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FRSEA : Le redressement productif agricole et agroalimentaire est-il "PACocompatible"?

La réforme de la PAC a rendu ses derniers arbitrages mais les outils redistributifs concernant le 2ème pilier restent à construire. FRSEA de Basse-Normandie, conseil Régional et administration en débattent.

© TG

L'assemblée générale de la FRSEA Basse-Normandie s'est tenue ce lundi à Caen. Au menu : "PAC 2014-2020 et loi d'Avenir, quelles perspectives d'adaptation pour l'agriculture française ?" avec l'éclairage de Dominique Barrau (secrétaire général de la FNSEA). Un constat s'impose : la baisse des soutiens expose davantage les exploitations aux mouvements de marché.

Un certain flou politique
"Vous êtes le seul à vous réjouir !" Au discours de Jean Cézard (directeur régional de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt), Patrice Lepainteur (FDSEA 14) a répondu de façon acerbe. "Le revenu par actif va baisser de 11 000 e en grandes cultures, de 5 000 e en lait et de 4 000 e en viande. Quelles sont les réponses qui nous ont été données ? Qu'on pouvait escompter sur le 2ème pilier mais nous sommes confrontés aux barrières de chargement, à des IFT (Indicateur de Fréquence de Traitement) que l'on ne pourra pas respecter sans parler de la directive nitrate avec son lot de nouvelles contraintes."
La Ferme bas-normande serait-elle dans le flou ? "Oui, affirme Thomas Pelletier, président de la FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre). On a un problème d'objectif à travers cette réforme. On veut une agriculture compétitive mais avec moins d'azote à l'hectare. On nous dit si vous produisez moins, on va vous aider... Quel est le choix politique ? C'est plutôt le flou qu'on nous relate aujourd'hui".
"Les enjeux ne sont plus forcément les aides mais les prix de marché. On a changé de paradigme(1) mais la Basse-Normandie dispose d'atouts notamment concernant le secteur laitier," a répondu Jean Cézard citant en exemple la coopérative d'Isigny et son marché chinois de lait infantile. Mais pour jouer dans la cour des grands, il faut être compétitif. La politique européenne avec ses retranscriptions hexagonales va-t-elle dans ce sens ? "Je vous trouve très optimiste, a commenté pour sa part Philippe Faucon (Manche). Passer du lisier au fumier pour limiter la problématique stockage : comment fait-on quand on a que de l'herbe et que l'on ne peut pas labourer ?  Sans oublier le volet social. Il va nous arriver le compte pénibilité. Il va falloir comptabiliser toutes ces heures. C'est bien du franco-français".

Un guichet unique méthanisation
L'occasion pour Jean-Yves Heurtin (président de la FDSEA 14) de saisir la balle au bond. "La règlementation n'a rien de pragmatique. Pour prendre des marchés, il faut être compétitif mais la 5ème directive nitrate génère des coûts supplémentaires. Dans les ZAR (Zone d'Action Renforcée) qui concernent 25 000 ha dans le Calvados, on va être obligé de doubler nos capacités de stockage lisier". Et Rodolphe Lormelet (président des Jeune Agriculteurs) d'enfoncer le clou : "allez expliquer à un jeune qui vient de s'installer il y a 2 ans qu'il doit construire une nouvelle fosse à lisier. Nous sommes les champions de l'excessivité sur le plan environnemental et social".
"Vous avez devant vous une administration au fait de l'agriculture et à vos côtés, a tenté de rassurer le directeur de la DRAAF. D'accord pour ne pas construire des cathédrales en béton. Nous sommes ouverts pour travailler sur le plan de modernisation et accompagner la mise aux normes dans les nouvelles zones vulnérables en partenariat avec l'Agence de l'Eau. Dans le cadre de cette réforme, le volet investissement est important. Je pense notamment au dossier méthanisation. Il faut simplifier les procédures. Je suis tenté par un guichet unique".

Pas de MAE sans logique économique
Si plus grand-chose ne reste à négocier au niveau de la PAC, les règles de redistribution des aides affectées au 2ème pilier (300 Me environ) sont à affiner. Chacun s'accorde sur un même objectif : consommer l'enveloppe dans sa globalité. Mais Daniel Génissel (section viande de la FDSEA Orne et président de la chambre régionale d'Agriculture) s'est montré incisif sur les MAE (Mesure Agro Environnementale). "Les MAE correspondent mal aux potentialités normandes. La mise en place de l'IFT, le plafonnement de la quantité de concentré via des achats extérieurs (...), ce n'est pas simple. Faut-il investir dans des mesures qui feront perdre un potentiel de production ? Pas de course à l'échalote en la matière sans mesure d'impact économique", a-t-il prévenu. Autre commentaire de Ludovic Blin : "ça nous fâche de constater que l'on va nous diminuer nos aides de 5 000 e par actif. On pensait se refaire un peu sur le 2ème pilier mais c'est surtout les non professionnels qui vont en profiter. La réforme de la PAC amène de la décroissance. On veut faire de l'herbe partout mais comment alors va-t-on alimenter nos outils de transformation ? Nous avons besoin de lisibilité".
Sur ce sujet aussi, Jean Cézard s'est voulu rassurant. "Il y a déjà un nombre représentatif d'exploitations qui remplissent les conditions. Cependant, il y a un choix à faire: qu'un maximum en bénéficie avec des montants plus faibles ou être plus restrictifs avec des montants plus élevés". Réponse de François Dufour (représentant du conseil Régional) : "il faut effectivement définir les critères. On a des marges de manoeuvre (recherche, innovation, autonomie en protéines...). Le travail de concertation est en train de se faire. Notre volonté est d'être en phase totale pour maintenir l'élevage et son efficacité économique". Des enjeux de taille. "Tous les choix qui seront faits sur le verdissement ne doivent pas conduire à la course à la surface, avait indiqué au préalable Pascal Férey (président de la FRSEA Basse-Normandie). Notre autre souci est de maintenir des filières en état de marche". Des filières mises à mal par l'embargo russe. Si certains s'en servent de prétexte, il s'agit d'une réalité pour la filière porcine. "Au-delà, il faut régler le problème sanitaire" a insisté Yvan Fourré soulignant au passage que les producteurs de porcs n'étaient pas des chasseurs de primes.


(1) Représentation du monde, manière de voir les choses, modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie.

Dominique Barrau : propos

- "La réussite de la politique d'installation est basée sur une bonne politique agricole et pas sur une politique de distribution des aides..."
- "80 % du revenu des producteurs de lait vient des aides et les aides baissent. La notion de prix doit revenir au centre du débat..."
- "Concernant le second pilier, il ne faut pas arriver avec des cahiers des charges trop lourds..."
- "Le temps chez nous est plus cher que chez les autres compétiteurs. A propos du compte pénibilité, l'agriculture doit chercher des alliés..."
- "Quand 7 000 agriculteurs feront du revenu avec la méthanisation, il en restera encore 150 000..."

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