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La betterave d’hiver pourrait faire le printemps des sucreries
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C’est bien connu : il n’y a plus de saison. Mais qu’il s’agisse du réchauffement climatique ou de passer l’hiver dehors, la betterave sucrière a de la ressource et pourrait relever le défi de la mutation.

La betterave OGM ? "Rien ne s’y oppose", estiment certains. (Photo d’archives)
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La filière betteraves sucrières est en quête de compétitivité. La durée de campagne en est un des facteurs limitants. Elle est à l’heure actuelle de 85 jours en France contre 140 en Angleterre. Chez nos voisins d’outre-Manche, on arrache après le 1er janvier une betterave qui continue à pousser en pleine terre en l’absence de gel.
Des essais à l’ITB
L’ITB (Institut Technique de la Betterave) mène d’ailleurs à ce titre des essais comme le buttage en octobre. Richard-Molard, son directeur technique, en a fait état à l’occasion de l’assemblée générale du CSOB (Syndicat Betteravier Calvados-Sarthe-Orne) la semaine dernière. Le changement climatique, avec ses hivers apparemment de plus en plus doux, n’aurait donc pas que des inconvénients (voir encadré). Bien sûr, le risque d’un hiver rigoureux existe toujours mais c’est sur des moyennes quinquennales, voire décennales, qu’il faudra raisonner. Bien sûr, la bande côtière avec son climat océanique est avantagée par rapport à l’intérieur des terres. Mais la sucrerie de Cagny est à quelques kilomètres de la mer. Le plan de restructuration pourrait-il faire du Bessin une terre à betterave au détriment de la Plaine sud ? Le scénario est possible.
Autre concept avec la betterave d’hiver semée en août. Une betterave transgénique résistant à la montée en graine et au gel. De quoi faire peur au consommateur ? Aux USA, toutes les betteraves sont désormais OGM. Une raison suffisante ? "Les arguments anti OGM, recevables pour certaines cultures, ne tiennent pas face à la betterave", fait remarquer Eric Dechaufour, président du CSOB. Pas de risque de contamination par pollinisation et aucun betteravier ne fabrique ses propres semences. La réponse est donc avant tout politique. Certains voient en l’élection de Nicolas Sarkozy et dans les contre-performances de Dominique Voynet et José Bové aux présidentielles une possible évolution de ce dossier.
72 planteurs en moins
La betterave sucrière normande est donc à la croisée des chemins.
Le plan d’abandon SLS (St-Louis Sucre) propre au site de Cagny a concerné 72 planteurs pour 12 067 T : 14 planteurs dans le Calvados (867 T), 19 dans l’Orne (2 625 T) et 39 dans l’Eure (8 575 T). Mais la messe n’est pas totalement dite et un nouveau plan de restructuration est en cours afin d’éviter, à terme, une réduction unilatérale de 25 % du quota. Quid des producteurs du bassin de Cagny ? Il faut tenir compte des rendements et des marges brutes, faire le comparatif avec d’autres cultures et intégrer d’autres paramètres comme l’assolement. "Cette année, on a réussi les 100 voire 110 T, se réjouit Eric Dechaufour. Mais des betteraves à moins de 20 e, je ne sais pas si on peut les semer", s’interroge-t-il faisant référence au prix des betteraves éthanol. Pourtant les décisions sont à prendre rapidement. Les indemnités d’abandon à hauteur de 35 e/T pour la récolte 2008 (45 e en cas de fermeture de l’usine) vont chuter à 7 e pour la récolte 2008, une misère ! Les planteurs devront donc prendre une décision (le 30 novembre 2007 au plus tard) avant de connaître celle des fabricants qui interviendra le 31 janvier 2008. Pas certains que la sole betteravière globale de St-Louis Sucre Cagny affiche un retrait mais elle pourrait légèrement migrer du sud au nord se rapprochant ainsi de l’usine et des terres à plus haut potentiel. Th. Guillemot
En bref
Surfaces
Une augmentation de 8 %
En 2006, elles sont estimées à 7 482 ha pour l’ensemble des 3 départements contre 6 936 ha en 2005 soit une augmentation de 8 %. Cette agmentation de surface est concentrée sur la zone d’approvisionnement de l’usine de Cagny essentiellement avec le développement de la production de betteraves éthanol. Les surfaces 2007 devraient diminuer de l’ordre de 15 % sur la zone d’approvisionnement de Cagny.
Rendements
Une année record
La richesse s’est maintenue à un niveau relativement bas à comparer aux 4 dernières années. Tout au long de la campagne, elle a oscillé entre 17,3o et 17,8o pour se cumuler à 17,6o à Cagny et 17,2o pour le secteur de Mamers. Le rendement effectif a atteint 75 T 600 contre 64 T 560 en rendement moyen décennal pour l’usine de Cagny. Soit un record de production en poids racine.
Tare terre
Peut mieux faire
Un effort significatif a été fait par les planteurs. Ce qui, combiné au déterrage pour 30 % des betteraves, aurait pu conduire à une baisse importante de la tare terre. Ce résultat escompté n’a pas eu lieu car il n’y a pas eu suffisamment d’anticipation au niveau des arrachages sur le Calvados. Le niveau de la tare terre en 2006 atteint 14,3 % sur le net lavé à comparer au 10,2 % au niveau national. Quant au secteur de Mamers, avec 100 % des betteraves déterrées, il enregistre un niveau de tare terre de 10,9 %.Les plus et les moins du changement climatique
Les - : stress hydrique provoquant des rendements plus faibles, problèmes sanitaires (cercosporiose, teigne, rhizopus, jaunisse...). Problème de conservation des silos.
Les + : vitesse de croissance plus élevée au printemps. Durée de végétation (du semis à la récolte) plus importante. Possibilité de conservation au champ (en terre) et donc durée de campagne allongée.