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Calvados
FDSEA : s’investir plus encore dans l’organisation économique

Il faut passer d’une organisation subie à une organisation assumée. Dans son rapport d’orientation, Patrice Lepainteur (président de la FDSEA) a appelé les agriculteurs à s’investir encore plus dans l’organisation économique. “Etre un aiguillon dans nos coopératives”, a-t-il cité en exemple.

La réforme de la PAC et son bilan de santé suscitent débats dans l’antre même de la grande maison FNSEA. L’échelon départemental lui prête écho. Pour sa première assemblée générale en tant que président de la FDSEA du Calvados, Patrice Lepainteur a donné du grain à moudre à ses responsables de section. Bertin George pour les céréales, Jean Turmel pour le lait et Daniel Courval pour la viande ont rendu une copie sans langue de bois. Echanges francs et directs mais sans dérapage avec Christiane Lambert  en grand témoin. La vice-présidente de la FNSEA, dans sa conclusion, a revisité la devise de la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne) “voir, juger, agir” pour l’adapter aux enjeux de demain : “revoir, rejuger, réagir”. La meilleure façon de ne pas sombrer dans la sinistrose et de redonner du sens au combat syndical.

Le fusil à 3 coups du ministre
Modulation, article 63, article 68. Bertin George a fustigé le fusil à 3 coups du ministre Barnier qui lui laissera un souvenir aussi amer que Jean Glavany. “Est-ce une grande politique agricole que de déshabiller Pierre pour habiller Paul ?” a-t-il lancé. Et de faire les comptes de la réforme pour ceux des céréaliers. “Dans le Calvados, certains vont perdre jusqu’à 100 e/ha de résultat”. Avec du blé à 200 e, c’est déjà dur à avaler “alors à 115 e ce matin”, a souligné le responsable de la section grandes cultures de la FDSEA.
Face à la hauteur de la marche et à la brutalité du calendrier, Bertin George reprend les propositions d’ORAMA : “que les 11 % restent sur nos DPU, mise en place de MAE (Mesure Agro Environnementale) dans les zones intermédiaires, mise en place d’un vrai plan protéine visant les 500 000 ha à terme, mise en place d’une assurance récolte et de mesures fiscales pour provisionner en cas d’aléas (...)”. Et Eric Dechaufour (président du CSOB) d’abonder ce constat général en surlignant le prix de la betterave qui est passé de 42 à 25 e/t compensé à 60 %. Il est grand temps de reconsidérer l’image du betteravier.
En réponse, Christiane Lambert a relevé qu’il ne s’agissait pas d’un plan Barnier mais d’un plan présidentiel. Par ailleurs, si la FNSEA acte que les 11 % doivent rester collés aux DPU historiques, sa vice-présidente note une plus grande stabilité des prix en céréales qu’en lait. “Il faut ajuster son comportement aux perspectives de prix. Il reste des marges de manœuvre”, considère-t-elle.

Lait : ne pas se mentir
Second état des lieux, celui dressé par Jean Turmel de retour du congrès de la FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) au Mans (72). “Désemparé ce matin alors que je devrais être regonflé à bloc”, en guise de mise en bouche. Ce n’est pas une brise printanière qui souffle sur la conjoncture laitière mais plutôt un froid sibérien. “On tourne en rond. On a tous les ingrédients pour qu’il se passe quelque chose de grave. Le marché laitier est dramatique. Nous sommes le 27 mars et concernant les modalités de fixation du prix du lait, on n’ a rien”. Fermez le tank ! Mais plutôt que de laisser penser qu’il vaudrait mieux à terme raccrocher les griffes, le patron des laitiers bas-normands va peu à peu sortir les siennes. C’est tout d’abord droit dans ses bottes que Jean Turmel va défendre l’accord du 1er décembre signé par la FNPL. Un accord “fortement décrié mais il fallait avoir le courage de le faire. Heureusement que nous avons eu le sens de la responsabilité. Personne aujourd’hui ne le regrette”. Et de donner au passage son premier coup de griffe à la Coordination rurale : “non aux discours démagogiques. C’est sympa de revendiquer 400 e/1 000 l mais c’est impossible. Il ne faut pas être aveugle”. Autre coup de griffe en balayant devant la porte de l’interprofession. “Il y a un problème de maturité des intervenants. On assiste à de mauvais réflexes de marchandage”. Et enfin, Jean Turmel d’évoquer les difficultés d’adaptation et donc la nécessité de restructurer et de concentrer la filière. “Nous avons besoin que la coopération soit forte. Il nous faut renforcer cet échelon”.

Des entreprises dans le rouge.

Réponse d’Henri Hédouin (président d’Elle et Vire) : “au regard des comptes d’exploitation 2008, on constate que des entreprises sont dans le rouge. Ne nous trompons pas d’ennemi. Avec la LME (Loi de Modernisation Economique), nous avons donné les clés à la grande distribution”. Reste qu’au simple comptage du nombre d’intervenants d’un côté et de l’autre de la filière laitière, on peut affirmer que la grande distribution n’a pas attendu la LME pour s’imposer dans le rapport de force.Pascal Lebrun, responsable de la section lait de la FDSEA, considère aussi que l’interprofession doit se reprendre en main et être force de proposition. Il va même plus loin en évoquant une véritable révolution culturelle à opérer dans les têtes “avec la fin des quotas et la contractualisation”. Mieux vaut effectivement anticiper. Car si les producteurs de lait  ne se préparent pas à l’après quota, “ce sera comme dans le porc, craint Christiane Lambert. La variable d’ajustement, ce sera le nombre de producteurs”. Alors se préparer en produisant plus comme l’autorise Bruxelles ? “Plus de volume et moins de prix pour un atterrissage en douceur ? J’ai plutôt l’impression qu’on va se casser la g...”, ironise Jean Turmel. Alors quid de l’avenir ? “Actionner d’autres leviers que le prix”. Le projet FNPL 2015 (lire en page 6) va dans ce sens. Le décret foncier mérite par exemple un dépoussiérage. Mais dans l’immédiat et sur le second pilier, “il faut être les premiers à faire des propositions pour récupérer ce que l’on nous prend”, martèle Jean Turmel. Urgence aussi sur la mécanique de fixation du prix du lait. “Il faut trouver un accord politique mais surtout se mettre d’accord sur les modalités d’application. Etre capable de faire front commun sans se mentir !”

Le naisseur dans la panade
Dernier rapporteur, Daniel Courval. “On n’a plus grand chose à perdre. On va devenir de petits smicards. J’ai peur que mon exploitation s’en aille sous les sapins”. Le responsable de la section bovine de la FDSEA a volontairement poussé le bouchon très loin. Histoire sans doute de provoquer son auditoire et surtout d’attirer l’attention sur le sort des naisseurs. “Nous n’avons plus d’acheteurs locaux de broutards.”
Objectifs atteints. Pierre Brohier est monté au créneau. “Les engraisseurs qui travaillent bien ont dégagé du revenu cette année”. Quant au marasme côté broutards, la FCO en est en grande partie responsable. Jean-Yves Heurtin a mis tout le monde d’accord: “en engraissement, il y a de bons résultats. Mais il est vrai que le naisseur subit”. Face ainsi à une situation dramatique pour les naisseurs à l’herbe, Daniel Courval demande une meilleure répartition des marges au sein de la filière. Et ce ne sont pas les 3 000 à 4 000 e de retour herbe qui vont le consoler. “De quoi payer la paille aux céréaliers”, répond-il un brin (d’herbe ou de paille?) provocateur.
Plus battante que fataliste, Christiane Lambert a remis le débat syndical dans le bon sens. “Il faut faire une analyse objective et rebondir. Dans le secteur de la viande bovine, c’est sur l’organisation économique qu’il faut travailler en concentrant un peu plus l’offre”. Et de citer en exemple Bigard/Socopa qui ne s’est pas couché devant la grande distribution. De quoi réjouir les dirigeants d’Agrial .  Comme dans le lait, les maîtres mots sont restructuration et contractualisation. “Il faut trouver des solutions pour engraisser localement”. Et si les “grandculteurs” prenaient le taureau par les cornes ?

Elections européennes et PAC
• Avec la crise économique, Christiane Lambert s’inquiète du devenir du budget européen indexé sur le PIB (Produit Intérieur Brut). Autre source d’interrogation : le devenir de la PAC dans la perspective des prochaines élections européennes. José Bové, François Dufour, le président de Green Peace France et le bras droit de Nicolas Hulot sont tous tête de liste. Pour quelle politique agricole ?

Les Verts européens veulent réorienter l’agriculture
A l’occasion du lancement officiel de sa campagne pour les élections européennes de juin 2009, le Parti Vert Européen devait adopter le 28 mars à Bruxelles un manifeste de 8 pages appelant à un “New Deal vert pour l’Europe”. Ce texte programmatique appelle l’UE à prendre une nouvelle direction sur l’énergie, la justice sociale, la mondialisation et sur l’agriculture et l’alimentation. Selon ce manifeste, l’avenir de l’agriculture réside dans la production biologique et dans le commerce équitable, ce qui devra amener à réviser la Pac en conséquence. Le texte appelle à interdire les OGM sur tout le territoire de l’UE, à promouvoir les marchés locaux, et à réduire le recours aux pesticides et aux engrais “toxiques et polluants”.
Autre cheval de bataille : la protection des animaux, avec pour objectif de mettre fin aux transports sur de longues distances et d’édicter des normes de bien-être plus strictes en ce qui concerne l’élevage.
Les Verts estiment par ailleurs qu’” il faut agir plus activement pour promouvoir la réduction de la consommation de viande pour des raisons de changement climatique, de sécurité alimentaire et de bien-être des animaux”. Quant aux subventions à l’exportation accordées aux produits agricoles, elles doivent cesser  “immédiatement”.

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