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FNSEA et JA à Paris : une lueur d’espoirs et quelques frustrations

Le tout en images...Avec 1 700 tracteurs et 5 000 agriculteurs, jeunes et aînés et toutes productions confondues, FNSEA et JA ont atteint leurs objectifs en terme de mobilisation. Les nouvelles mesures annoncées par Manuel Valls et une méthodologie de travail plus proche des réalités du terrain constituent des avancées réelles. Un essai marqué donc, mais qu’il faut désormais transformer entre les deux barres. Ceux par contre, qui attendaient le grand soir sont déçus. Ils ont manifesté leur frustration à coup de sifflet. Autre frustration : celle de certaines délégations départementales de chauffeurs de tracteurs qui s’attendaient à un autre final dans les rues de la capitale.  

Gouvets (50) mardi 1er septembre 23 h.

Mardi 1er septembre, 23 heures sur l’aire de l’A84 à Gouvets (50), une douzaine de tracteurs de la Manche attend ses homologues finistériens partis très tôt le matin. Devant la presse, Sébastien Amand (président de la FDSEA 50), répète le mot d’ordre de la manifestation parisienne : “l’allègement des charges et de tout ce qui est normatif et règlementation franco-française. Nous allons sensibiliser les parlementaires, députés et sénateurs, au travail à réaliser dans les prochains mois pour redonner de la compétitivité à notre agriculture”.
Paris bis repetita
L’organisation est parfaitement huilée, expérience oblige. En décembre dernier en effet, le syndicalisme jeune et aîné manchois avait déjà roulé en tracteurs sur Paris “mais pour une opération de promotion et de communication sur la qualité des produits agroalimentaires normands. Là, nous sommes dans le revendicatif”, insiste Sébastien Amand. 
La jonction avec les Bretons effective, le convoi emprunte l’autoroute sous escorte policière. Prochain arrêt, Mantes-la-Jolie (78), pour retrouver les Hauts-Normands ainsi que les bus affrétés de la Manche, du Calvados et de l’Orne. Puis ce sera le périphérique parisien. “On attend 300 tracteurs de ce côté alors forcément on va perturber la circulation mais notre volonté n’est pas de prendre en otage les Franciliens”, précise Jean-Michel Hamel, secrétaire général de la FDSEA 50.

ST-MANVIEU-NORREY (14) mercredi 2 septembre 20 h

Mercredi 2 septembre, 20 heures près du rond-point Lidl à St-Manvieu-Norrey (14), une vingtaine de tracteurs venant notamment du Bocage et du Bessin convergent en un même point pour rattraper le convoi Manche/Finistère qui les a précédés.

Un déploiement de force
Si l’ambiance est conviviale à l’heure d’accrocher les derniers drapeaux et de prendre le départ, le déploiement des forces de l’ordre surprend un peu part son ampleur. L’hélicoptère de la Gendarmerie surveille les mouvements d’en haut pendant, qu’à terre, quasiment un motard par tracteur. “Il s’agit de vous accompagner pour que vous vous insériez en toute sécurité dans le flux de la circulation”, argumente-t-on du côté des forces de l’ordre.
21heures passées, le convoi emprunte le périphérique caennais à coups de klaxon puis halte dans le Pays d’Auge pour accrocher les derniers wagons. Vers 6 heures du matin, le convoi calvadosien rejoint ses homologues normands et d’Ile de France vers  Mantes-la-Jolie (78) pour la dernière ligne droite. De 9 heures à 11 heures et de plusieurs Portes parisiennes, 1 700 tracteurs vont emprunter le périphérique pour envahir Paris. Objectif final : place de la Nation. Malgré les escortes, certains se perdent un peu mais les GPS les mettront finalement en bon chemin. Sur les trottoirs, les Parisiens applaudissent des deux mains et filment avec leur portable le moment.

Devant l’assemblée nationale jeudi 3 septembre 10 h

Coincés dans les convois de tracteurs, il a fallu exfiltrer des bus accompagnateurs les représentants des FDSEA et JA (deux par département) de la nasse qui avaient rendez-vous avec les députés vers 10 heures. C’est donc en mini-bus et sous escorte policière, forcément accélératrice de mouvement, que les délégués Bretons et Normands sont arrivés à l’heure devant les portes de l’Assemblée nationale. Seulement une soixantaine de députés étaient présents à l’extérieur (une trentaine de Républicains, une vingtaine de socialistes,quelques députés d’EELV et un frontiste) pour afficher leur soutien et dialoguer avec les agriculteurs.
Grande déception du côté de la Basse-Normandie, un seul député, Véronique Louwagie (L’Aigle), était présent et a échangé de longues minutes avec Anne-Marie Denis (présidente de la FDSEA 61).

Véronique Louwagie seule élue bas-Normande
Du côté de la Manche, on relativise cette absence. “Nous avons de bons rapports avec nos députés que nous rencontrons régulièrement. Ils sont conscients de nos difficultés. Alors certes oui, ils ne sont pas là aujourd’hui mais j’ai reçu plusieurs coups de fil d’excuses”, tempère Sébastien Amand (président de la FDSEA 50).
Ressentiments différents du côté du Calvados. “Ce n’est pas la première fois que nos députés nous posent un lapin”, s’irrite Patrice Lepainteur (président par intérim de la FDSEA 14) et d’envisager une opération de sensibilisation d’une autre nature dans les prochains jours.

Place de la nation jeudi 3 septembre 15 h

Ceux qui attendaient le grand soir ont manifesté leur mécontentement à coups de sifflets et de cornes de brume. Sur le front de la contestation, les jeunes agriculteurs du Finistère ont été les plus virulents et se sont fait entendre pendant le discours de Xavier Beulin. Si les médias s’en sont tout de suite emparés, cela ne doit pas faire oublier les milliers de manifestants qui ont applaudi et prôné l’unité paysanne.
Ce malaise, réel mais qu’il convient de relativiser aussi, planait dans les rangs de la délégation calvadosienne.

Discussion avec Xavier Beulin
Positionnés à droite du podium, des éleveurs du Bessin ont pu s’entretenir avec le président de la FNSEA au terme de sa prise de parole public. Sans doute attendaient-ils plus de ces deux mois de mobilisation mais “il faut laisser un peu de temps aux centres de gestion pour mesurer l’impact financier de ces mesures sur nos exploitations”, explique la FDSEA 14, “sans oublier qu’une autre partie du combat se mène lundi à Bruxelles” . Sébastien Amand (FDSEA 50) est conscient du chemin qui reste à parcourir. “Oui, nous sommes dans le dur mais il y a des avancées. Le Gouvernement a ouvert les portes sur une réforme du fonctionnement de certaines instances décisionnelles en y rééquilibrant la représentativité des agriculteurs. Il a décidé un moratoire sur l’environnement. Ce n’est pas rien”.

Sur le périph et autoroutes en soirée

A l’invitation de Dominique Barrau (vice-président de la FNSEA) à lever le camp, ça ronchonnait chez certains chauffeurs de tracteurs. “Tout ça pour ça, lâche l’un d’eux visiblement dépité. Une tracto-parade de 1 700 engins sur les Champs Elysée, ça aurait quand même eu de la gueule et ça aurait fait de l’image pour les médias. D’autant plus que les Parisiens nous ont tous applaudis à notre arrivée ce matin.On se serait cru à la libération de Paris, en août 1945, même si je n’étais pas encore né mais j’ai vu des images d’archives à la télé”.

Des ralentissements, mais pas d’embouteillages
Mais point de baroud d’honneur. Question de sécurité et peut-être aussi d’autorisation préfectorale. N’empêche que les chauffeurs de l’exploit auraient sans doute mérités le podium pour une salve d’applaudissements et une standing ovation. Ils ont donc repris peu à peu leur volant mais les consignes de circulation ont été un peu moins respectées qu’à l’aller. Circulation de front sur le périphérique et puis encore sur les autoroutes jusqu’à plus de 100 km de la capitale. Les bus accompagnateurs ont subi aussi mais le téléphone portable a permis de débloquer certaines situations.
Et si la circulation a été ralentie par les tracteurs, pas plus d’embouteillage apparemment que d’habitude. Preuve que réguler la vitesse améliore les flux. L’action syndicale y a apporté sa contribution.

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