Aller au contenu principal

Guy Vasseur (APCA) : “que les agriculteurs votent”

6 et 13 décembre 2015 Le président de l’APCA (Assemblée permanente des Chambres d’agriculture) appelle plus que jamais les agriculteurs à voter.

© Alexandre RENAULT/Le Paysan Tarnais

Selon lui, ces élections sont d’autant plus importantes que les régions acquièrent un rôle important en matière agricole. Les chambres d’agriculture elles-mêmes se disent prêtes pour la nouvelle configuration régionale, même si l’unité de base reste la chambre départementale, proximité oblige.

Qu’est-ce que la nouvelle organisation territoriale change en termes de gouvernance pour les chambres régionales?
Dans le réseau des chambres d’agriculture, pour les régions qui sont fusionnées, nous aurons à mettre en place une session, un bureau, un directeur et un président. Nous étions prêts à y procéder en novembre, afin d’être opérationnels avant janvier. On a fait une proposition de décret sur les missions et compétences dévolues aux chambres régionales, qui prévoit notamment que chaque département soit représenté au bureau de la future région. Le gouvernement, lui, n’était pas encore prêt. Depuis seulement quelques semaines, nous savons où se situeront les capitales et grandes directions de l’État dans les régions nouvelles. Les grandes directions ne seront pas forcément dans les capitales régionales. Par exemple, en Rhône-Alpes - Auvergne, la capitale sera à Lyon tandis que la Draf sera à Clermont Ferrand. Autre région, la capitale de Champagnes Ardenne Alsace sera à Strasbourg tandis que la Draf sera à Châlons-en-Champagne. Nous attendons donc la sortie du décret et de l’ordonnance de réorganisation des régions pour aller de l’avant et adapter nos équipes d’élus. Ceux-ci sont prêts mais il a fallu décaler cette adaptation. On aurait aimé que tout soit réglé avant les élections aux conseils régionaux.

Pour certains élus des régions d’aujourd’hui, la distance pour se rendre à l’assemblée
de la nouvelle région risque d’être dissuasive, non ?
Oui, c’est pour cela qu’un système de pouvoirs a été prévu. Chaque membre pourra être porteur de deux pouvoirs. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui. En termes opérationnels, la session de chaque nouvelle région sera composée des sessions des régions actuelles qui la composent. D’une part, la région est plus grande et, d’autre part, il faut mettre en place l’activité des nouvelles chambres. Par exemple, pour les budgets, dès l’exercice de 2016. C’est pourquoi nous étions favorables à mettre en place dès que possible une gouvernance. Ne serait-ce que pour rencontrer les têtes de liste des élections régionales, leur dire qui nous sommes, quels sont nos besoins, nos propositions, de politique régionale et de partenariat. En Aquitaine Poitou Charente Limousin, mes collègues ont travaillé depuis plusieurs mois avec les présidents et en particulier le président du Conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, qui veut se positionner comme le leader de la future grande région.

Pour les agriculteurs, qu’est-ce qui changera dans leurs relations avec les chambres ?
L’unité de base reste la chambre départementale. La proximité avec les agriculteurs est notre première utilité. Elle passe par les unités départementales et les antennes au sein des départements. Mais cette proximité n’est valable que s’il y a compétence. Or, celle-ci ne peut pas être partout. D’où des démarches communes, interdépartementales et régionales. La question de la chambre régionale ne se pose pas, son existence s’impose au niveau des nouvelles régions, puisqu’elle devra être l’interlocuteur des nouvelles administrations et des socio-professionnels. Évidemment, conserver la proximité avec les citoyens sera plus compliqué dans de grandes régions, ce qui donne aux ruraux le sentiment d’être méprisés. Le haut débit Internet, les services à la personne, les services publics (…), les ruraux ont bien l’impression d’être abandonnés.
Du coup, quand des partis politiques surfent sur ce sentiment d’abandon, les résultats obtenus aux élections sont disproportionnés et n’ont rien à voir avec les questions réelles posées.

Là, vous récusez le vote d’extrême droite ?
Quand les ruraux votent extrême droite, ce n’est pas par rapport à des sujets comme l’immigration mais par rapport à l’impression d’être laissés pour compte.

Les élections régionales 2015 sont-elles un millésime important. Les agriculteurs doivent plus que jamais se mobiliser ?
Oui. Déjà, le fait de voter est un devoir civique très ancré dans les gènes des paysans. Il s’agit, cette année, de voter pour une région qui aura compétence générale sur les questions économiques, d’aménagement du territoire et environnementales. Il est essentiel que les agriculteurs fassent connaître leur proposition. De plus, ces régions vont avoir une compétence directe sur les fonds du deuxième pilier de la Pac. Par exemple, sur l’installation des jeunes. Un dossier sur lequel on a jugé nécessaire de signer un accord avec l’ARF, l’Association des régions de France.

Donc il faut que les agriculteurs votent ?
Oui, il faut que les agriculteurs votent et il faut qu’ils aient des candidats sur les listes qui se présentent. Il faut accepter de dire qu’on fait de la politique quand on se présente au niveau de la région ou du département. Il est indispensable que les agriculteurs aient des responsabilités dans les futures régions.

Y a-t-il assez de candidats agriculteurs sur les listes ?
Il n’y en a jamais assez. Mais il semblerait, à l’heure qu’il est, qu’il y en a plus que lors des élections précédentes. Mais je vois aussi que, dans des régions que je connais, les instances nationales des partis ont souvent rétrogradé la situation des agriculteurs candidats qui se retrouvent parfois en position non éligible. Je rappelle, en plus, qu’il n’y a aucune incompatibilité entre mandat aux Chambres d’agriculture et mandat régional.

Craignez-vous que, compte tenu des crises agricoles, il y ait un vote plus important que ces dernières années pour les listes d’extrême droite ?
Oui. J’ai déjà mis en garde les agriculteurs contre le vote extrémiste. Mais il ne faut pas se tromper sur le vote agricole. Si le vote Front national est parfois plus élevé dans les milieux ruraux, ce n’est pas vraiment le fait des agriculteurs. C’est en tout cas ce que je constate dans ma région. Il ne faut pas faire, en politique, l’amalgame entre le vote agricole (sachant que les agriculteurs sont devenus très minoritaires) et le vote rural. C’est surtout le problème de la ruralité qui est posé.

N’est-ce pas, pour les agriculteurs, la question de l’Europe qui est posée ?
Le rejet de l’Europe est souvent une réalité. Surtout en raison des comportements des gouvernements successifs, qui ont eu tendance à dire que, s’il y a une décision désagréable, c’est la faute à l’Europe. Souvent ce n’est pas vrai. Et puis de toute façon, toute décision européenne se prend avec l’assentiment des pays membres, dont la France. Du coup, les électeurs ont le sentiment que les politiques français sont impuissants, alors ils sont tentés de voter FN. Ni le FN ni Debout La France n’ont de programme agricole sérieux. Le repli sur soi ne peut rien apporter à l’agriculture française, je le dis très clairement. Pour ma part, je suis pour les partis qui sont favorables à la construction européenne. Certes, on n’a pas l’Europe qu’on voudrait, mais il faut justement y travailler. Il faut se battre pour une Europe qui corresponde mieux à nos projets.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

Six installations plutôt qu'un (des) agrandissement(s) en Normandie
Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d'une opération foncière inédite…
La haie en session CAN : plein les bottes d'attendre
La CAN (Chambre d'agriculture Normandie) s'est réunie en session le 15 mars 2024. Le 15 mars, c'est aussi la date…
Les organisateurs ont présenté l'affiche officielle et le programme, lundi 25 mars 2024 à Lisieux.
La foire de Lisieux de retour ce week-end du 6 et 7 avril 2024
Habituellement organisée début mai, la Foire de Lisieux revient dès le 6 et 7 avril 2024 pour cette nouvelle édition. Au…
GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SMC - LAVAL
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Nicolas Legentil était l'hôte d'une porte ouverte allaitante, jeudi 14 mars, à Brémoy. Il a fait visiter son exploitation aux 250 invités.
[EN IMAGES] Taurillons : le Gaec Legentil expose son savoir-faire dans le Calvados
Jeudi 14 mars 2024, le Gaec Legentil a accueilli plus de 250 personnes sur son exploitation, à Brémoy, dans le Calvados, pour une…
Entretien : pas de cours d'eau à la main dans la Manche
Point d'étape sur les conséquences de la tempête Ciaran, la pluviométrie abondante, la gestion des arbres, des branchages, des…
Publicité