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Frelon asiatique : la lutte se veut organisée

Dans la Manche, le frelon asiatique ne cesse de se développer. Plus de 3 500 nids ont été détruits depuis le début de l’année. Le conseil départemental de la Manche et la FDGDon veulent organiser une lutte collective grâce à un conventionnement avec les communes de manière à prendre en charge le coût d’éradication des nids.

lll C’est sur les communes côtières que le frelon asiatique est le plus présent. Avec 12 nids/km2, c’est Donville-les-Bains, qui détient le record. La moyenne départementale étant de 0,6 nid/km2. Depuis le début d’année, plus de 4 575 signalements ont été comptabilisés auprès de la FDGDon (Fédération départementale de défense contre les organismes nuisibles de la Manche), présidée par Denis Onfroy. Près de 3 500 nids ont été détruits dont 526 par le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours). Les chiffres parlent d’eux-mêmes pour que la prolifération soit prise au sérieux. Et c’est ce que fait le Conseil départemental de la Manche au travers de la FDGDon. « Il nous faut utiliser une méthode fiable et éprouvée », assure Jean Morin, vice-président du Conseil départemental, « de manière à organiser une lutte collective contre le frelon asiatique. Le sujet est inquiétant aussi bien pour la santé et la sécurité publique que pour l’aspect apicole et environnemental », poursuit-il. « On s’attendait à une évolution mais pas si rapidement », admet Denis Onfroy, qui prévoit jusqu’à 6 000 nids d’ici la fin de l’année. La période est dépendante de la météo. Du côté du Sdis, qui intervient sur des zones particulières, là aussi, le nombre d’interventions a plus que doublé par rapport à l’année dernière.

Ne pas agir soi-même
Dans le département, l’expertise est conduite par la FDGDon, fédération à laquelle 86 % des communes de la Manche adhèrent. La méthode est assez simple. Lorsqu’un individu repère un nid, il se doit de le signaler auprès de sa mairie. Cette dernière ayant les coordonnées des entreprises spécialisées et agréées pour intervenir. « Nous en avons répertoriées 17 », indique Antoine Métayer, directeur de la FDGDon. Des entreprises qui doivent être équipées. « Une tenue d’apiculteur ne suffit pas. Le frelon asiatique ayant un dard de six millimètres, il peut percer un vêtement d'1 cm d'épaisseur. En plus, il est capable d'éjecter du venin à distance », ajoute le technicien. Surtout, il est conseillé de ne pas déranger le nid, d’arrêter toutes activités telle que la tonte de haie, et de ne pas intervenir soi-même…

100 % d’adhésions
L’opération de destruction pourra avoir lieu à condition que la collectivité ait signé la convention de lutte collective avec la FDGDon. Pour le moment, 86 % des communes de la Manche l’ont fait. Ainsi, la commune prend en charge à 100 % le coût de destruction, estimé en moyenne à une centaine d’euros. Le Département souhaiterait que l’ensemble des communes adhérent pour avoir une véritable lutte sur l’ensemble du territoire, cohérente et efficace. A Villedieu-les-Poeles, c’est la communauté de communes qui prend en charge. Par contre, à quelques km, Granville a fait le choix de ne pas adhérer alors que la commune voisine est l’une des plus touchées. Au total, c’est une cinquantaine de communes qui n’ont pas adhéré à la FDGDon. « Pourtant, c’est au maire d’assurer la sécurité de ses habitants », déplore Jean Morin.

Un enjeu apicole
Si le frelon asiatique est bien présent dans le département comme dans de nombreuses communes de France, il met en danger les ruches et la production de miel parce qu’il se nourrit d’abeilles. Les producteurs tirent la sonnette d’alarme. L’activité de prédation sur les pollinisateurs peut impacter la biodiversité locale et la production fruitière telle que la filière cidricole. Et dernier élément expliquant sa présence plus particulièrement sur les côtes, le frelon asiatique est à la recherche de protéines qu’il peut trouver dans le poisson. « Un filet d’une vingtaine de centimètres peut être réduit aux arrêtes en quelques minutes », prévient Antoine Métayer.
Dans la Manche, 258 personnes se sont fait attaquer et piquées. Un décès a été constaté et deux dans le Calvados.

Le député, Bertrand Sorre écrit au ministre
« Un cas de santé publique »

Le député du sud-Manche, Bertrand Sorre, a interpellé par écrit le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, sur la politique d'éradication des frelons asiatiques. Pour lui, la présence et la propagation exponentielle de ce frelon en font « un problème de santé publique majeur », souligne l’élu.
La prolifération est « inquiétante, et ce, à plusieurs titres. Il s'agit d'une part d'un enjeu de santé publique, la piqûre du frelon asiatique étant potentiellement mortelle pour l'Homme. Par ailleurs, les abeilles étant une source d'alimentation privilégiée par les frelons, les attaques de ruches ont déjà entraîné l'anéantissement de nombreuses colonies et préoccupent les apiculteurs depuis de nombreuses années », avance-t-il. Plusieurs textes législatifs et réglementaires ont permis de le classer nuisible de catégorie 2 (arrêté du 26 décembre 2012). 
Bertrand Sorre souhaiterait connaître les intentions du Gouvernement et notamment savoir si une véritable stratégie de lutte nationale contre les frelons asiatiques, intégrant une prise en charge intégrale de la destruction des nids (comme cela est déjà le cas dans certains départements comme la Manche), sera mise en œuvre conformément à l'ambition affichée en 2017.
L’année dernière, le ministère de l'environnement, dans un rapport sur la stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes, prônait des « mécanismes nationaux » pour répondre à l'invasion des frelons asiatiques. « Or, dans les faits, les moyens alloués à la lutte contre les frelons asiatiques sont très contrastés selon les régions et les départements », dénonce-t-il.

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