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FDSEA du Calvados : une année marquée par l’expression du malaise des agriculteurs

L’assemblée générale de la FDSEA s’est tenue mercredi dernier à Caen en présence de Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. 

© TG

«L’année 2015 a été marquée par l’expression du malaise des agriculteurs, la révélation d’une situation insupportable et cette prise de conscience a démarré dans notre département». Patrice Lepainteur, président de la FDSEA, est revenu sur un été syndicalement exceptionnel. «On a réussi à faire venir le ministre de l’Agriculteur chez nous alors qu’il avait clamé qu’il ne céderait pas à la pression du terrain. C’était inconcevable».

Merci à Jean-Yves et Sébastien
Et dans ce rapport de force qu’a gagné le syndicalisme, Patrice Lepainteur a salué le travail mené par Jean-Yves Heurtin et Sébastien Debieu, respectivement président et secrétaire général de la FDSEA au moment des faits. Salué la mobilisation de plusieurs centaines d’agriculteurs, adhérents ou non, tout au long de l’été. Salué enfin celle de JA (Jeunes Agriculteurs) représenté à l’assemblée générale par un nouveau «papa président», Nicolas Declomesnil, très applaudi pour sa première prise de parole chez les aînés. 
Mais dans cette rétrospective estivale, Patrice Lepainteur n’a pas éludé les évènements d’août évoquant «une dérive non voulue aux conséquences fâcheuses avec 10 personnes poursuivies par la justice». Et de faire remarquer qu’adhérentes ou pas, elles étaient toutes défendues par l’avocat de la FDSEA. Quant aux démissions de Jean-Yves Heurtin et Sébastein Debieu, tous deux présents à l’assemblée générale, le président de la FDSEA a insisté «sur une structure démocratique avec des courants de pensée différents. Nous avons besoin d’un maximum de responsables pour se partager le travail, pour mener des actions que nous ne sommes pas certains de gagner mais la FDSEA doit être sur tous les fronts. Notre mission, c’est la défense des agriculteurs, de tous les agriculteurs. Alors oui, la FDSEA a vécu une blessure mais cette blessure est en voie de cicatrisation. Nous devons regarder devant nous». Et Sébastien Debieu de rebondir : «si on était 70 ou 80 % d’agriculteurs syndiqués dans le Calvados, ça changerait peut-être la donne».

L’agriculture face à la société
Pour compléter ce bilan départemental, les responsables ont également évoqué tout le travail quotidien accompli au cours de l’exercice : réunions d’informations sur le plan élevage et la PAC, l’enquête cours d’eau, la pétition sur les conflits de voisinage, la charte des valeurs initiée par la FNPL et les rencontres avec les industriels laitiers et la grande distribution, la concertation avec le service des impôts...
Christiane Lambert  est ensuite intervenue sur le thème de «l’agriculture face à la société : les prix de nos produits». La première vice-présidente de la FNSEA, fidèle à ses convictions, a tenu un discours offensif et répondu sans langue de bois au feu nourri des questions de la salle. Morceaux choisis. 
Le président de la FNSEA est-il encore un paysan ? «L’exploitation de Xavier Beulin est une exploitation de type familiale : 480 ha pour un Gaec à 4 associés. Propulsé très jeune à la tête de l’exploitation après le décès de son père, il est très vite appelé par les Jeunes Agriculteurs puis par la FNSEA. Ses compétences lui permettent de mener et de défendre avec brio de nombreux dossiers. Ses capacités vont lui permettre de trouver de nouveaux débouchés aux protéines végétales françaises. Certains agriculteurs ne lui pardonnent pas la réussite de Sofiprotéol. A ceux-là, je réponds qu’il est dommage que d’autres n’aient pas fait de même avec la filière lait, viande ou autre».
La crise continue, que fait la FNSEA ?  «2015 a été riche en actions syndicales. Le mouvement, initié et venu de Caen, s’est propagé. L’action nationale, début septembre dans les rues de la capitale, a été applaudie par les Parisiens. Plus de 1 000 tracteurs sur le périphérique parisien, c’était inédit ! Bien sûr, certains manifestants auraient souhaité aller encore plus loin dans la démonstration de force… Ceux-là mêmes qui ont considéré que nous n’avons rien obtenu. Il est aisé de demander aux responsables syndicaux de mener des actions coup de poing. Ces actions sont nécessaires, mais il faut savoir doser. Etre systématiquement dans le respect des biens et des personnes pour éviter les condamnations et veiller à l’image que l’on renvoie à la société.
En 2016, nous ne passons plus en boucle sur BFM mais le travail de fond continue. Il y a un décalage entre la bfmisation de certains dossiers et le vrai travail réalisé au quotidien par votre structure syndicale qui a obtenu des avancées comme les discussions des normes environnementales seulement entre ministère et agriculteurs ou par exemple la baisse des cotisations MSA. Quant à la notion de prix, ils ne peuvent plus se négocier car les règles communautaires nous l’interdisent mais le syndicalisme sera toujours là pour lutter contre toutes les distorsions de concurrence».
Qu’est-ce qui différencie la FNSEA des autres syndicats ?  «Même si 2015 a prouvé que la FNSEA et ses FDSEA étaient des syndicats d’actions, son action principale repose d’abord sur la construction. A ce titre, le réseau se place à l’équilibre face à d’autres visions syndicales «extrêmes». L’une incitant à une vision agricole peu en phase avec les réalités économiques et l’autre consistant au refus systématique de toute évolution. En tant que syndicat, la FNSEA est également limitée dans son action par la notion de représentativité. Une situation délicate dans les discussions avec les services de l’Etat quand, en face, sont invités n’importe quels représentants d’associations environnementales sur le bon vouloir des ministres».
Comment changer l’image de l’agriculture dans l’esprit de la société ?  «Des instances locales, régionales ou ministérielles, ont distribué avec prodigalité des fonds publics comme aide aux associations environnementales dont certaines n’existent que par les membres de leurs bureaux, tout en ayant accès aux sièges feutrés des ministères. Notons cependant qu’en raison des budgets serrés des collectivités, cette situation est en train de changer. Par ailleurs, il est souvent reproché à la grande maison le manque de communication sur l’agriculture mais les médias préfèrent les images-chocs des associations environnementalistes. Alors pour communiquer efficace, il faut communiquer localement  en ouvrant nos fermes. En montrant à nos voisins le fonctionnement de nos exploitations avec nos contraintes et nos pratiques. Ce face à face est plus efficace pour faire taire les critiques et mettre fin aux idées reçues. L’agriculteur doit être fier de son outil, de son métier.
Il doit être prêt également à répondre aux sollicitations, d’où qu’elles viennent. Le succès médiatique des actions de l’été 2015 tient également aux nombreux témoignages des agriculteurs qui ont bénéficié d’une large audience pour expliquer leur situation et les problèmes induits par la crise agricole.
Mais attention, les médias sont versatiles et peu acquis à notre cause. Ils ne viendront pas vers vous spontanément et si vous ne répondez pas à leurs sollicitations. Ils donneront la parole à des opposants toujours prompts à réagir.»

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