Aller au contenu principal

Daniel Génissel, trésorier de la FDSEA de l’Orne et producteur de lait Lactalis
Jouer collectivement la contractualisation

L’avenir de la production laitière dans le Grand Ouest dépend notamment du rapport de force qui va prévaloir entre les producteurs et les industriels. Avec ou sans l’Etat en arbitre de touche, il faut se la jouer “collectif”.

Nous devons créer rapidement des OP (Organisation de Producteur) pour négocier les critères spécifiques à chaque entreprise. Des OP qui doivent fédérer un maximum de producteurs sans parti pris.
Nous devons créer rapidement des OP (Organisation de Producteur) pour négocier les critères spécifiques à chaque entreprise. Des OP qui doivent fédérer un maximum de producteurs sans parti pris.
© TG

Quelle a été votre première réaction à la lecture de cette proposition de contrat ?
Un sentiment de profond déséquilibre. Ce que propose Lactalis n’est pas convenable. Certains points sont même choquants.

Exemples ?
La non cessibilité du contrat. La menace de le rompre à tout moment au bon vouloir de l’industriel. Sur ce point, c’est le droit syndical qui est remis en cause. Je pense aux actions de stickages menées par les FDSEA sur les produits Lactalis l’été dernier mais aussi à la grève du lait initiée par l’APLI. On veut nous enlever notre liberté de parole et notre droit à revendiquer. L’obligation de mandater la facturation à l’entreprise n’est pas tolérable non plus...

Vous n’allez pas signer ?
Bien sûr que non. Je vais renvoyer à Lactalis un courrier actant la réception de leur proposition mais indiquant mon désaccord sur le contenu(1). J’invite d’ailleurs tous les producteurs de lait à en faire autant. Cela permet de se couvrir juridiquement et de bien montrer que nous ne sommes pas contre la contractualisation (d’ailleurs inscrite dans la loi) mais dans une démarche constructive où les intérêts des éleveurs seraient garantis. Plus nous serons nombreux à nous manifester de la sorte, plus nous aurons du poids pour négocier dans les prochaines semaines.

Quels sont les grands principes auxquels ne doit pas déroger la contractualisation ?
En premier lieu, c’est l’équité de traitement entre les producteurs sinon gare aux risques de dérives et de clientélisme. Cela suppose de la transparence dans les chiffres et donc de la communication d’aval en amont mais aussi entre producteurs.
Deuxièmement, c’est le principe du gagnant/gagnant. On ne construit pas une relation contractuelle, durable et de confiance si les intérêts des deux signataires ne sont pas bordés.

Quelle est la prochaine étape ?
C’est tout d’abord la nécessité d’un rappel à l’ordre de la part de l’Etat. Bruno Le Maire s’est prononcé oralement la semaine dernière lors de sa visite dans la Manche. C’est un début. Ensuite, le syndicalisme agricole doit négocier avec les entreprises privées, par exemple à travers la FNIL (Fédération Nationale des Industriels laitiers) pour négocier les critères généraux de la contractualisation.

Et localement ?
Nous devons créer rapidement des OP (Organisation de Producteur) pour négocier les critères spécifiques à chaque entreprise. Des OP qui doivent fédérer un maximum de producteurs sans parti pris.

Mais Lactalis par exemple dispose déjà de ses propres groupements de producteurs. Ça ne suffit pas ?
C’est un point de départ effectivement. La FDSEA de l’Orne les a d’ailleurs contacté pour entamer le dialogue. Nous sommes dans l’attente de leur réponse. Au delà et pour que ces associations deviennent OP, il faudra qu’elles fassent évoluer leurs statuts.

Dans quel sens ?
Elles ne représentent aujourd’hui que 20 % environ des producteurs. Elles doivent donc s’ouvrir au plus grand nombre afin d’asseoir leur légitimité. Ensuite, elles doivent se donner les moyens de s’affranchir, notamment financièrement, de leur laiterie afin de négocier en toute indépendance. En résumé, là où de telles mutations sont possibles, il n’y pas lieu de créer de nouvelles structures.

Certains prônent une approche européenne du dossier lait. Vous suivez ?
Commençons par bien faire fonctionner la contractualisation à la français. Ensuite, les autres pays nous suivront mais chacun à sa façon. 
(1): un courrier type a été conçu par la FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait). Vous pouvez vous
le procurer auprès de votre FDSEA.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité