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Raconte-moi ton algérie
"J'ai aidé des petits paysans algériens"

Plus de 1,3 million d'appelés ou rappelés du contingent ont passé de 6 à 36 mois en Algérie entre 1956 et 1962. Parmi eux, de nombreux agriculteurs (ou futurs agriculteurs). Roger Taillieu, agriculteur retraité à Bois Jérôme Saint Ouen (27), se souvient.

"J'ai fait partie de l'unité qui a ramassé, le 15 juillet 1958, le Général Bellounis. Mohammed Bellounis était un jour avec nous, l'autre contre. Il s'est fait descendre par le FLN. On l'a récupéré dans les montagnes, du côté de Bou Saâda, et on l'a exposé en ville". Mais les 4 balles qu'a reçues en pleine poitrine ce général qualifié "d'opérette", par certains, ont été tirées par d'autres selon des sources divergentes (voir encadré).
Roger Taillieu a alors presque 21 ans. Né le 9 septembre 1937 du côté de Vernon (27), ce fils d'agriculteurs est appelé sous les drapeaux le 2 septembre 1957. Après 8 semaines de classes à Clermont-Ferrand, il prend le bateau à Marseille, direction l'Algérie. "J'avais peur mais il fallait y aller. On pensait partir pour 18 mois. J'en ai fait 30", se souvient-il.

72 balles tirées 2 dans la poitrine
Il va servir dans l'armée de l'air en diverses affectations. 24 heures de garde, tous les 3 jours, à 300 km au sud d'Alger. Il va vivre son baptême du feu. "Un jour, il y avait un touareg, un peu simple d'esprit, qui se baladait avec son chameau sur la piste. L'adjudant de service nous a donné l'ordre de tirer. On était 6. On a tiré 72 balles. Deux l'ont atteint dans la poitrine sans savoir lesquelles. On avait des MAT 49 pas très précis" (Ndrl : pistolet mitrailleur de l'armée française, 9 mm Parabellum avec chargeur de 20 ou 32 coups). De cet épisode encore douloureux va naitre une aversion : "je n'ai jamais acheté de pistolet en jouet à mes enfants". Autre spasme de sa période militaire : "je me souviens du très gros choc que j'ai ressenti quand mon fils est revenu, la boule à zéro, de sa première permission lors de son service". Qu'on ne s'y trompe pas cependant. "Je ne suis pas antimilitariste, non. Antiguerre, oui... Mais on se rappelle plus des bons souvenirs que des mauvais. On a développé là-bas un esprit de camaraderie". Un esprit cultivé aujourd'hui à travers les multiples associations ou bien encore, tous les 2 ans, avec le pèlerinage à Lourdes  (65) qui draine des milliers d'anciens combattants.

La ficelle de la lieuse
"Tu dis souvent que tu aimerais y retourner. Que c'était un beau pays", lui lance sa femme. Roger acquiesce avant d'enchainer : "7 ans de guerre pour en arriver là, ça ne valait pas la peine. Ce qui m'a fait le plus mal : le massacre des harkis après les accords d'Evian". Parmi eux, peut-être ces petits agriculteurs algériens qu'il a aidés un jour. "Il y avait une petite parcelle de blé à l'entrée de Djelfa. Les gars essayaient une lieuse mais ils ne savaient pas passer la ficelle. Je leur ai montrer". Tout un symbole dans cette drôle de guerre.

Un général encombrant pour la France
"Général autoproclamé", "général d'opérette, "général en goguette", "chef de milice", "renégat", "seigneur de guerre" (...), les qualificatifs ne sont pas tendres à l'encontre de Mohammed Bellounis (ou Ben Lounis) dans la littérature. Né le 11 décembre 1912 à Borj Menaïl, il est mobilisé dans l'armée française en 1939 et fait prisonnier sur le front de l'est. Interné dans un stalag en Allemagne et atteint de tuberculose, il est libéré en 1942 avec le grade de sergent-chef et rejoint l'Algérie. Il se lance dans la politique et milite au sein du PPA (Parti du Peuple Algérien). Plusieurs fois emprisonné, il adhère ensuite au MNA (Mouvement national de Messali El Hadj) qui s'oppose au FLN jugé communiste et à la solde de Moscou. Il prend alors le maquis et fonde en 1957 l'ANPA (Armée Nationale du Peuple Algérien) qui va comptabiliser jusqu'à plusieurs milliers d'hommes. Il devient l'allié plus ou moins objectif de la France. Sa stratégie ? Eliminer le FLN pour négocier ensuite à son compte l'indépendance. Autoproclamé général en chef, les exactions qu'il commet sur son territoire et son despotisme en font un allié de plus en plus encombrant, de moins en moins fréquentable. Lâché par la France et chassé par le FLN, Bellounis abandonne son PC le 25 juin 1958. Officiellement, il aurait été abattu par des hommes du 3ème RPIMA alors qu'il s'enfuyait dans le désert, déguisé en fellah. Selon d'autres sources, il aurait été plus simplement arrêté puis exécuté de 4 balles dans la poitrine.

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