Aller au contenu principal

Calvados
La Chambre d’Agriculture se prononce contre le droit de préemption de la SAFER

Réunis en session décentralisée jeudi dernier à Livarot, les élus de la Chambre d’Agriculture se sont prononcés à une très large majorité contre le renouvellement du droit de préemption de la SAFER sur les terres agricoles. 

Le droit de préemption agricole, en vigueur depuis 1962, est remis en cause dans le Calvados par les élus de la Chambre d’Agriculture. Dans les pâturages et plus particulièrement dans le Pays d’Auge, le cheval amateur va galoper de plus en plus. Sous les stabulations, on va traire de moins en moins.
Le droit de préemption agricole, en vigueur depuis 1962, est remis en cause dans le Calvados par les élus de la Chambre d’Agriculture. Dans les pâturages et plus particulièrement dans le Pays d’Auge, le cheval amateur va galoper de plus en plus. Sous les stabulations, on va traire de moins en moins.
© TG
Il n’y a pas photo. 21 contre 5. La SAFER s’est fait sèchement plaquer au sol dans le secret de l’urne. Jeudi dernier en terres augeronnes, elle était venue solliciter le renouvellement de son droit de préemption sur les terres agricoles. Un outil de régulation foncière qui s’efface devant le droit de préemption de l’Agence de l’Eau et au droit de préemption urbain quand c’est zoné mais qui a tout de même été sollicité 50 fois en 2011 dans le Calvados. Un outil de régulation financière aussi qui réjouit rarement le vendeur.
D’habitude, une simple formalité mais qui a viré au règlement de comptes. Chaque arbitrage de la SAFER fait plus de mécontents que de contents. “La somme des rancœurs individuelles a pesé plus lourd dans la balance que l’intérêt général”. 

A bulletin secret
“Les propriétaires sont des gens majeurs qui sont capables de vendre leur terrain”, avait estimé en préambule un des élus. “Oui au droit de préemption mais sans révision de prix”, (une autre variante du “non”) avait suivi un autre. Avant le vote, que notamment Yves Lebaudy (Coordination Rurale) et Odile Gasson (Confédération Paysanne), avaient demandé à bulletin secret, ça sentait déjà un peu le roussi. D’autant plus que la SAFER, depuis quelque temps, fait l’objet d’attaques ciblées. Il y a tout juste un an et toujours en session Chambre, on accusait un de ses collaborateur de “dessous de table”.
Plus proche dans le temps et toujours dans le Calvados, Eva Joly, candidate EE-LV (Europe Ecologie-Les Verts) à la présidentielle avait accusé la Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural) de “ne pas remplir sa mission de service public qui est d’aider les jeunes agriculteurs à s’installer. ”
Info ou intox ? Toujours est-il que les coups de boutoir ont fini par provoquer leur effet. La SAFER est sanctionnée. 
Pour Robert de Formigny (vice-président de la Chambre), elle paie son manque d’ouverture. Réponse de Marc Buon (son représentant) : “j’ai proposé à la Coordination Rurale et à la Confédération Paysanne de siéger. Ces propositions sont restées lettres mortes”. Et Michel Legrand (président de la Chambre d’Agriculture) d’enchaîner : “je ne veux pas qu’on syndicalise le débat”.

Contre l’installation
A l’issue de ce vote, Clément Lebrun s’est exprimé au nom des Jeunes Agriculteurs. “Je constate que l’assemblée a voté contre l’installation. On va favoriser l’agrandissement (...). Il est dommage de s’être caché dans cette prise de décision”.
“Il ne s’agit que d’un avis”, a tenté de temporiser Michel Legrand. Mais un avis lourd de conséquences et sans doute, à terme, une “patate très chaude”.
Statutairement, la SAFER conserve son droit de préemption jusqu’en août 2013. Droit qu’elle n’exercera peut-être pas. Marc Buon ayant acté le vote de défiance des élus de la Chambre d’Agriculture. Au-delà, on voit mal les pouvoirs publics désavouer une décision émanant des représentants légitimes et mandatés de la Ferme Calvados.

Plus de libéralisme
C’est donc un vent de libéralisme qui l’a emporté. Un coup porté au renouvellement des générations puisque 40 % des terres attribuées par la SAFER sont consacrées à l’installation. De quoi inquiéter aussi les producteurs laitiers en AOP, spectateurs malgré eux, des débats. La pression foncière, plus particulièrement dans le Pays d’Auge, est prégnante. Le droit de préemption agricole étant levé, les néo-ruraux au pouvoir d’achat parisien, ne rencontreront plus d’obstacle à l’achat de surfaces agricoles. Il y a fort à parier que dans le triangle Deauville - Livarot - Pont-l’Evêque, là où les vaches pâturent encore, ce sont les chevaux (issus de l’élevage de loisir) qui vont prendre leur aise pour galoper demain. Alors que le cahier des charges des AOP impose l’herbe et donc plus de surfaces dans une aire géographique limitée, restera-t-il dans les années à venir suffisamment d’herbages pour maintenir une spécificité et typicité locales ? Bernard Hulin (élu du Crédit Agricole) a d’ailleurs posé la question du seuil de rentabilité des outils de transformation AOP. 

Maintenant, on fait quoi ?
Cette concurrence déséquilibrée entre le cheval amateur (ou de loisir) et la vache, entre l’agriculteur et le citadin, Claude Leteurtre (député du Calvados) l’avait d’ailleurs déjà soulignée lors d’une rencontre avec des agriculteurs le 24 mai dernier à St-Pierre-sur-Dives. “Les notaires sont contents aujourd’hui”, a lâché pour sa part Daniel Courval (FDSEA). Alors maintenant, on fait quoi ? La profession s’est-elle tirée une balle dans le pied ? La CDOA (Commission Départementale d’Orientation de l’Agriculture) devra dans quelques semaines confirmer ou infirmer cette décision. Mais pas certains qu’à Livarot, jeudi dernier, les élus aient répondu à la véritable question qui leur était posée.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

GAGNEZ 2 PLACES POUR LE MATCH SM CAEN - PARIS FC
Jeu concours pour aller encourager votre club normand au stade d'Ornano !
Deuxième en partant de la droite, Philippe Denis a reçu dans sa ferme un parterre de responsables, dont Arnaud Rousseau (deuxième en partant de la gauche).
Tuberculose : Arnaud Rousseau à l'écoute des éleveurs
À l'occasion de sa visite dans l'Orne, Arnaud Rousseau s'est rendu à Landigou, sur l'exploitation de Philippe Denis, dont le…
Valentine Amette, 22 ans, céréalière, s'est lancée dans son projet de meunerie. La Farine de Valentine est disponible à la boulangerie de Pont-d'Ouilly, de Fresné-la-Mère ou encore chez elle, à Bazoches-au-Houlme, les premiers lundis du mois, de 9 h à 12 h.
Valentine Amette, agricultrice au champ et au moulin
Nous l'avions rencontré en fin d'année dernière, alors qu'elle se présentait au concours Miss agricole 2024. Alors aux champs,…
Toutes les animations sont gratuites (sauf la restauration et le baptême en hélicoptère).
Des bonshommes de paille débarquent dans la Manche
À la veille des moissons, les Jeunes agriculteurs ont monté des bonshommes de paille un peu partout dans la Manche. Un bon moyen…
Cette baisse des volumes a été annoncée alors même que "nous sortons d'une période compliquée", dénonce Yohann Serreau, président de l'OPNC (570 producteurs, 422 ml de lait).
Lactalis confirme la baisse de ses volumes
À l'assemblée générale de l'OPNC (Organisation de Producteurs Normandie Centre), organisée à Sées, dans l'Orne, en juin 2024 et…
"Transmission-installation, que peut-on faire de plus ?" Tel était le thème de la table ronde à laquelle participaient Clotilde Eudier (vice-présidente de la Région Normandie), Emmanuel Hyest (président de la Safer de Normandie), Anne-Marie Denis (présidente de la FRSEA Normandie), Emmanuel Roch (président de JA Normandie), Guillaume Larchevêque (Chambre d'agriculture Normandie) et Bruno du Mesnildot (Propriété privée 50).
Safer et installation : faire plus grâce à une volonté commune
"Nous avons toute une génération de jeunes à installer. On doit et on peut certainement faire mieux sous condition d'une volonté…
Publicité