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SANTÉ
Gérer le parasitisme équin à moindre coût, c’est possible !

Lors des rencontres annuelles des Réseaux Equins du grand Ouest qui regroupent les régions Normandie, Picardie et Pays de la Loire, l’un des thèmes de travail était le parasitisme équin.

Avec l’alimentation, c’est un poste de charges important dans les structures équines. C’est aussi un domaine trop rarement raisonné, avec des protocoles appliqués systématiquement, sources de gaspillages de molécules -parfois persistantes dans les sols- et d’argent pour les exploitants. Pour traiter de ce sujet, les Réseaux Equins avaient invité Christian Mage, expert en santé animale, et particulièrement en matière de parasitisme des herbivores.Au cours d’une demi-journée, il est revenu sur les principales pathologies parasitaires des équins, en rappelant les cycles biologiques des parasites, les mesures préventives possibles et les protocoles de traitements réalisables.Pour Christian Mage, l’efficience d’un traitement doit associer non seulement son efficacité sur l’animal mais aussi son coût économique.


Viser les strongles gastro-intestinaux en fin d’été

Il s’agit principalement des petits strongles, les Cyathostomes qui infestent les chevaux au pâturage. A la mise à l’herbe en avril-mai, il y a peu de larves infestantes de strongles sur les prairies. Elles meurent de vieillissement pendant l’hiver, et au printemps, la contamination des prairies est faible.Les œufs de strongles, rejetés dans les crottins (schéma 1), évoluent en larves au niveau du sol. En fin d’été-automne, ils donnent des larves infestantes qui se fixent au pied de l’herbe. Ainsi, les prairies sont fortement contaminées par des larves infestantes de strongles. L’infestation s’amplifie avec une faible hauteur d’herbe offerte aux chevaux.Les jeunes poulains sont les plus sensibles. Les réinfestations développent des réactions immunitaires qui rendent les adultes moins sensibles aux parasites. L’examen des crottins indique le niveau de l’excrétion parasitaire, et non celui de l’infestation des chevaux.L’évolution des petits strongles, parasites dominants, s’effectue par migration larvaire dans la sous muqueuse du gros intestin et du cæcum, et par des adultes dans la lumière de l’intestin et du cæcum. Au cours du pâturage d’automne-début d’hiver, les larves infestantes de strongles se mettent en vie ralentie, appelée hypobiose (schéma 2) dans la sous muqueuse des chevaux. A ce stade biologique, les médicaments n’ont pas tous une bonne efficacité, en comparaison à d’autres périodes de l’année. Les larves vont se maintenir en phase d’enkystement, à ce stade, pendant plusieurs mois. En fin d’hiver-début de printemps, les larves poursuivent leur évolution après le désenkystement. Cette phase est relativement pathogène. Affaibli, l’animal peut présenter de l’amaigrissement, du poil piqué.

En été , il y a aussi les mouches…

Les gastérophiles sont des parasites rougeâtres qui se fixent sur la muqueuse gastro-duodénale ou rectale, après une infestation par les mouches, pendant l’été (schéma 3). Les œufs du parasite sont déposés sur les poils des pattes. Ils sont reconnaissables à leur couleur jaune. Après migration des larves dans l’organisme, ils se localisent dans l’estomac où ils provoquent un encombrement et des réactions irritatives des cellules de la muqueuse. Tous les chevaux au pâturage sont infestés pendant l’été, et dans toutes les régions. Lors de fortes infestations, ces parasites peuvent obstruer partiellement la lumière intestinale.

Contrôles et traitements

Les infestations parasitaires des chevaux doivent être contrôlées après la saison de pâturage. Il faut éviter qu’il y ait une forte population de larves de strongles digestifs au stade d’enkystement dans l’organisme. Le traitement doit viser une activité sur les stades adultes et larvaires des strongles. Les gastérophiles invisibles à l’oeil nu doivent également être éliminés.Chaque parasite doit être traité avec le produit adéquat. Pour cela, il est nécessaire d’utiliser des molécules ayant le spectre d’activité correspondant au parasite visé. La période d’intervention (liée au cycle du parasite) est également déterminante, tout comme la posologie qui doit être raisonnée en fonction du poids de l’animal. Ce point est fondamental si l’on veut éviter les sous-dosages qui sont néfastes pour l’efficacité du produit antiparasitaire. En revanche, les sous-dosages favorisent le développement des résistances des parasites aux produits utilisés. Il faut donc pouvoir estimer assez précisément le poids de l’animal.Pour les poulains, ainsi que les juments élevées dans des pâturages à fort risque parasitaire (paddock), le contrôle des strongles gastro-intestinaux s’effectue avec des traitements mi-juin et début septembre, avec des molécules à longue action. Avec des molécules à action immédiate et non rémanentes, les traitements sont réalisés aux mêmes périodes, plus un troisième en novembre. Les gastérophiles sont également traités en novembre. Il n’y a pas de molécule à action de longue durée connue pour eux.Pour les foals, un premier traitement réalisé vers 3 mois d’âge améliore la croissance. Un second traitement peut être réalisé au sevrage, en même temps que les traitements des tænias et gastérophiles.

Le pâturage, outil de gestion du parasitisme

Les chevaux ont un comportement qui limite les risques d’infestation. Ils pâturent majoritairement dans des zones différentes de celles où ils déposent leurs fécès. En condition d’élevage, ce comportement n’est pas toujours suffisant pour se prémunir des infestations parasitaires. Les chargements élevés et le pâturage ras favorisent les infestations. La conduite de pâturage peut aider à limiter l’infestation de strongles chez les chevaux. Il faut limiter l’évolution des œufs de strongles en larves infestantes sur l’herbe.L’un des moyens de gestion du parasitisme est de faire pâturer les juments et les poulains sur des prairies différentes, entre le printemps, l’été et l’automne. Cette pratique limite l’ingestion de larves infestantes de strongles et réduit fortement le niveau de contamination des animaux. Le pâturage sur des hauteurs d’herbe supérieures à 5 cm limite aussi fortement l’ingestion de larves de strongles et de taenia.Le pâturage mixte de chevaux et de bovins est une conduite qui permet de limiter efficacement les infestations par les strongles de chaque espèce animale. Les strongles sont spécifiques à chaque espèce. Ainsi, si les larves de strongles des équins sont ingérées par les bovins, elles seront détruites. Le cycle sera rompu. Il en va de même pour les larves de strongles des bovins ingérés par les équins. On peut ainsi réduire la pression parasitaire sur la pâture et sur les animaux.


Conclusion

Au pâturage, les chevaux sont, eux aussi, soumis aux infestations parasitaires. Tous les parasites n’ont pas la même fréquence ni les mêmes conséquences zootechniques et pathologiques. Il est donc nécessaire de hiérarchiser leur importance selon les catégories d’animaux, de pratiquer un contrôle parasitaire, de connaître le poids de ses animaux et de choisir le produit adapté.Les traitements doivent être raisonnés en fonction du parasite et s’effectuer avec soin et précision pour être efficaces. La maîtrise passe également par des règles de bonne gestion du pâturage, voire par des associations bovins-équins sur les prairies.

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