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FRSEA/Agrial : le torchon brûle-t-il ?

Le torchon brûle-t-il entre les branches lait de la FRSEA Normandie et d'Agrial ? Pas encore « parce que face à des industriels , on a besoin d'une coopération forte », lance un syndicaliste. A condition cependant que l'on raccroche le wagon au plus vite après le décrochage.

De gauche à droite : Benoit Drouin (président du conseil de surveillance de la branche lait Agrial), Pascal Lebrun (son président), Arnold Puech d'Alissac (président de la FRSEA Normandie,) Ludovic Blin (section lait FRSEA Normandie), Philippe Marie (section lait FDSEA 14); Laurent Duclos (section lait FDSEA 27), Nicolas Declomesnil (section lait JANormandie). DR
De gauche à droite : Benoit Drouin (président du conseil de surveillance de la branche lait Agrial), Pascal Lebrun (son président), Arnold Puech d'Alissac (président de la FRSEA Normandie,) Ludovic Blin (section lait FRSEA Normandie), Philippe Marie (section lait FDSEA 14); Laurent Duclos (section lait FDSEA 27), Nicolas Declomesnil (section lait JANormandie). DR
© TG

lll Invitation ? Convocation ? Qu'importe finalement l'intitulé de ce moment d'échanges qui s'est déroulé le 27 septembre dernier à Carville (14). La discussion a parfois été virile entre représentants de la FRSEA et représentants d'Agrial mais les laitiers se sont parlés de producteurs à producteurs sans faire déborder la casserole.

Un décrochage de 15 EUR
Elément déclencheur de cette passe d'armes, le décrochage de 15 EUR d'Agrial sur le prix des 1 000 l de lait « avec un T4 qui devrait être du même ordre que septembre. On va avoir un prix du lait payé en 2018 inférieur à 2017 alors que la situation s'améliore, déplore Ludovic Blin (président de la section lait de la FRSEA Normandie. C'est là qu'on ne comprend pas ce décrochage surtout par rapport à l'environnement » (Ndrl : Lactalis notamment). Mais pendant que certains voient la bouteille de lait à moitié pleine, d'autres la voient à moitié vide. « La cotation beurre-poudre reprend un peu de couleur mais ne s'enflamme pas. On n'aura pas la belle embellie sur la fin de l'année », pronostique Pascal Lebrun (président de la branche lait d'Agrial) soulignant au passage « la très grande volatilité des prix que l'on ne connaissait pas auparavant » et reconnaissant que « la caséine et le lactosérum nous plombent ».

En fonction du mix de l'entreprise
Conséquence « décrochage ». Un incident de parcours mais pas un accident industriel. Et à défaut de prix interprofessionnel, « Agrial fixe le prix payé en fonction du prix du mix de l'entreprise et de la valorisation que l'on en fait avec des forces et des faiblesses. On ne dérogera pas sur ce point », a rebondi Pacal Lebrun et Agrial de jouer la transparence en dévoilant à la louche le détail de ce mix en prix et en volume.
Un argument recevable en l'état mais qui pose question face à la politique d'investissement de la coopérative qui rachète des entreprises dans les légumes, la charcuterie, la boisson et le lait. « En Espagne, en Italie, en Allemagne. 100 MEUR d'investissement pour vendre des PGC (Produits de Grande Consommation) et ramener de la valeur en France, justifie Pascal Lebrun. Notre choix est de continuer à investir pour préparer demain. La branche lait se construit avec l'histoire d'Agrial. On a promis des choses sur notre territoire qui ne sont pas au rendez-vous. On n'est pas dans le haut du peloton mais notre envol ne date que d'il y a deux ans quand on a fusionné avec Eurial. Il aurait été plus confortable de rester avec Savencia. Il nous faut 10 ans pour construire notre branche lait. En légumes, il nous a fallu 20 ans ».

Continuer à investir
Décrochage aux 1000 litres et décrochage calendaire du retour sur investissement à un moment où des producteurs exsangues ne peuvent plus attendre. « Pour écrire une histoire, il faut des acteurs », lance un participant. « On vend nos produits au même prix qu'il y a 20 ans alors que tous les intrants ont augmenté », poursuit un autre qui n'arrive pas à résoudre la difficile équation financière de l'installation de son fils.
Du côté des administrateurs d'Agrial, on s'est serré les coudes rappelant qu'en premier lieu, « nous aussi, nous sommes des producteurs de lait ». Qu'ensuite, « ce sont les adhérents d'Agrial qui ont voulu investir dans le lait pour aller chercher des volumes ».

Et maintenant on fait quoi ?
« Il ne faut pas se focaliser sur un trimestre ou sur un mois qui est moins bon », a tenté de synthétiser Pascal Lebrun. « Mais il va falloir attendre jusqu'à quand ?», s'est interrogée une agricultrice et son voisin d'enchainer : « il va falloir parler argent, j'ai envie de me coucher ».
Pour Guillaume Larchevêque (ancien président de JA 61), « cette réunion est un acte syndical mais c'est quoi la porte de sortie ?» C'est Arnold Puech d'Allisac (président de la FRSEA Normandie) qui en a donné la clé. «Agrial ne doit pas décrocher. C'est une question d'affichage. Quelle partie garder pour continuer à investir ? Quelle part faut-il redistribuer ? Quels sont les besoins des uns et des autres ? C'est à vous de décider mais communiquez bien sur ce point. Redonnez-le maximum et le plus tôt possible. Il y a deux ans, on était devant chez Lactalis, pas devant chez Agrial ».

Les producteurs, vaches à lait du groupe Agrial
Le groupe Agrial a communiqué le prix du lait qu'il va appliquer au quatrième trimestre 2018, ce sera 315,62EUR/1000 litres, soit 5 euros de plus qu'en septembre.
Pour mémoire, le prix annoncé par Lactalis sur la même période est de 334,70EUR/1000l. Sur l'année 2018, le prix de base moyen payé par Agrial sera de 312,04EUR (314,30 en 2017) contre 317,39EUR/1000 litres chez Lactalis (314,74 en 2017).
Dès l'annonce du prix de septembre, la FRSEA s'est mobilisée pour interpeller les responsables de la coopérative. A plusieurs reprises nous les avons alertés sur l'incohérence d'un prix annoncé en baisse quand toutes les autres entreprises annoncent des prix en hausse. Nous les avons aussi alertés sur l'incompréhension des producteurs qui attendent du projet laitier de leur coopérative une meilleure valorisation de leur lait et à qui on ne renvoie que le record du prix le plus bas.
Les producteurs de lait, coopérateurs d'Agrial ou pas, subissent un déficit de trésorerie depuis plus de deux ans. La conjoncture laitière nationale et internationale permet des prix qui redonnent des perspectives aux producteurs. C'est le cas partout sauf à Agrial.
Il semble que le groupe attend de sa branche laitière une contribution au résultat que sa situation particulière ne permet pas et que, pour ce faire, c'est le prix d'achat du lait aux producteurs qui en pâtit.
La FRSEA refuse l'idée que les producteurs puissent être la variable d'ajustement des résultats de la branche lait, et donc du groupe Agrial. Nous le refusons d'autant plus que le signal envoyé est un appel à la baisse adressé aux autres entreprises, au détriment de tous les producteurs de lait de notre région.
Au 2 octobre, il est encore temps de revoir la copie. Pour faire comprendre à Agrial que la situation des producteurs doit être mieux prise en compte, la FRSEA invite tous les producteurs de lait qui le souhaitent à signer la pétition en ligne à l'adresse suivante :

https://chn.ge/2zMxACY

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