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Calvados
FDSEA : concilier le quantitatif avec le qualitatif

Tous les corps intermédiaires de l’agriculture et tous les acteurs de l’eau ont répondu, jeudi dernier à Caen, à l’invitation de la FDSEA pour aborder l’enjeu majeur de demain. Comment produire plus en produisant mieux ? Les solutions existent. Les fils du dialogue ont été renoués

Alain Declosmesnil (de dos), conseiller général s’adressant aux responsables de la FDSEA : “c’est bien à un moment donné de mettre tout le monde autour de la table. Il faut prendre date pour renouveler ce genre de débat car à discuter chacun de son côté, on n’avance pas très vite”.
Alain Declosmesnil (de dos), conseiller général s’adressant aux responsables de la FDSEA : “c’est bien à un moment donné de mettre tout le monde autour de la table. Il faut prendre date pour renouveler ce genre de débat car à discuter chacun de son côté, on n’avance pas très vite”.
© TG
Il se pourrait que le jeudi 27 septembre soit désormais date à marquer d’une pierre blanche. Patrice Lepainteur, Bertin George et Xavier Hay (respectivement président de la FDSEA, de sa section “grandes cultures” et de sa section “environnement”) sont parvenus à déminer ce qui s’apparentait hier encore à un champ de bataille : le dossier “Eau”. Un dossier qui, depuis plus de 2 ans, cristallise les incompréhensions et les rancœurs au point de s’embourber jusqu’à l’asphyxie. Les fils du dialogue étaient rompus. En réunissant les conditions d’un débat serein dans le respect de chacun, ils ont été renoués. Chacun des participants à cette matinée partage ce constat.

Les solutions d’Arvalis
“L’agriculture doit continuer à produire tout en respectant l’ensemble des règles environnementales et en préservant la qualité de l’eau. Face à ces nouveaux défis auxquels l’agriculteur se trouve régulièrement confronté, il nous apparaît opportun de vous présenter les outils élaborés par Arvalis. Nous voulons être acteurs et force de propositions face à ces enjeux”. Tel était l’intitulé de l’invitation lancée par le syndicalisme agricole minoritaire départemental à laquelle ont répondu une quarantaine de participants.
Premier chantier à débroussailler, un état des lieux partagé de la qualité de l’eau dans le département. Malgré les multiples demandes maintes fois réitérées par la profession notamment à travers l’association CAPTAGES, malgré des chiffres couchés quelque part sur le papier, l’information a bien du mal à circuler dans les méandres des canaux de communication.
Pour Xavier Hay, il faut “voir et juger pour agir. En d’autres termes : d’abord mesurer objectivement les pollutions existantes. Puis identifier les sources de pollution afin de déterminer les solutions possibles pour, au final, mettre en place un plan d’actions”.
Il ne s’agit donc pas de massifier les contraintes environnementales mais de faire du cas par cas. Une méthodologie avec des outils Arvalis existants (Aqua-vallée, Aqua-plaine, Aqua-site, Aqua-flore) et qui ont fait preuve de leur efficacité.
Elodie Jouanneau (ingénieure sur le site de Rots/14) et Jacques Orsini (responsable de la région Ouest d’Arvalis) en ont expliqué le fonctionnement. Fonctionnement qui met en exergue la nécessité d’une approche très pragmatique de la préservation de la ressource en eau. Prenez l’exemple du bassin versant de Péron dans l’Aisne : 14 000 ha au total dont seulement 364 ha présentent un risque de transfert. C’est 2,7 % de la SAU. Dit autrement, c’est 97,30 % de la surface où les pratiques culturales n’ont pas à être modifiées. L’occasion pour Jean-Yves Heurtin de saisir la balle au bond : “il ne faut surtout pas avoir une approche généraliste. Il faut concentrer les moyens sur des problématiques précises”.

L’expérience d’Agrial
Au terme d’une réflexion interne au niveau de la coopérative par rapport au plan Ecophyto, Agrial a testé Aqua-flore avec pour feuille de route “une démarche simplifiée et pragmatique dans l’approche du désherbage”. 14 RTE (Référent Technico Economique), correspondant aux 14 régions Agrial, s’y sont d’abord penchés. Puis, “au 27 septembre, ce sont 100 conseillers formés, 340 exploitations diagnostiquées, 23 140 ha pour 3 200 parcelles soit 10 à 15 % du parcellaire surveillé”, a expliqué Olivier Bourassin, directeur agrofourniture et nutrition animale. “Aqua-flore fonctionne mais il y a du temps à y passer. Nous allons désormais l’intégrer dans nos conseils en routine.
Le sous-jacent : plus on sera nombreux à entrer dans la démarche, plus on aura un impact important sur la qualité de l’eau”. L’horizon à 4 ans de la coopérative est de qualifier 80 % du parcellaire de ses adhérents. Au nom de la FDSEA, Patrice Lepainteur abonde dans ce sens. “La problématique de l’eau peut être source de conflit et être vécue comme une contrainte. Elle doit s’accompagner de vecteurs de communication reconnus sur le terrain comme les agents des coopératives ou de la Chambre d’Agriculture”. Une Chambre d’Agriculture qui s’est vue reprocher par Rudy l’Orphelin (vice-président de Réseau, syndicat de production d’eau de la région de Caen) son silence à un courrier adressé il y a un an. En l’absence de Michel Legrand (président de la Chambre d’Agriculture du Calvados, c’est Robert de Formigny (son vice-président) qui s’en est expliqué. “Il y a eu des relations tendues. Vous nous reprochez de ne pas avoir continué la discussion mais c’est vous qui avez arrêté les commissions techniques. Depuis, il y eu le COPA Eau”. Coup de botte en touche et une façon de passer le ballon à Yves Julien. Le président du COPA Eau (créé il ya un an) s’est tout d’abord déclaré en phase avec l’approche défendue par la FDSEA. “La première des demandes de la profession, c’est de faire un point zéro. Quel est vraiment l’état de la ressource en eau ? C’est une information qu’on a beaucoup de mal à obtenir de la part de l’administration ou des collectivités”. Localement cependant, les lignes bougent. C’est ainsi qu’au niveau de l’intercommunalité de Bayeux, on constate très peu de dépassements en nitrates et l’absence de produits phytosanitaires. On en serait presque étonné dans un bassin de grandes cultures. Et si certains avaient volontairement et pour des raisons idéologiques entretenu la peur ? La question mérite d’être posée.  Du côté de l’Agence de l’Eau, on indique que l’information est disponible tout en reconnaissant qu’elle n’est pas connue de tous.  Elle dit banco à une réunion d’information en toute transparence.

Des soutiens financiers
Elle se félicite parallèlement “de la reprise des discussions sur la protection de la ressource. Nous repartons dans le bon sens. Nous espérons qu’à l’issue de ce débat, il y ait une relance des démarches”. Reste la question financière, sans doute le nerf de la guerre. Seine-Normandie est prête à apporter son obole à condition d’avoir un retour. De quoi rassurer Agrial qui avait sollicité l’Agence de l’Eau dans le cadre de son test Agri-flore. Même s’il n’a pas autorité sur le dossier, le Conseil général reste attentif à la problématique des territoires et ne ferme pas la porte non plus.
La FDSEA a ainsi réussi à redonner du sens à la discussion. Acteurs de l’eau, collectivités, état, coopération (...) veulent tourner une page. Le mot de la fin à Patrice Lepainteur : “on attend beaucoup de la Chambre d’Agriculture”.
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