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François Rihouet (président des Jeunes agriculteurs de la Manche.) : clap de fin après 14 ans de belles rencontres

A 36 ans, une page se ferme pour François Rihouet. Atteint par la limite d’âge (35 ans), il laissera la présidence des JA de la Manche après les élections prévues début avril, quelques semaines après l’assemblée générale fixée vendredi 6 mars. L’occasion pour le trentenaire de revenir sur son engagement passé et à venir.

© SB

>> La prochaine assemblée générale programmée le 6 mars est la dernière pour vous. Quel bilan pouvez-vous dresser de ces deux ans de mandat ?
Je suis content de cette expérience, de l’équipe avec laquelle j’ai travaillé. Nous avons, au sein des JA de la Manche, su renouveler les adhérents. Si certains partent en raison de l’âge ou de l’évolution de leur parcours professionnel, d’autres arrivent. Je suis content aussi du nombre d’installés en parcours aidé, 88 en 2019. C’est davantage qu’en 2018 et 2017. Cela prouve que les politiques pour lesquelles nous nous sommes battus portent leurs fruits. Ce n’est pas toujours facile de mesurer rapidement sur le terrain l’impact d’actions ou de réunions. Dans nos exploitations, nous avons des attentes justifiées. Il n’y a pas qu’une seule agriculture mais des agricultures différentes. L’important, c’est que chacun puisse s’y retrouver d’un point de vue économique mais aussi personnel, familial. Il faut pouvoir vivre de son métier, de sa passion mais aussi avec le monde qui nous entoure. Cela peut être la Cuma, sa coopérative, son OP mais aussi ses voisins. J’ai eu la chance d’accueillir Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes à l’époque et aujourd’hui députée européenne. Je ne dis pas que cela changera tout tout de suite, mais cela aide à porter les messages.

>> C’est définitivement la fin des JA pour vous après avoir été quatre ans au bureau national. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est très formateur. On défend des dossiers. On apprend à actionner les bons leviers. Parfois, on doit passer par des manifestations mais pas seulement. Cette expérience est passée très vite. Le premier jour où j’ai adhéré aux JA, la première réunion cantonale à laquelle j’ai participé sur mon canton de Périers/Lessay en 2006, le premier festival de la terre et de la ruralité où je suis allé, jamais je ne m’étais projeté à la tête du département et encore moins au bureau national. Ce sont des années de belles rencontres. 

>> Comment va se poursuivre votre engagement ?
Les JA et la FDSEA ont remporté les élections de la Chambre d’agriculture il y a un an. Depuis, je suis élu secrétaire général adjoint de la maison de tous les agriculteurs. Comme au sein des JA, nous devons relever le défi de renouveler les générations. Alors, je suis responsable à l’échelle régionale de la commission de la transmission et de l’installation. Et j’adhère à la FDSEA depuis six ans.

>> Et vous gardez un lien avec les JA ?
JA un jour, JA toujours ! C’est ce que l’on dit. Il y a un véritable attachement. Mais le lien va être réellement conservé puisque je serai invité au conseil d’administration pour entendre la voix des JA et la porter au mieux au sein de la Cran (Chambre régionale d’agriculture de Normandie), un outil pour faire avancer les choses. Cela ne s’arrête pas le soir des nouvelles élections. Il faut faire en sorte que les JA et toutes les personnes intéressées par ce sujet puissent être force de propositions. 

>> Le renouvellement des générations constitue-t-il toujours un challenge ?
La transmission et l’installation restent le cœur de l’action des JA. En parcours aidé, on a obtenu de la simplification au niveau des contrôles, avec des critères moins contraignants. On travaille désormais sur le suivi post installation pour proposer un accompagnement. La DJA doit être un vrai label, un gage de réussite. Et les chiffres le démontrent. Dix ans après leur installation, 95 % de ceux qui ont fait le choix du parcours aidé sont toujours en activité parce qu’ils ont pu bénéficier d’aides, d’accompagnement, de formation... Dans le cas contraire, ce ne sont que 85 %. 

>> Qu’attendez des candidats aux élections municipales ?
Au niveau des JA, on a créé une charte qu’on propose aux candidats de signer. Elle regroupe différents points comme le vivre ensemble. On est prêt à ouvrir nos portes pour que les habitants comprennent notre quotidien. Mais face aux minorités parfois extrémistes, on souhaite que les collectivités puissent faire le tampon.
C’est également important de bien mesurer tout l’écosystème qu’il y a autour de l’agriculture dans un village. Il est économique, environnemental et social. A l’échelon local, nous avons des JA engagés dans la campagne. C’est essentiel pour notre réseau. Chez JA, il n’y a pas besoin d’être président pour faire des choses tout comme dans une commune, il n’y a pas besoin d’être maire pour faire avancer des dossiers. Il faut jouer collectif. Commencer par le conseil municipal, c’est une bonne chose.

>> ZNT, PLUi, EGA, charte de bon voisinage, autant de sujets qui vous interpellent ?
La fin de mon mandat est marquée par l’application des EGA. En production laitière, il y a des évolutions. Mais en viande bovine, la situation est déconnectée de la qualité des produits. On décourage des jeunes qui veulent s’installer. Le retour attendu dans nos exploitations n’est pas là. Notre métier reste l’acte de production. Mais nous sommes des chefs d’entreprise qui devons comprendre ce qui se passe chez nous, et autour de nous.
Dans la Manche, le nombre d’habitants stagne. Mais la consommation de foncier ne baisse pas. Or, c’est notre outil de travail. Il y a besoin de cohérence.
Quant aux ZNT, qu’il y ait une vigilance est tout à fait normal mais il ne faut pas tomber dans le dogmatisme. Elles doivent varier en fonction de la journée, de l’année, de la saison. On n’est pas là pour faire n’importe quoi. On se forme au travers du certiphyto. On est là pour vivre ensemble sur un même territoire. Le festival de la terre ou encore l’accueil de jeunes dans nos exploitations permettront de mieux faire comprendre notre métier, notre quotidien. 

>> Un dernier mot ?
Tout mon engagement n’aurait pas été possible sans mes parents, ma maman avec laquelle je suis associé en EARL depuis 2012, mon épouse et les femmes et les hommes de la Cuma, du service de remplacement… Ils sont d’un réel soutien. Cela m’a permis de partir tranquille, d’assumer pleinement mon engagement et de défendre notre beau métier.

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