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Calamités agricoles
“Il faut une pression professionnelle à la hauteur du dossier”

Daniel Courval dénonce l’absence de zones reconnues calamités agricoles dans le Calvados. La nouvelle a été officialisée au début de la dernière session de la Chambre d’Agriculture. Explications.

Les stocks de fourrages fondent comme neige au soleil alors que l’hiver calendaire n’est pas encore démarré. 
Les stocks de fourrages fondent comme neige au soleil alors que l’hiver calendaire n’est pas encore démarré. 
© VM

L’Orne compte une vingtaine de cantons reconnus en zone de calamités agricoles. Le Calvados aucun. Comment l’expliquez-vous ?
Je crois que l’administration s’est montrée trop rigide lors de la commission calamité. Les taux de perte exigés pour entrer dans le processus apparaissent déraisonnables. Il aurait fallu que les professionnels et l’administra-tion fassent des efforts, dans l’espoir de compenser les pertes d’herbe.

Qu’appelez-vous des “taux déraisonnables” ?
Dans le Calvados, il fallait atteindre 55 % de perte de rendement en fourrage sur l’ensemble de son exploitation. Même si ce taux est dépassé chez bon nombre d’agriculteurs, il était inaccessible sur l’ensemble du territoire. Découper le département en zones aurait été nécessaire. Demander que les dossiers soient accessibles aux élevages, dont les rations dépendent à 40 % de l’herbe, me semblait pertinent.

Si un agriculteur exploite dans le pays d’Auge ornais, c’est bon. Si un agriculteur exploite dans le pays d’Auge calvadosien, rien ne va plus ?
Oui. Au moment de la demande de reconnaissance calamité, j’avais attiré l’attention de l’administration sur certains chiffres. Il suffisait d’interroger les entreprises de travaux agricoles ou les Cuma. Tous les entrepreneurs que j’ai rencontrés ont connu une baisse de 50 % au minimum de l’activité herbe. Cette chute ne s’est pas compensée à l’automne.

Mais l’administration se base sur des cartes satellites…
Elle se base sur des cartes satellites, des chiffres nationaux. Les niveaux de productions théoriques sont extrêmement bas. Nous avons des niveaux de rendement au-dessus de la moyenne française. Même en perdant 50 % de notre production, nous n’atteignons pas les 50 % de perte des chiffres nationaux.  Les critères retenus ne sont pas adaptés à notre territoire ? C’est un coup dur porté aux systèmes herbe. Le discours politique sur l’intérêt des prairies semble en décalage avec la gestion de ces dossiers. Sur un sujet simple, la division départementale devient un fort handicap.

Dans le Calvados, les responsables professionnels n’ont-ils pas failli sur ce dossier ?
Je crois que les représentants majoritaires du département ont manqué de fermeté sur ce dossier. L’affaiblissement de la représentation professionnelle est néfaste à tous les agriculteurs. Avec l’appui des résultats des au-tres départements, il était important de demander quelque chose. En ne sollicitant rien, nous sommes certains de rien obtenir.

La commission nationale d’enquête sur les calamités a rendu son rapport, début décembre. De votre côté, ne réagissez-vous pas un peu tard ?
Avant cette annonce, j’ai alerté l’administration et la Chambre d’Agriculture à chaque rencontre. Leur position était de ne pas découper le département. Du coup, c’était tout ou rien. Au final, les agriculteurs n’ont rien.
En revanche, l’Orne a choisi de raisonner canton par canton. Cette stratégie aurait-elle été payante dans le Calvados ?
Perdre 50 % d’herbe sur 10 ha, quand on a 25 ha de maïs, n’est pas dramatique. D’autres intègrent 50 % d’herbe dans la ration. Ces exploitations ont un grand besoin d’un coup de pouce financier. Selon les secteurs et les systèmes d’exploitation, les difficultés varient. C’est évident.


Qu’allez-vous faire maintenant ? Les éleveurs peuvent-ils encore espérer ?
La Fdsea a la volonté de reprendre le dossier. La prochaine commission calamité est programmée en mars. Nous voulons remonter un dossier avec le courage de découper en zones géographiques ou en volume de production d’herbe. Car il ne s’agit pas de demander n’importe quoi. Il suffit de représenter un dossier avec de nouveaux arguments.

Est-ce réellement possible plus de 6 mois après ?
Oui. Il faut une pression professionnelle à la hauteur du dossier.

Sur votre exploitation, à combien se chiffre la perte de fourrage ?
Je suis à - 53 %. Mon système est basé à 100 % sur l’herbe. J’ai donc perdu plus de la moitié de mes fourrages. Actuellement, j’ai déjà acheté 12 000 € de paille. 

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