensilage est la forme qui contribue le plus positivement à l’amélioration de la qualité de la matière grasse du lait.

Points clés de la réussite
- Des prairies bien entretenues
Pour être productives en première coupe, les prairies méritent quelques attentions. L’apport d’engrais et d’amendements calcaires selon les types de sol est une assurance pour un rendement minimum. Les fumiers et lisiers sont tout  à fait utilisables sur prairies de fauche, ces derniers en respectant 2 mois de délai entre l’épandage et la fauche. Le compost facilite la gestion. Et la chasse aux taupes reste indispensable pour lutter contre les butyriques. Le métier de taupier doit aussi être revalorisé ! La prolifération d’espèces indésirables (chardons, rumex) peut aussi être combattue.

- Le stade de récolte reste le facteur principal
Quelles que soient les espèces, le but est toujours de viser un ensilage avant l’apparition des épis pour les graminées, début bourgeonnement pour les légumineuses.
En pratique, l’ensilage d’herbe devrait intervenir avant le semis de maïs, début mai, pour assurer la qualité. Cela présente en effet un triple avantage : ensiler plus tôt permet de produire un fourrage mieux ingéré par les vaches, avec des valeurs UFL et PDI supérieures, et un taux de sucre plus élevé facilitant la conservation et donc l’ingestion.

- La qualité de la flore : des légumineuses si possible
En prairie temporaire, des essais ont montré la supériorité de la présence de trèfle (blanc ou violet) par rapport à des graminées pures pour ce qui est de la réponse laitière. L’ensilage de luzerne pure en ration mixte avec de l’ensilage de maïs (33 % / 66 %) a aussi démontré des performances identiques à une ration maïs seul.

- Un itinéraire de récolte pour viser au moins 25 % de matière sèche
A 25 % de matière sèche, la richesse en UFL et en PDI est proche de celle de l’herbe verte.
Les pertes par jus sont aussi limitées au-delà de 25 %. Il est intéressant de viser des teneurs plus élevées car l’ingestion augmente avec le taux de MS de l’ensilage d’herbe. C’est d’ailleurs le principe adopté par les hollandais, même ceux installés dans le Calvados qui recherchent 35 à 40 % de MS. A ces taux, la conservation est aussi facilitée. La hauteur de fauche 6 à 7 cm assure une bonne qualité, quant à la longueur de coupe rien ne sert de descendre en dessous de 3 cm.

- Contre les butyriques : fort taux de matière sèche ou conservateur
A défaut de matière sèche, l’ajout de conservateur est une garanti
e de conservation et donc de consommation de l’ensilage.
Il se justifie aussi avec un stade avancé de la plante qui contient alors peu de sucres. Le pH mesuré au silo est un bon indicateur de la conservation (tableau 1).
L’ensilage d’herbe est souvent accusé d’être la source de butyriques. Cela est vrai avec des ensilages de mauvaises qualités (stade, conservation) et dont les fronts d’attaque ne sont pas rigoureusement entretenus. Le coût du conservateur se rentabilise avec les pertes évitées, l’ingestion supplémentaire et la limitation des butyriques. La grille ci-dessus incite à l’utilisation de conservateurs dans une majorité de situations normandes.
Une étude récente en Hollande a mis en évidence une plus grande part de butyriques dans les silos de maïs que dans les silos d’herbe! Il est vrai qu’ils utilisent essentiellement des prairies temporaires soignées en terrain plat.

A retenir
- Un fourrage très difficile à ensiler (mouillé, souillé) ne doit pas être ensilé ou distribué aux laitières.
- Un conservateur ne rattrapera pas des règles de base non respectées : stade, pré fanage, propreté.
Jean-Jacques Beauchamp
Chambre d'agriculture du Calvados
jj.beauchamp@calvados.chambagri.fr

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