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Organisation du travail
Haro sur les journées à rallonge

A Percy (50), Laurent et Sylvie Hurel et leur fils, Simon, font largement appel à l’ETA (Entreprise de Travaux Agricoles). “Pas forcément plus cher et on gagne du temps”, apprécie notre jeune installé.

Sylvie et Simon Hurel en compagnie de Daniel Aubrée, entrepreneur (à gauche ). Entre l’agriculteur et son prestataire de services, ce sont des relations de confiance qui se sont nouées.
Sylvie et Simon Hurel en compagnie de Daniel Aubrée, entrepreneur (à gauche ). Entre l’agriculteur et son prestataire de services, ce sont des relations de confiance qui se sont nouées.
© TG

BEPA, Bac pro CGEA et BTS ACSE en poche, Simon Hurel, après un passage de 6 mois chez AGRIAL, vient de rejoindre ses parents (Laurent et Sylvie) sur l’exploitation familiale désormais agrandie. 119 ha (80 de prairies, 30 de maïs, 5 de blé et le reste en jachère) pour un quota laitier de 450 000 litres et 30 à 40 taurillons produits par an. Dans leur réflexion, Sylvie, Laurent et Simon ont fait le choix de l’externalisation d’une grande partie de leurs travaux: labour, travail du sol, semis, épandage des fumiers, broyage du blé, bottelage et bien sûr moissons et ensilages sont désormais confiés à l’entreprise Daniel Aubrée (adhérente de l’ARETAR1) de Percy.

Se sentir moins seule
Il y eut cependant en son temps, sur l’exploitation du Mesnil Céron à Percy, ensileuse trainée et petite moissonneuse-batteuse avec Laurent derrière le volant. Mais en 1992, à la faveur d’une reprise foncière, les époux Hurel ont radicalement changé leur fusil d’épaule en appelant l’ETA à la rescousse. “Mon mari a tout de suite disposé de plus de temps pour m’aider dans l’élevage, a apprécié Sylvie. Et puis, je me suis sentie moins seule sur la ferme”.
Au cours de son projet d’installation, Simon n’a aucunement remis en cause cette orientation. Il l’a même consolidée, pas certain à ce jour de conserver la charrue acquise à l’occasion de la reprise. Sa philosophie : “éviter de se compliquer la vie !”. Son objectif : “ne pas perdre trop de temps sur la route (Ndrl : les deux îlots de l’exploitation -80 et 40 ha d’un seul tenant- sont distants de 3 km) ni au volant du tracteur !”. Sa conviction : “c’est avec les animaux qu’on gagne de l’argent !” Et d’ajouter : “avec l’ETA, ce n’est pas forcément plus cher et en plus on gagne du temps pour s’occuper des soins aux animaux, pour refaire les clôtures... De toute, façon, nous n’avons pas les hectares pour rentabiliser le matériel”.

Synchroniser les discours
Une organisation du temps de travail qui sied à Daniel Aubrée, entrepreneur référence dans le sud Manche. L’entreprise compte 10 employés permanents et totalise une vingtaine de moissonneuses-batteuses et ensileuses dont la petite (la grosse en fait) dernière de chez Claas .? Pourtant et même si les choses vont dans le bon sens, il y a encore du fil à retordre sur le dossier des charges de mécanisation. “Il faut synchroniser les discours, insiste Daniel Aubrée. On va dire à des agriculteurs qui dégagent du revenu : investissez dans du matériel, allez-y ! Vous paierez moins d’impôts, moins de MSA... Quelques années plus tard, ce sont les mêmes conseilleurs qui viennent tirer la sonnette d’alarme parce que les charges de mécanisation de ce même exploitant sont trop lourdes. Parfois, il est déjà trop tard”. Mais notre entrepreneur de pondérer quelque peu son discours et de reconnaître que, du côté des jeunes, les choses évoluent plutôt dans le bon sens. “La nouvelle génération a une vision différente. Le prestige du gros matériel est moindre et puis les épouses comptent pour beaucoup dans ce changement de mentalité”. Un constat partagé par Alain Hierle, animateur de l’ARETAR. “Les jeunes sont plus rigoureux. Ils ne confondent pas aides à la mécanisation et aides à la baisse des charges de mécanisation”.
Mais l’enjeu n’est pas qu’économique, il est également social. Dans la campagne normande comme dans toutes les campagnes de France, le problème de la main-d’œuvre se pose et se posera de plus en plus sévèrement. Plus particulièrement au fur et à mesure de la disparition des GAEC Père (mère)/fils (fille). L’autre alternative en terme d’équipement que constitue la CUMA ne répond pas à cette problématique. “La CUMA, c’est aussi des corvées à rendre”, rappelle Simon. Là encore, Daniel Aubrée reçoit le discours 5 sur 5. “Les adhérents de CUMA, c’est ma réserve potentielle de demain”, juge-t-il.

Qualité de service
Dans cette relation qui met en scène un agriculteur confiant presque tous ses travaux des champs (sauf la fertilisation et l’application des produits phytosanitaires) à un prestataire extérieur, la relation de confiance constitue la clé de voûte du système. “Je connais la nature des terres de mes clients. Je sais qu’après labour, il faut 48 heures de ressuyage. Je gère le travail comme s’il s’agissait de mes propres parcelles”, assure Daniel Aubrée. Cette qualité de service passe par le savoir-faire des hommes, l’ETA forme en permanence de jeunes futurs chauffeurs, et un parc matériel bien dimensionné et à la pointe de la technologie. L’an dernier, l’entreprise a renouvelé 5 tracteurs. Cet été, elle disposait de 5 presses à balles rondes et 4 autres à balles rectangulaires pour répondre à une chaîne verte et une chaîne jaune (la paille) que les conditions météorologiques avaient complètement affolées. Une qualité de service qui a un prix mais “le tarif n’est pas un sujet récurrent”, conclut Daniel Aubrée. Reste cependant à gérer l’envolée du prix du baril de pétrole !

Th. Guillemot
(1) : Association Régionale des Entrepreneurs
de Travaux Agricoles et Ruraux
Chambre d’Agriculture - Maison des Entreprises
BP?14 - 50600 St-Hilaire-du-Harcouët
Tél. 02 33 79 33 72 - Fax. 02 33 79 33 77
Email : alain.hierle@aretar.com
Site : www.aretar.com

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