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Elevage
Faut-il complémenter ses broutards avant le sevrage ?

De nombreux éleveurs se demandent s’il est intéressant de complémenter leurs broutards, sous la mère, avant sevrage.

Afin de répondre au mieux aux questions posées par les naisseurs, les naisseurs-engraisseurs et les engraisseurs et de leur fournir des références technico-économiques, une récente étude, menée à la ferme des Etablières (Vendée) en Pays de la Loire, s’est intéressée à la complémentation des veaux mâles et à l’incidence sur leur performance à l’engraissement.L’expérimentation s’est déroulée durant 3 années consécutives sur des lots de broutards charolais de 20 à 28 animaux nés en février 2007, 2008 et 2009. La complémentation était distribuée durant une centaine de jours à partir de l’âge de 4 mois jusqu’au sevrage début octobre. Un lot était complémenté, et l’autre non (lot témoin). Ces 2 lots disposant des mêmes surfaces de pâturage en quantité et en qualité (80 ares pour le couple mère/veau). L’aliment était constitué d’un mélange 50 % de blé aplati et 50 % de bouchon de luzerne déshydratée à 18 % de MAT au nourrisseur. Puis, pendant la phase d’engraissement, après une transition de 28 jours, les 2 lots avaient les mêmes rations à base d’ensilage de maïs à volonté, 1,5 kg de tourteaux de soja, 200 g de CMV type 5/25 et de la paille à disposition.

Une croissance plus élevée

L’étude a mis en évidence que les veaux complémentés avaient une croissance plus élevée en moyenne (1 462 g/j contre 1 147 g/j pour le lot témoin), comme le montre la figure 1. Au sevrage, les animaux étaient en moyenne 36 kg plus lourds que ceux non complémentés en ayant consommé en moyenne sur les 3 ans 224 kg d’aliments, soit un surcoût de 45 €/broutard pour un aliment à 200 €/t. Les naisseurs ont donc intérêt à complémenter pour vendre leurs animaux, qui seront plus en état (“fleuris”) et donc mieux valorisés. Ces animaux à l’engraissement conservent l’avance qu’ils ont prise avant le sevrage et atteignent le poids d’objectif final en moyenne 34 jours avant le lot témoin, comme le présente le tableau 1. Ce gain de temps permet d’économiser 295 kg de MS de maïs, 47 kg de tourteaux et 8 kg de CMV. Cependant, le coût du fourrage économisé est inférieur au coût de complémentation. L’intérêt pour les naisseurs-engraisseurs est donc moindre, excepté si l’on considère uniquement le gain de temps de 34 jours, non négligeable dans cette période de l’année.


Attention aux années sèches

Lors de la première année d’expérimentation, il est apparu un manque d’herbe de qualité en raison d’une sécheresse estivale. Les animaux ont donc fortement augmenté leur consommation, dépassant les 5 kg par jour en fin de période, comme le montre la figure 2. Ces fortes croissances pondérales ont pénalisé les performances en engraissement. En effet, les veaux complémentés ont perdu leur avance avec des croissances inférieures de 90 g/j par rapport au lot témoin. La limite en deçà de laquelle il n’y a pas d’impact négatif, voir même permet d’améliorer les performances à l’engraissement, est de l’ordre de 1 400 g/j. Les engraisseurs ont donc tout intérêt à ne pas acheter de broutards ayant eu une croissance supérieure à ce seuil avant le sevrage.

Les aliments à distribuer

La ferme expérimentale a choisi le blé et la luzerne déshydratée car c’est un mélange facile a fabriquer, sachant que le blé est produit sur l’exploitation. La luzerne a été choisie pour baisser la densité énergétique du concentré, limitant le risque d’acidose et amenant le mélange à un bon équilibre de protéines (100 g de PDI/UF). Le blé aurait pu tout autant être remplacé par de l’orge en modifiant la proportion à 60 % orge et 40 % luzerne. La valeur énergétique du concentré doit être la plus élevée possible (proche d’une UF) et la valeur azotée doit se situer aux alentour de 16 à 18 % de MAT. Les aliments du commerce à 16 % de MAT conviennent mais restent onéreux. Faire son mélange peut être intéressant mais l’amortissement du matériel et le temps passé doivent être comptabilisés. De plus, l’aplatisseur devra être bien réglé afin d’éviter les moutures trop fines, qui entraînent des problèmes de digestion. Le nourrisseur est le mode de distribution du concentré le mieux plus adapté. Il doit être situé à proximité des aires de repos des vaches dans des endroits ombragées et secs de préférence. La construction d’un parc à veaux “fixe” permet un rationnement des quantités de concentrés distribués et ingérés mais l’emplacement doit être soigneusement raisonné afin que dans le cadre d’un pâturage tournant, les veaux aient accès au parc, lors des changements de chaque parcelle.


Les quantités à distribuer

La base de l’alimentation des broutards reste le lait de leur mère et l’herbe pâturée. L’étude a montré que lorsque les animaux disposent de suffisamment d’herbe de qualité, la consommation d’aliment est moindre tout en gardant une croissance élevée, ce qui diminue le surcoût. La complémentation sera donc à adapter en fonction des disponibilités en herbe, qui reste l’aliment le plus économe et qui doit être consommé en priorité. Cette technique ne doit en aucun cas palier à une mauvaise gestion du pâturage ! Cependant, en cas de manque d’herbe (comme en 2010 et 2011), l’âge au sevrage pourra être avancé pour démarrer un engraissement plus précocement. Des essais réalisés dans ce cas ont montré que les performances d’engraissement et l’âge d’abattage n’étaient pas modifiés. Sevrer dès que le lot atteint 3 kg de consommation quotidienne semble être un bon compromis. La quantité totale distribuée ne devra pas dépasser 250 kg d’aliment par broutard pour avoir des résultats significatifs sans pénaliser les résultats économiques.La complémentation des veaux femelles n’est à proscrire, compte tenu des niveaux de performances et du potentiel de croissance fourni par une herbe jeune en quantité.La complémentation des broutards doit se raisonner en fonction de ses objectifs de poids de vente et du niveau de croissance souhaité s’il ne peut pas être permis par la consommation d’herbe et le lait de la mère. Cette technique est rentable à condition de bien gérer le pâturage et de surveiller les surconsommations ou le gaspillage en limitant la consommation quotidienne maximale à 3 kg de concentré par broutard.

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