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FRSEA Normandie : communiquer grandeur nature

« Relever le défi de la communication agricole », tel était le thème d’une table ronde, organisée ce lundi à Caen, à l’occasion de l’assemblée générale de la FRSEA de Normandie. Au bilan, il faut communiquer grandeur nature et à tous les étages.

lll Antoine Thibaut est producteur de lait dans l’Eure. En décembre 2016, il s’est invité dans le débat passionné du bien-être animal dont il respecte les 5 libertés fondamentales. Aidé par ses enfants, il a filmé en toute transparence son quotidien d’éleveur. La vidéo a été postée sur les réseaux sociaux le 29 décembre 2016 pour atteindre en quelques semaines les 54 000 vus. « Quand on poste une vidéo, il y a une part de hasard », assume-t-il, mais pas que... Le choix des mots clés est important et surtout il faut être au bon endroit au bon moment. Si Antoine souhaitait toucher le grand public, ce sont d’abord les médias agricoles qui ont relayé son tournage. Puis, quand le journal « Le Monde » dans sa version numérique s’en est mêlé, l’effet boule de neige a été immédiat. Depuis, Antoine poursuit son chemin virtuel et comptabilise 2 500 abonnés sur son compte twitter qu’il alimente quasiment toutes les semaines. Autre exemple de réussite, il a fait reculer Rémi Gaillard, activiste de la cause animale dont la devise est « c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui » et qui a publié une vidéo sur le bien-être animal truffée d’amalgames. Pour le contrer, Antoine lui a répondu sous la même forme « Réponse à Rémi Gaillard » au point que ce dernier a fini pas retirer sa réalisation de la toile.

Sortir de cercle agricole

Une démarche saluée par Luc Smessaert. « Face à un Gaillard qui peut atteindre le million de vu dans la journée, il faut être proactif. Il faut parler avec nos tripes et sortir du cercle agricole », invite le vice-président de la FNSEA. « Parler vrai et s’appuyer sur des chiffres. Ne pas rajouter 3 poules et 1 cochon dans la cour si vous êtes céréalier. Arrêter avec la nostalgie du passé. Parler d’une agriculture de production, parler d’une agriculture de l’innovation, parler de robot et de GPS, d’environnement, d’emploi. Il faut être dans l’offensive », poursuit le président de Farre et d’Agri Demain. Agri Demain regroupe une quinzaine d’organisations agricoles et quelque 300 ambassadeurs avec pour objectif la communication auprès du grand public. «On ne promet pas le grand soir mais on invite chacun à se prendre en main. Si chaque agriculteur était présent sur les réseaux sociaux, rêve Luc Smassaert. En attendant, « la communication, ça commence par le voisin » et pourquoi pas se servir de la « Fête des voisins » pour ouvrir les portes de son exploitation.  Pour Agri Demain, les prétextes à la fête sont légion. « Une cinquantaine de réalisations par an dont celles des moissons qui réunissent une centaine de personnes environ à chaque rendez-vous: 30 % d’agriculteurs et 70% de non-agriculteurs. Or, le citoyen s’est éloigné de l’agriculture. Il est de plus en plus urbain. Ses racines agricoles sont de plus en plus lointaines. Il a une image décalée de l’agriculture et il faut donc que nous reprenions la parole ».

Du lourd à faire valoir

Communiquer plus et de façon positive et limpide. « On est les meilleurs spécialistes de ce qui se passe sur nos fermes », rebondit Antoine Thibaut, « mais il faut adapter son langage. Ne pas parler de vache pleine ou de vache vide mais de vache gestante ou pas gestante. Ne pas parler de stabulation, personne ne comprend. C’est le mot «étable» qu’il faut employer ». Au-delà de la forme qui peut nécessiter un peu de formation, quelques éléments de fonds constituent la base d’un discours positif qui doit faire mouche. « Dans ma CDC qui regroupe 89 communes, le premier employeur, c’est l’agriculture, ça donne du sens à notre métier. Sur le plan environnemental, ce sont 700 000 km de haies que nous entretenons », liste entre autres exemples le Monsieur communication de la FNSEA. « Il faut une communication transversale » et de citer en exemple l’opération « Fermes ouvertes » qui existe depuis 28 ans. « Ce n’est pas du Martine à la ferme. Les circuits courts ont également un rôle à jouer de même que les syndicats cantonaux dans l’organisation de fêtes des voisins sur des thématiques diverses et variées. Il faut faire de la communication une priorité ».

L’expérience danoise

Autre intervenant au débat, Tobias Gräs du Danish Agriculture & Food Council. « Les politiques sont plus proches des électeurs que des amis », a expliqué le conseiller agriculture Danois à Bruxelles. C’est pourquoi, du côté de Copenhague et après avoir perdu le soutien du grand public, l’agriculture danoise a perdu aussi celui des élus. Face à ce désamour, la profession a mené une campagne de communication un peu décalée via notamment de l’affichage dans le métro. On pouvait y voir une vache non pas vantant son rôle nourricier mais une vache productrice d’énergie avec pour slogan « l’avenir n’est pas aussi sombre ». Ce plan « com » de grande envergure initié il y a 9 ans « avec de nouveaux messages a été bien accueilli par le grand public et les élus mais attention les agriculteurs doivent s’y reconnaitre aussi », convient Tobias Gräs et de préciser que « le plus grand effet d’une campagne de communication, c’est celui que l’on avait pas prévu ». En terme de communication, la modestie s’impose donc. D’ailleurs, en pleine crise du lait, les communicants ont du revoir leur copie. La positive attitude a ses limites. L’occasion pour Fabienne Buccio (préfète de Région) de souligner « qu’en cas de crise, on est souvent seule. Nous devons être solidaires sur les grands sujets ». En attendant, «l’agriculture vit un bashing(1) très fort» a conclut Arnold Puech d’Allissac, président de la FRSEA Normandie.
(1) anglicisme désignant une campagne de dénigrement systématique

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