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Lait
Graindorge : une “alerte butyrique” qui pose question

Prime “d’excellence butyrique” ou cessation de collecte pendant 6 jours, la Laiterie Graindorge manipule la carotte et le bâton. La ligne blanche est-elle franchie ? La question mérite d’être posée. L’arrêt de collecte est une exception parfaitement encadrée.

Pour être complet, rappelons cependant qu’à compter du 1er décembre, l’entreprise Graindorge met également en place une prime “d’excellence butyrique”. Pour une moyenne mensuelle inférieure ou égale à 200 spores par litre, le producteur percevra un montant de 1,524 e par 1 000 l sur ses livraisons. Ceci sur les mois d’octobre à avril inclus.
Pour être complet, rappelons cependant qu’à compter du 1er décembre, l’entreprise Graindorge met également en place une prime “d’excellence butyrique”. Pour une moyenne mensuelle inférieure ou égale à 200 spores par litre, le producteur percevra un montant de 1,524 e par 1 000 l sur ses livraisons. Ceci sur les mois d’octobre à avril inclus.
© TG
A compter du 1er décembre 2006, sur 5 résultats consécutifs glissants, si 4 sont supérieurs à 1 500 spores par litre, une cessation de collecte sera appliquée pour une durée de 6 jours. Pendant cette période, une action corrective sera mise en place par vos soins. La reprise du lait interviendra au-delà et le compteur des résultats redémarrera à zéro au jour de cette reprise”. Après avoir imposé à sa façon la “Normandisation” en début d’année, Thierry Graindorge (Fromagerie Graindorge à Livarot-14) s’attaque désormais au dossier des butyriques. On peut comprendre la volonté d’une entreprise qui transforme toute sa production en AOC à mettre tous les atouts sanitaires de son côté. Mais il semble que la ligne blanche soit franchie. “Abus de position dominante", avancent même certains. Aucun collecteur n’a le pouvoir de définir sa propre politique d’arrêts de collecte. Hors cadre juridique L’arrêt de collecte laitière est en effet parfaitement encadré. Il ne concerne que des normes “cellule” ou “germe”. Mais, à aucun moment, les butyriques (qui constituent un critère interprofessionnel de paiement du lait) ne figurent dans les textes réglementaires relatifs à la qualité du lait. “Il n’existe dans ce cas de figure aucun cadre juridique et c’est pour cela que nous intervenons”, explique Jean Turmel. Et le président de la section lait de la FRSEA de Basse-Normandie d’appeler les producteurs “à ne surtout pas se laisser intimider par des méthodes qui relèvent plus du chantage que de la concertation. Qu’ils prennent contact avec nous et nous saurons nous organiser en conséquence pour retrouver un peu plus de bon sens dans l’approche de ce dossier”. Enfin le fait qu’une association de producteurs ait contractualisé un accord d’entreprise avec la laiterie ne change rien à l’affaire. “Ils ont le pouvoir de négocier un complément de prix mais certainement pas celui d’accepter d’éventuels arrêts de collecte”, assure-t-on de source juridique. Si les interprofessions ont d’ailleurs été créées, c’est parce ce qu’elles constituent la meilleure garantie du respect des règles régissant les relations producteurs/transformateurs. Selon certaines sources, un producteur sur quatre serait menacé.Un chiffre qui étonne et qu’essaie de comprendre Jean Turmel. Les producteurs de lait du Pays d’Auge ont un savoir faire égal à ceux de leurs homologues d’autres régions de Normandie. Aussi cette inflation de flore butyrique à certaines périodes de l’année ne serait-elle pas liée au régime alimentaire ? Régime alimentaire à base d’herbe. Ce qui constitue, en présence d’un ensilage mais pas d’un foin, un début d’explication. 20 producteurs Du côté de la Fromagerie Graindorge, on réfute ce lien herbe/poussée butyrique. "La majorité de nos producteurs qui utilisent de l’ensilage maîtrisent parfaitement la qualité butyrique", insiste Christophe Montagu, responsable de la collecte et des relations avec les producteurs. Sur la base de l’historique de l’entreprise, cette problématique ne concernerait qu’une vingtaine de producteurs. Problématique qui impose à la Fromagerie l’organisation de tournées de ramassage spécifiques pour collecter un lait chargé en butyriques. Ce lait est revendu à la filière beurre/poudre. "Un manque à gagner important pour l’entreprise et des charges supplémentaires. Certains producteurs ne semblent pas soucieux de la qualité butyrique de leur lait", s’étonne Christophe Montagu. "Notre idée maîtresse est de resensibiliser et remotiver les éleveurs qui ont des problèmes mais pas de sanctionner à tout prix". Et l’entreprise Graindorge de mettre en avant ses efforts qualités. Deux personnes à temps plein au service des éleveurs, des analyses maisons qui ne sont pas refacturées (...); le tout au service de produits AOC à forte valeur ajoutée. Quant à la validité juridique de ce contrat butyrique qui va jusqu’à l’arrêt de collecte ? La question surprend. "Il ne s’agit pas d’une démarche unilatérale mais d’un travail en commun avec les deux associations de producteurs", fait-on remarquer. Th. GuillemotQuestion à : Bernard Houssin, Ingénieur Lait à la Chambre d’Agriculture de la Manche Peut-on faire une corrélation entre ensilage d’herbe et présence de spores butyriques dans le lait? Il est clair que les ensilages sont favorables au développement des butyriques. En particulier l’ensilage d’herbe. C’est pour cela qu’il faut être très prudent au moment de la confection du silo. Par exemple mettre un conservateur, veiller à l’absence d’herbe en ne fauchant pas trop ras... L’ensilage d’herbe, du fait de sa richesse en azote, se conserve difficilement. Le Ph descend trop lentement. Les butyriques ont le temps de se développer et de se multiplier. Après, on va les retrouver dans les bouses qui salissent les trayons. Et on pourra mettre en place toutes les mesures d’hygiène au niveau des trayons, on n’arrivera jamais à éliminer tous les spores butyriques. Il est donc exact d’affirmer que l’ensilage d’herbe favorise la pollution butyrique du lait.
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