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LABEO
Guillaume Fortier : « nous visons 2000 analyses de tests Covid-19 par jour »

Vendredi 3 avril, le ministère de la Santé a autorisé les laboratoires départementaux à analyser des tests de Covid-19. Les équipes de Labéo (Calvados, Manche, Orne, Eure) sont sur le pont pour mener de front cette nouvelle mission de service public et leurs missions habituelles. Guillaume Fortier salue la force de frappe multi-départementale.

Guillaume Fortier insiste sur « la puissance d’action du groupement d’intérêt public ». Il n’écarte pas la possibilité de réaliser des tests sérologiques, selon les orientations prises par les autorités et les choix faits régionalement.
© Labéo

De quelle technologie disposez-vous ?

Les tests de dépistage du Covid-19 sont, à la cible près, exactement les mêmes que ceux que nous utilisons pour les chevaux et les bovins : il s’agit de la même chaîne et technologie analytique, à partir du moment où l’on veut détecter un virus à ARN ou ADN. Je pense par exemple au BVD chez les bovins ou à la grippe chez les chevaux. La technologie des tests RT-PCR, d’amplification génique, est utilisée dans les laboratoires du monde entier : on amplifie la présence potentielle d’un gène dans un prélèvement.

Concrètement ?

Nous analysons un écouvillon naso-pharyngé. Une fois encore, ces écouvillons sont très fréquemment utilisés dans l’univers du diagnostic vétérinaire en santé animale. Parfois, ce sont les mêmes. La RT-PCR détecte la présence potentielle du matériel génétique du virus, c’est-à-dire si le patient est porteur et l’excrète ou non.  Nous utilisons cette technique depuis vingt ans - la sensibilité et la rapidité s’étant fortement améliorées - à raison de 200 000 tests par an pour le cheptel bovin normand et les chevaux de la France entière. C’est la routine pour un laboratoire comme le nôtre. Le Labéo compte six docteurs en virologie (PhD) spécialisés en maladies infectieuses chez les mammifères.

Vous passez d’analyses animales à humaines. Qu’est-ce qui change ?

Oui, la cible originale change. Nous avions travaillé sur le SRAS en 2003, avec des collègues médecins du CHU de Caen ou de l’Institut Pasteur. C’est comme si vous demandiez à un cultivateur de semer du blé au lieu du maïs. Le semoir et les réglages ne sont pas les mêmes, mais il va savoir le faire. Les informaticiens vont sûrement s’arracher un peu les cheveux sur l’identification des échantillons car, d’une analyse de code-barres de troupeau ou d’une puce pour les chevaux, nous allons passer à des numéros de sécurité sociale.

Qui sont vos interlocuteurs ?

Le Centre hospitalier universitaire de Caen, le centre François-Baclesse (et ses biologistes), l’Agence régionale de santé, les préfets. Nous apprenons à mettre en place un dispositif exceptionnel. Nous avons travaillé sur les analyses d’eau et d’environnement au moment de la crise de Lubrizol ; nous avons analysé des milliers d’encéphales bovins, au moment de la crise de la vache folle, H24 en 3 x 8 heures. Mais nous n’avons jamais travaillé dans ce cadre précis d’appui direct à la santé humaine : sur les 400 salariés des quatre sites Labéo, 115 sont opérationnels et viennent dans des conditions de distanciation physique, l’ambiance est très particulière. L’équipe technique Covid-19 de Labéo est complète, elle est composée de personnes volontaires, c’est formidable. Nous mettrons en place un calage très précis du test, validé par le CHU, sous tutelle des laboratoires de virologie et des biologistes dont c’est le métier et la responsabilité. Ils valideront nos résultats.  Nous sommes, depuis le début, dans cette dynamique grâce à eux. Nous aurons le même souci que tout le monde pour l’approvisionnement en tests, mais nous avons pris les devants et allons voir cela avec le CHU qui décidera, in fine, des process précis – ce sont eux qui auront cette décision.

Comment allez-vous vous organiser en interne pour continuer les analyses animales ?

Nous allons shunter une partie du parc matériel et robotique destinée aux chevaux et bovins, ainsi qu’une partie de nos locaux. Les sites de Saint-Contest (14) et Saint-Lô (50) seront réquisitionnés pour le Covid-19. Quand nous serons calés, en pleine capacité, nous visons 2 000 tests analysés par jour pour les deux sites. Le site d’Alençon pourra venir en renfort. Mais le challenge est bien aussi d’assurer notre mission de continuité de lutte contre le BVD, la tuberculose etc. Nous allons organiser une rotation des équipes Covid-19 avec celles des prophylaxies pour ménager tout le monde.

Ne trouvez-vous pas que le gouvernement a un peu tardé pour vous donner le feu vert ?

Pas tant que cela. Ça n’est jamais arrivé qu’un laboratoire interdépartemental comme le GIP Labéo soit requis pour aider le monde hospitalier lors d’une pandémie humaine de cette ampleur. Nous sommes face à une histoire exceptionnelle pour le monde entier. Beaucoup de chaînes de solidarité et d’entraide s’organisent. Nous avons commencé à travailler l’idée d’un tel dispositif dès le mois de mars. Nous attendons (à date de mardi 7 avril, NDLR) l’arrêté signé du préfet pour poursuivre. Les GDS sont d’un grand soutien et comprennent la démarche d’intérêt général. Les élus départementaux, notre présidente Stéphanie Yon-Courtin, et les présidents des Conseils départementaux du Calvados et de la Manche, Jean-Léonce Dupont et Marc Lefèvre aussi. Le préfet du Calvados a été très positif et actif. Tous, nous souhaitons agir pour les gens de notre territoire.

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