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ENVIRONNEMENT
Gagner en temps et en efficacité

Le compostage à la ferme.

De plus en plus d’éleveurs optent pour le compostage de leur fumier. Gain de temps, qualité de l’épandage, augmentation des surfaces épandables : nombreux sont les avantages de cette technique. Mais il faut rester vigilant sur la qualité du compostage. “Je divise par deux ou trois mes tonnages de fumier à épandre chaque année. C’est autant de temps en moins à passer sur le tracteur lors des chantiers d’épandage !”. C’est pour cette raison que Guillaume Pellerin, associé du GAEC du Mont Menin, sur la commune de la Vieux Rue (Seine-Maritime), a renouvelé pour la troisième année consécutive le compostage de l’intégralité du fumier produit par le cheptel de son exploitation. Suite au compostage, la masse de fumier peut diminuer de 30 à 60 % selon la nature du produit initial (teneur en paille, matière sèche) et la qualité du compostage. Cela se traduit par une économie de temps proportionnelle lors des chantiers d’épandage qui peut être interressante en période de pointe.Cette exploitation conduit une partie de ses cultures en non labour. Guillaume Pellerin trouve un autre avantage de taille à la technique du compostage : la qualité du fumier composté . “Il y a quatre ans, avant d’essayer le compostage,  nous avions des soucis de travail superficiel du sol. Les résidus de fumier, tombant au sol en “paquets”, nuisaient à la régularité du travail avant l’implantation des cultures. Actuellement, le produit composté s’émiette plus facilement et est bien réparti sur toute la largeur. Il est donc parfaitement adapté à notre système de culture sans labour”. Le compostage est particulièrement intéressant pour les éleveurs ayant un mode d’élevage sur litière paillée accumulée, qui génère un fumier compact. Les retournements d’andain et l’activité microbiologique qui ont lieu pendant la phase de compostage permettent d’obtenir un produit fin et homogène, ce qui améliore la qualité de l’épandage.Les épandages de fumier composté peuvent être réalisés sur des prairies pâturées : il n’y a aucun problème d’appétence et le risque de salissement des parcelles est fortement réduit. En effet, le compostage induit une élévation de la température pouvant aller jusqu’à 70 °C, ce qui permet de réduire fortement le nombre de germes pathogènes et de graines d’adventices. L’épandage peut être réalisé en toute saison, avec un délai de deux à trois semaines seulement avant le pâturage.Autre avantage pour les exploitations situées à proximité d’habitations : la surface potentiellement épandable peut être significativement augmentée si l’on épand du compost plutôt que du fumier. En effet, en régle générale, la distance d’épandage d’un compost par rapport aux maisons d’habitation est de 10 m, au lieu de 50 m pour les fumiers (se renseigner auprès de votre Chambre d’agriculture pour connaître la réglementation dans votre département).

Réaliser un bon compostage

D’un point de vue réglementaire, on qualifie un produit de “composté” s’il répond aux deux critères suivants :- les andains doivent faire l’objet d’au minimum deux retournements ou d’une aération forcée ;- la température des andains doit être supérieure à 55 °C pendant 15 jours ou à 50 °C pendant six semaines.Le compostage nécéssitant la présence d’oxygène, le produit à composter ne doit pas être trop humide et assez pailleux (7-8 kg de paille par UGB et par jour).Pour faciliter le travail du retourneur d’andain, il est important de soigner la préparation du chantier de compostage : un andain bien fait, c’est un gain de temps et une facture de compostage allégée.Une fois le fumier extrait de la stabulation, il doit être déposé en bout de champ, sur une parcelle plane, saine et facilement accessible pour l’entrepreneur réalisant les retournements. Pour un retourneur de 4 m, les dimensions maximales conseillées sont de 3,5 m de largeur et 2 m de hauteur.Après 10 à 15 jours, le premier retournement peut avoir lieu. L’élévation de la température est surveillée par des prises de température hebdomadaires, en plusieurs endroits, en prenant la précaution de mesurer le milieu de l’andain. S’en suit une période de 15 à 20 jours avant le deuxième retournement. Lorsque ce dernier est effectué, il faut 20 à 30 jours avant de pouvoir épandre le compost. Cette durée est ajustable selon la nature du produit recherché. Plus la phase entre le deuxième retournement et l’épandage sera longue, plus le produit obtenu sera “mature” et stabilisé.

Des règles à respecter

Le compostage du fumier au champ est autorisé, mais doit cependant respecter certaines conditions (élevages en autorisation ou en déclaration, arrêté du 7 février 2005) :

- composter des fumiers compacts pailleux, non succeptibles d’écoulement, tenant en tas et ayant séjourné 2 mois minimum sous les animaux ;

- disposer l’andain dans un endroit où l’épandage est autorisé (éviter les zones humides, les zones sensibles aux passages d’eau…) ;

- respecter les distances de dépôt au même titre qu’un dépôt de fumier classique ;

- limiter la durée du dépôt à 10 mois maximum sur un même emplacement, le modifier chaque année et ne pas revenir sur un même emplacement avant 3 ans ;

- ne pas ajouter d’effluents liquides (eaux blanches, vertes, lisiers) sans disposer d’une plate-forme étanche équipée d’une fosse de collecte des jus ;- enregistrer les informations sur le produit composté : nature de l’effluent composté, date de début, date de fin de compostage, prise de température hebdomadaire du tas…


Un gain de temps pour des coûts semblables

“Le coût nécessaire pour faire venir le retourneur d’andain est compensé par la diminution du temps du chantier d’épandage”, affirme Guillaume Pellerin. Le retournement représente un coût non négligeable, mais la diminution du tonnage d’effluents entraîne une diminution des coûts d’épandage. Globalement, on estime que le coût d’un chantier de compostage équivaut à celui d’un chantier de fumier traditionnel, main-d’œuvre comprise (voir tableau).Pour plus de renseignements, contacter votre Chambre d’agriculture.

Que ce passe-t-il lors du compostage ?

Le compostage est un procédé biologique aérobie (en présence d’oxygène) qui assure une oxydation biologique de la matière organique d’un substrat. Il s’accompagne d’un dégagement gazeux (CO2 et composés azotés volatils), d’une concentration du phosphore et de chaleur. La matière organique est réorganisée, plus stable et permet d’enrichir le sol en humus, améliorant ainsi sa structure.

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