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Instal’Dating à Domjean : Gilbert a échangé son 06

L’heure de la retraite n’as pas encore sonné pour Gilbert Leclerc, producteur de lait et de porcs à Feugères (50), mais il y pense. Jeune dans sa tête, c’est un nouveau mode de transmission qu’il a testé, samedi dernier à Domjean, où se tenait la seconde édition de l’Instal’Dating organisé par la Chambre d’Agriculture de la Manche. Rencontre avant et après 7 minutes pour convaincre ou se faire convaincre.

Au sein du Gaec de Launay à Feugères (50), il y a Cyril, sur le départ. Il devrait être remplacé par Loïc, aujourd’hui en contrat de parrainage sur l’exploitation. Christian, en pleine fleur de l’âge. Et Gilbert, en quête d’un futur remplaçant. Interview croisée samedi dernier, tout d’abord dès 8 h 30 dans la salle de réunion du Gaec. Puis, vers 12 h 30, au terme de 2 heures d’Instal’Dating.


Samedi 8 h 30 autour du café croissant
Gilbert, présentez-nous votre exploitation ?
Gilbert Leclerc. Le GAEC de Launay, c’est 110 ha dont 33 ha de maïs, 20 ha de blé pour la vente et le reste en prairies temporaires et naturelles avec un atelier lait et un atelier porc. 

Et en lait, des Normandes et des Prim’Holstein ?
GL. Au départ, il y avait beaucoup de Prim’Holstein parce que Christian était dans cette race. Moi, je n’en avais que 1/3. On pensait que les noires auraient pris le dessus. En fait, nous sommes aujourd’hui à 50/50 pour un quota de 600 000 litres. Pas de robot de traite et ce n’est pas d’actualité.
Notre second atelier, c’est le porc. Naisseurs/engraisseur avec 180 truies et on engraisse 75 % de nos porcelets.


Et ici, chacun est spécialisé dans une production ?
GL. Effectivement, on ne tourne pas sur les deux ateliers. Chacun a sa responsabilité. C’est important, on ne se marche pas sur les pieds, on se respecte... Par contre, quand l’un de nous a besoin d’un coup de main, l’autre est toujours là. 

Cela permet aussi d’être plus compétent ?
GL. Voilà, c’est-à-dire faire à fond une production. Se spécialiser pour que ça tourne et sortir le meilleur de chaque atelier. 

Pour grossir le trait Gilbert, on peut dire que vous êtes sans doute un des rares laitiers de la Manche à produire 600 000 l sans avoir trait une seule vache depuis 20 ans ?
GL. C’est vrai (rire). Je ne sais pas d’ailleurs si je saurai mettre la machine en route, ça va jusque là. Pareil pour Christian, mon associé depuis plus de 10 ans. Il m’aide au départ des cochons, il  m’aide au sevrage des truies (...). Par contre, me remplacer si j’étais malade, non. Donc c’est un point faible mais c’est aussi un point fort.

Un Gaec, ce sont des départs et des arrivées. Où en êtes-vous dans le renouvellement des générations ?
GL. Je me suis installé en 1981 en Gaec avec mes parents. Suite à leur décès, je suis resté seul mais à la recherche d’une autre exploitation pour me mettre aux normes. La formule Gaec me permettait d’envisager un avenir plus serein. Je me suis alors associé avec Christian, en 2002, puis Cyril en 2007. Nous sommes partis grosso modo d’un petit 400 000 litres de lait pour arriver à 600 000 avec mise aux normes à hauteur de 300 000 e d’investissement.
Loïc, vous êtes en quelque sorte en période d’essai ?
Loïc Leroux. Je suis en contrat de parrainage. Il s’agit effectivement d’une période d’essai pour voir si la mise en société avec les futurs associés éventuels est jouable. 

Comment avez-vous découvert le Gaec de Launay ?
LL. A travers le RDI (Répertoire Départ Installation) que pilote la Chambre d’Agriculture.

Donc Loïc devrait remplacer Cyril mais vous, Gilbert, vous allez bientôt faire valoir vos droits à la retraite ?
GL. Je ne sais pas quand exactement mais je me donne 2 à 3 ans pour trouver un remplaçant. 

Ce qui signifie qu’un départ à la retraite, ça se prépare bien en amont ?
GL. Bien sûr. Il faut réussir le côté humain pour assurer le fonctionnement du Gaec dans la continuité. Le côté matériel ne suffit pas. 

Vous participez tout à l’heure à l’Instal’Dating. Vous en attendez quoi ?
GL. Nous avons déjà deux candidats pour reprendre la porcherie. Rien n’est fait, tout reste à faire mais ce n’est pas un hasard. Cela illustre l’ouverture d’esprit du Gaec. L’Instal’Dating, que je découvre, constitue donc une chance supplémentaire de rencontrer des repreneurs potentiels.

A qui appartient la décision finale du remplaçant, au cédant ou aux associés restants ?
GL. C’est une réflexion collective. Si on embarque quelqu’un de trop personnel, qui ne pense qu’à sa pomme, on va au-devant de difficultés. Il nous faut quelqu’un qui épouse notre façon de travailler au quotidien. Tout le monde doit aller dans le même sens et c’est pour cela, d’ailleurs, qu’on déjeune tous les jours ensemble.

Pas de femme au sein du Gaec. Une candidate aurait-elle ses chances ?
Christian Leboulanger. Il n’y a pas de problème d’autant plus que le travail en porcherie n’est pas extrêmement physique. Il demande beaucoup de minutie alors pourquoi pas.

Et quelqu’un qui ne serait pas issu du milieu agricole ?
Loïc Leroux. Je ne suis pas fils d’agriculteur. Je le revendique haut et fort mais je ne le dis jamais quand j’arrive.
Gilbert Leclerc. Ce n’est pas un handicap. Plus ça va, moins il y a de fils d’agriculteur. Celui qui n’est pas issu du milieu agricole a une façon de voir les choses différente. Il se remet plus facilement en cause. Le fils d’agriculteur a plutôt tendance à tout savoir. Ce n’est pas forcément un avantage.

Nous avons publié dans l’Agriculteur Normand une série de 10 reportages intitulée “ça coince dans le Gaec” qui a connu un réel succès. Avec votre expérience, quelles sont les clés de la réussite d’un collectif ?
GL. La première, c’est le côté humain. Quand le dialogue est là, tout est possible. Plus ça parle, plus c’est ouvert, meilleur c’est.
Si on part sur des considérations financières, et c’est souvent le cas, si on ne parle que fric, que matériel (...), je n’y crois pas.

Christian, vous êtes plus heureux aujourd’hui en Gaec que vous ne l’étiez auparavant en individuel ?
Christian Leboulanger. Je ne ferai pas marche arrière. Tout seul, on s’enferme. Là, les décisions se prennent à plusieurs. Ça m’a permis aussi de régler mon problème de mise aux normes. Avec mon quota, l’investissement aurait été trop important. Et puis, on ne travaille qu’un week-end sur deux. On prend 3 semaines de vacances...

Samedi 12 h 30 à la sortie de l’Instal’Dating
Gilbert, avez-vous trouvé l’âme sœur ?
Gilbert Leclerc. Ce qui m’a fait plaisir, c’est de constater qu’il y avait beaucoup de jeunes intéressés par le métier. Des jeunes motivés, des jeunes qui en veulent, certes angoissés par l’aspect financier, mais ce n’est pas primordial pour moi. Une solution est toujours possible.

Un ou deux candidats se sont-ils dégagés plus que d’autres ?
GL. J’ai surtout senti deux couples et un individuel. Deux couples : des gens qui ont de l’expérience et déjà du vécu. C’est important, on ne peut pas opter pour des candidatures trop jeunes. Mais 10 minutes, c’est 10 fois trop court alors on a échangé les numéros de portable pour pouvoir poursuivre les échanges. S’ils sont intéressés par notre histoire, ils reviendront. On verra.
En conclusion : agréablement surpris par cet Instal’Dating.

Ils ont dit
Marc Lecoustey (Chambre d’Agriculture de la Manche)
“Lors de l’édition précédente, nous avons enregistré 6 contacts sérieux qui se sont noués et qui ont fait l’objet de contrats de parrainage. Le bilan a donc été positif ce qui nous a conduits à renouveler cette expérience en 2014 avec un nombre de candidats nettement supérieur”. 

Jean-François Bouillon (Chambre d’Agriculture de la Manche)
“La Manche est un des départements français où l’on installe le plus. Nous avons ce souci de transmission d’exploitations qui ne se fait pas toujours. Nous avons, au sein du RDI, en permanence 150 jeunes qui recherchent une exploitation et 50 exploitations qui recherchent un jeune. Donc, potentiellement, 3 jeunes pour chaque cédant. L’idée de l’Instal’Dating que nous avons reprise est donc de créer un premier contact physique entre les différents acteurs pouvant déboucher sur une transmission et une installation”.

Jean-Hugues Lorault (Président de JA Manche)
“On peut annoncer 111 installations en 2014 à 80 % en production laitière. C’est un cru moyen. On a connu des années à 160. 130 l’an dernier, mais 2014 est une année de transition avec beaucoup de changements comme la réforme de la PAC, la sortie des quotas laitiers, un nouveau dispositif à l’installation... Donc un manque de visibilité qui a sans doute freiné le rythme des installations. Je ne doute pas cependant que, l’an prochain, on retrouve les niveaux d’il y a 2 ou 3 ans.

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