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Cherbourg, Saint-Hilaire-du-Harcouët
Fermer les abattoirs, c’est tuer les éleveurs

Dimanche 7 juin 2020, le préfet de la Manche a pris la décision de fermer le dernier abattoir de la Manche, à Saint-Hilaire-du-Harcouët pour raison sanitaire. Pour une fois, le Covid-19 n’y est pour rien. Mais le drame est réel pour les filières ovines et porcines qui se retrouvent sans solution de proximité. La structure, en liquidation judiciaire, sera fixée sur son sort jeudi 11 juin 2020.

« Ça fait mal. Mon boucher est parti dimanche midi. Il a trouvé portes closes en arrivant à Saint-Hilaire. Les agneaux sont repartis, ont refait x kilomètres, deux heures de camion, ont été redistribués dans les élevages. » Ce mardi 9 juin 2020, Loris Vallée, éleveur et vice-président de l’Oscar*, ne digère pas la nouvelle : un arrêté préfectoral, tombé dimanche soir, a fait fermer le site de Grandparigny pour raisons sanitaires. Pour une fois, le Covid-19 n’y est pour rien.  « Les étals sont vides de viande locale. » Résultat d’autant plus dommage en sortie de crise de coronavirus, où les circuits courts et la viande du coin ont fait la part belle aux importations. « Je suis amer. J’ai subi de plein fouet la fermeture de l’abattoir de Cherbourg. Saint-Hilaire était déjà loin pour les éleveurs du nord Cotentin, mais nous n’avions pas le choix », lâche l’éleveur installé à Brix, entre Cherbourg et Valognes.

Rappel des faits

Le 31 mars 2020, la société ASH, délégataire de service pour la gestion de l’abattoir de Saint-Hilaire, gérée par Manuel Pringault, est placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Coutances. D’éventuels repreneurs ont alors trois mois pour trouver une solution, soit jusqu’au 11 juin. Parmi les options, l’interco Mont-Saint-Michel-Normandie avance l’idée d’une reprise en régie. Sans Manuel Pringault aux manettes. Depuis que l’abattoir de Cherbourg a fermé mi-mars, le site de Grandparigny éponge un surcroît d’activité alors que la main-d’œuvre fait défaut en pleine crise sanitaire liée au Covid-19. Des manquements sont constatés. Dimanche 7 juin, le préfet de la Manche, Gérard Gavory, prend un arrêté et clôt les portes de l’abattoir. Pour les éleveurs et la trentaine de salariés, la décision tombe dans préavis.

En attendant Carentan….

La Manche, pourtant terre d’élevage, ne compte plus à ce jour d’outil d’abattage en activité. Stéphane Etard, éleveur d’ovins à Bréhal, envisage deux options pour faire tuer ses bêtes : dans les Deux-Sèvres ou en Vendée. « C’est trois heures de route à chaque fois. J’ai une quarantaine d’agneaux commandés en vente directe pour dans quinze jours et la semaine d’après. Je pourrais aller les faire tuer en Ille-et-Vilaine, dans un abattoir familial, mais c’est 20 € de plus par bête. Je dois demander aux clients qui les ont commandés s’ils acceptent l’augmentation. » Et quid du bien-être animal ? des circuits courts ? de l’empreinte carbone ? Les éleveurs déplorent une décision aussi abrupte, alors qu’un abattoir doit voir le jour à Carentan, dans quelques mois. « Les services préfectoraux ont sûrement des éléments, mais il ne faut pas marcher sur la tête. Saint-Hilaire pourrait redémarrer, avec quelques améliorations, jusqu’à l’ouverture de Carentan. Ce serait bien vu », lance Loris Vallée. À bon entendeur.

…. des éleveurs meurent

« Nous recensons des demandes d’installation en Roussin à l’Oscar. Nous faisons de gros efforts pour la promotion de la race locale. Tout allait dans le bon sens, c’était royal. Jusqu’à la fermeture de Cherbourg. Nous nous sommes repliés vers l’abattoir de Saint-Hilaire. Il est aussi fermé. La situation pour faire abattre ses bêtes devient très compliquée », constate, amer, Loris Vallée. Et risque de décourager plus d’un éleveur, sans compter ceux qui ne pourront pas continuer.

* Organisme de sélection du Cotentin, de l’Avranchin et du Roussin de la Hague

Mont-Saint-Michel Normandie : du nouveau les 18 et 25 juin
Par voie de communiqué de presse, la communauté d’agglomération fait savoir : « les élus du bureau rappellent leur volonté forte de voir l’outil perdurer et apportent leur soutien aux employés de l’abattoir, qu’ils rencontreront dans les prochains jours. La crise du Covid et le calendrier électoral n’ont pas permis au conseil communautaire de se réunir, retardant les prises de décisions relatives à l’avenir de l’abattoir. Les conseils communautaires des 18 et 25 juin prochains permettront aux élus de délibérer sur cette question ».
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