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Jean Bizet (Sénateur de la Manche) : éleveur, restez vous-même et montrez ce que vous faites

Une semaine après l’incendie criminel d’un poulailler dans l’Orne, entretien avec Jean-Bizet, sénateur de la Manche et vétérinaire de formation.

© TG

>> Le bien-être animal est-il une notion objective?
Pas forcément. Il comprend un mélange de sciences et d’anthropomorphisme, c’est-à-dire que l’humain se projette dans l’animal. De toute façon, le cœur, ce n’est pas de l’objectivité, c’est du sentiment. Quelque chose de très important et qui va le devenir de plus en plus.

>> Faut-il faire un distinguo entre l’animal de compagnie et celui d’élevage ?
L’animal de compagnie vit au quotidien avec ses propriétaires qui parfois n’ont pas d’enfant. Ces propriétaires projettent sur leur animal tous leurs sentiments, voire même leurs angoisses et leurs espoirs. Il fait partie de leur équilibre. C’est vrai également dans le cas d’enfants, de personnes âgées, de personnes malades... Une relation donc différente par rapport à celle entretenue avec un animal d’élevage.

>> Est-il fondé de considérer que l’animal élevé en système bio est plus heureux que son voisin en conventionnel ?
Je suis un peu provocateur mais c’est ma nature et je n’en changerai pas. Il y a beaucoup de fantasmes derrière le bio qui ne constitue pas une garantie de sécurité sanitaire supplémentaire.
Dans une vie antérieure, j’ai vu des veaux sous la mère, sous des pommiers, nous sommes en Normandie, en plein mois d’août entourés de nuées de mouches et de taons. A l’évidence, ils n’étaient pas heureux. Les veaux en batterie ne l’étaient pas plus, évidemment, mais depuis, on a trouvé un équilibre avec une nouvelle façon d’élever le veau de lait.
Que l’agriculteur soit en bio ou en conventionnel, il vise la rentabilité de son exploitation.
Pour atteindre cet objectif, il faut mettre l’animal dans de bonnes conditions pour qu’il produise plus de lait, de viande ou d’œufs... Tout éleveur aime ses animaux.

>> Mais pourquoi ce sujet du bien-être animal devient-il aussi prégnant dans les médias et les enjeux de société ?
Parce que nous vivons de plus en plus dans une société d’inquiétudes et c’est déclinable sur tous les sujets. Beaucoup de femmes et d’hommes ont besoin d’une présence animale pour assurer leur équilibre. Il y a quelques années, j’étais maire d’une petite collectivité et en charge de sa maison de retraite. La présence d’un chien ou d’un chat conditionnait,voire déterminait, le bien-être des pensionnaires.

>> Quel regard portez-vous sur les intrusions sauvages qui se multiplent dans les élevages ?
Je n’accepte aucune action violente. Il faut dénoncer les mauvaises pratiques, les mauvais acteurs.
Les abattoirs qui sont mal tenus doivent être fermés, les transformateurs qui se conduisent mal sanctionnés...
Mais ce n’est pas en faisant du voyeurisme qu’on règle les problèmes.

>> Et sur le fait qu’un élu de la République soit présent ?
Ça me choque. C’est une façon de faire de la politique qui ne me convient pas.

>> Quel conseil donneriez-vous aux éleveurs pour sortir par le haut de cette incompréhension ?
Ces femmes et ces hommes se sont engagés parce qu’ils aimaient leur métier. Certains mettent de la musique dans la salle de traite ou sous la stabulation au nom du bien-être animal. Une vache laitière stressée libèrera moins facilement son ocytocine et produira donc moins. L’animal est donc doté d’une sensibilité, ce que l’éleveur doit intégrer pour être compétitif. C’est le cas 9 fois sur 10.
Je suis peut-être un peu naïf, mais aux éleveurs, je leur dis : «restez vous-même et montrez ce que vous faites !»

Jusqu’à six mois de prison ferme requis contre 14 militants animalistes

Jusqu’à six mois de prison ferme ont été requis le 20 septembre au tribunal correctionnel d’Evreux contre quatorze militants animalistes de l’association «Boucherie abolition» pour des dégradations commises dans trois élevages. Le jugement a été mis en délibéré au 5 novembre. Il est reproché à ces militants de s’être introduits dans trois exploitations agricoles, à Beaulieu (Orne), Goussainville (Eure-et-Loir) et Jumelles (Eure) pour «libérer» des volailles et des porcs, le 14 avril 2019 et le 13 décembre 2018. Lors de la seconde action, un mouvement de panique au sein de l’exploitation de l’Eure avait causé la mort par étouffement de près de 1.400 dindes, a précisé le parquet. «Nous ne sommes pas là pour juger des idéaux mais des infractions pénales», a souligné la procureure de la République Dominique Puechmaille, avant de regretter «l’indécence» des militants qui «comparent l’élevage à la dictature nazie». Le parquet a requis 18 mois de prison dont six ferme contre deux prévenus, Solveig Halloin, 44 ans et Vincent Aubry, 32 ans, deux «porte-parole» de l’association «Boucherie Abolition». Il a en outre demandé 18 mois de prison avec sursis contre neuf des prévenus, 4 mois avec sursis contre un autre et 2 mois avec sursis contre un dernier.

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