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Orne
Invité par la FDSEA et les JA : le Préfet les pieds dans la terre de Courtomer

Visite “Vous m’avez mis les pieds dans la terre. C’est autre chose que les fiches que l’on me donne”. Joël Bouchité, Préfet de l’Orne, a visité le 26 octobre dernier l’exploitation de Guerric Paris, producteur de bovins à Courtomer. 

Répondant à l’invitation de la FDSEA et des JA lancée à l’occasion du Festival de la Terre, Joël Bouchité, en poste depuis le 22 août dernier, a consacré sa demi-journée du 26 octobre aux dossiers agricoles in situ. Un moment d’échanges tout en convivialité mais qui a permis de remettre en perspective la Ferme Orne dans l’économie départementale. L’occasion aussi de faire remonter les attentes du terrain à une administration à l’écoute.

14 % de l’emploi départemental
Avec 14 % de l’emploi départemental, agriculture et agroalimentaire constituent un poids lourd de l’économie ornaise. A la base, il y a des producteurs, inquiets de la réforme de la PAC. Une PAC qui abonde le produit de la Ferme Orne à hauteur de 135 ME. “C’est 80 % de notre revenu”, a insisté Jean-Louis Belloche, président de la Chambre d’Agriculture. 
Pour autant, élus professionnels et responsables syndicaux ne sont pas tombés dans le misérabilisme. Reconnaissant même au passage une embellie en lait avec des clignotants au vert jusqu’à la fin de l’année. Un petit mieux aussi en viandes bovine et porcine. Mais, pour ces productions, la succession d’années de crises a plombé durablement les trésoreries. Il faut activer tous les leviers pour redonner des perspectives.
Un dossier porté par la FDSEA et les JA qui ont rappelé au Préfet leur légitimité. 1 300 adhérents actifs et 800 aînés pour l’un. 300 adhérents du côté des jeunes agriculteurs. “Si nous sommes majoritaires, ce n’est pas un hasard. C’est parce qu’il y a un travail au quotidien”, a revendiqué Olivier Borel. Mais pour le président de la FDSEA de l’Orne, le combat syndical “c’est certes la vache et le cochon mais c’est aussi plus compliqué. Il y a tout le volet social”.

Herbe : je t’aime moi non plus
En visitant l’exploitation de Guerric Paris, Joël Bouchité, accompagné en la circonstance par Rémy Boutroux (Direction Départementale des Territoires), a pu mesurer tout autant les spécificités du système herbe que les dommages collatéraux provoqués par une législation inadaptée. Ancien informaticien en région parisienne, Guerric Paris s’est installé en production bovine à Courtomer en 2008. Un choix de vie avec l’herbe en fil rouge ou plutôt en fil “vert”. Mais les aléas climatiques 2010 et 2011 ont provoqué de profonds remous. “J’ai récolté l’an dernier 30 % de fourrage en moins. Cette année : 50 %. Parallèlement, il m’a fallu acheter 40 T de paille en 2010. 150 T cette année”. Face à ces accidents climatiques, le dispositif calamité n’apporte pas de réponses satisfaisantes. Syndicalistes agricoles et élus avaient d’ailleurs plaidé auprès du Premier Ministre lors de sa visite en septembre pour une refonte de la méthodologie de calcul. Objectif : ne pas pas pénaliser les producteurs en système herbe. Il y a urgence.

1 300 e/ha de perte de fourrage
Guerric Paris n’est pas un cas isolé. Jan Fokker, producteur de lait à Gaprée, a étalé ses mauvais comptes sur la table préfectorale. “J’ai trait 3 000 l de moins par vache l’an dernier. Cette année idem. Dans mon système tout herbe, j’ai perdu 1 300 e/ha de fourrage. En année normale, le rendement s’établit aux alentours de 10 à 14 t de MS/ha. En 2011, 6/7 T et une tonne d’herbe, c’est 230 e. Aidez-nous sinon on va retourner nos herbages et faire du maïs. On prendra moins de risques”, a t-il prévenu. Joël Bouchité a reconnu les faits. “Les modalités de calcul ne sont pas les bonnes. Il nous faut trouver des solutions individuelles pour ceux qui ont beaucoup perdu”. Après avoir obtenu le degrèvement d’impôt foncier sur le non bâti, le travail syndical s’affirme collectivement et au cas par cas.

Installation : une mission de service public
Autre dossier largement évoqué, l’installation, avec en filigrane le sujet qui fâche : son financement. “On demande aux jeunes de financer en 15 ans ce que le cédant a mis 40 ans à construire”, a surligné Manuella Belliard (présidente de JA), histoire de planter le décor. Mais au delà de la progression constante du montant des reprises, c’est l’abandon par l’Etat du financement de l’accompagnement à l’installation que le syndicalisme jeune a voulu dénoncer. Le transfert des missions à l’installation vers les Chambres d’Agriculture avec un financement degressif qui tend vers zéro constitue une bombe à retardement. “Comment continuer à installer demain des jeunes via le dispositif aidé sans un accompagnement professionnel efficace et financé ?”, s’interrogent les élus JA. Il faut donc garder les outils qui ont fait leurs preuves : RDI (Répertoire Départ Installation), Observatoire à l’installation, CPI (Contrat de Parrainage), DPE (Plan de Développement de l’Exploitation)... Les garder en pérennisant leur financement public et en évitant la suradministration de leur fonctionnement.
Exemple avec le PDE. “Dans plusieurs cas d’installations, un avenant au PDE est obligatoire. L’exemple des dossiers vus en CDOA peut en témoigner. Cette complexité administrative s’accompagne d’une charge financière supplémentaire. Or, la trésorerie des jeunes installés est déjà sous pression du remboursement des prêts. A quand la simplification administrative ? Une simple note, sans passage en commission, serait la solution.  Pour un certain nombre de dossiers, l’étude économique du jeune n’en est pas pour autant modifiée”, considère JA. Certes la loi, c’est la loi. Mais il semblerait que l’interprétation des décrets diffère d’un département à l’autre. Sur certains points, on ferait preuve de plus de souplesse, par exemple en Seine-Maritime. Le Préfet de l’Orne s’est montré attentif. Il s’est engagé à ce que ses services passent un coup de fil du côté de Rouen pour voir comment ça se passe. Peut-être demain un peu d’huile dans les rouages administratifs ornais grâce aux Hauts-Normands ?
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