Alexandre Adler
Il faut que l’Europe agricole produise davantage
Journaliste, historien et spécialiste des relations internationales, Alexandre Adler prône une croissance qualitative.


Répondant à l’invitation de la FRSEA, Alexandre Adler auteur d’une abondante bibliographie(1) a débattu, lundi dernier à Pont-l’Evêque (14), avec les différentes composantes du CAF (Conseil de l’Agriculture Française) bas-normand. S’il a été beaucoup question de géo-politique, l’agriculture n’a pas été oubliée.
Décroissance : foutaise
A la question posée par Jean Turmel (responsable lait de la FRSEA) sur le bien fondé du concept de la décroissance, Alexandre Adler n’a pas mâché ses mots : “c’est une foutaise absolue. La décroissance, c’est du chômage accru, personne ne peut l’accepter. Cette idée est dangereuse.” L’historien, le regard tourné vers la Chine, plaide donc pour la croissance et notamment la croissance agricole “pour nourrir la population mondiale. Il faut que l’Europe agricole produise et produise davantage encore. Les capacités exportatrices européennes seront mises à contribution. Notre agriculture doit fonctionner à plein régime”, insiste-t-il.
Produire plus donc mais aussi produire mieux, Alexandre Adler défend une croissance qualitative.
Interdire certaines spéculations
Et quand il évoque la qualité, il pense aussi à la qualité de vie des agriculteurs “qui doivent être protégés des risques”. Du risque économique entre autres, “le degré de protection de l’agriculture nord américaine est plus important que le nôtre”, que la mondialisation des échanges rend un peu plus palpable chaque jour. “Mais comment éviter la dérégulation ?” a enchainé Pascal Férey, président de la FRSEA. “Le processus de réforme de l’économie va s’étendre sur 10 ans. Des règles actuelles vont être remises en cause. La spéculation sur les matières (notamment les produits agricoles et produits pétroliers) devra être limitée car la régulation de l’économie mondiale est nécessaire”, a répondu le coauteur du rapport intitulé “Comment sera le monde en 2020 “. Parallèlement, il faut reconstituer des stocks stratégiques à l’échelle mondiale.
OGM et réchauffement climatique
Dans ce plaidoyer pour une agriculture productive, Alexandre Adler n’a pas occulté la problématique environnementale. “Il faut investir scientifiquement pour y faire face”, préconise-t-il mais le réchauffement climatique n’a pas que des inconvénients. Le Groenland (70 000 habitants) est aujourd’hui autosuffisant en céréales. Les OGM, résistant au froid ou au chaud, sont passés par là. “Une invention européenne au départ, rappelle-t-il. Ils sont nécessaires au développement de l’agriculture”. Ils sont d’ailleurs réalité un peu partout sur la planète, sauf en France, créant des distorsions de concurrence. Une France et une Europe absentes également sur la scène de la Ferme Afrique. “La Chine et la Corée ont moins d’états d’âmes. Ils recolonisent ce continent avec des investissements de productivité”.
(1) citons notamment :
- Sociétés secrètes, Grasset, 2007.
- Rendez-vous avec l'Islam, 2005.
- L'Odyssée américaine, Grasset,.
- J'ai vu finir le monde ancien,
Grasset, 2002 (prix du livre politique
2003).
- Le Communisme, PUF, collection
“Que sais-je ?”, 2001.
- Pour l'amour du peuple : un officier
de la Stasi parle, Albin Michel, 1999.
- L'URSS et nous, Éditions sociales,
1978.
- Le monde est un enfant qui joue,
Grasset, 2009.
Pétrole et énergie
A la question posée par Daniel Génissel (président de la Chambre régionale d’Agriculture) sur la problématique énergétique, Alexandre Adler est relativement serein : “l’équilibre entre l’offre et la demande devrait arriver. dans le court terme, le pétrole ne manquera pas”. A moins que ? “Aujourd’hui, c’est le Golf Persique qui détermine la reprise. Un pétrolier en part toutes les 7 minutes. Il suffirait de quelques actes terroristes pour provoquer les effets d’un choc exogène.”