Recul du trait de côte
La délocalisation du camping de Gouville-sur-Mer impacterait des exploitations impactées
En raison du recul du trait de côte, la commune de Gouville-sur-Mer étudie la possibilité de délocaliser les deux campings. Le monde agricole ne voit pas le projet d'un bon œil sachant qu'une parcelle de 8,5 ha est ciblée. Explications avec Guillaume Lebreton et Ludovic Hédouin.


Le camping municipal le Sénéquet, et le camping Belle étoile, de Gouville-sur-Mer sont situés à 20 m de la mer. Ce sont les premiers mots qu'ils notent sur leur site internet. Mais pour combien temps ? Le recul du trait de côte conduit la municipalité avec la Communauté de communes de Coutances Mer et Bocage (CMB) d'envisager dans les 5 à 10 ans un recul de... 5 km, sur les terres en parties exploitées par Ludovic Hédouin et à 400 m des bâtiments d'élevage de Guillaume Lebreton, deux agriculteurs qui seraient impactés par cette délocalisation qui les fait sortir de leurs gonds aux vues de la méthode employée. "Premiers concernés, derniers informés", s'agacent les deux hommes, qui ont découvert le projet dans la presse en janvier, à l'issue d'un conseil communautaire. "Il y a six mois, nous étions au courant de rien", s'insurge Guillaume Lebreton, installé depuis dix ans au village de la Banotterie.
Entrés sans rien demander
Les relations n'étaient déjà pas fluides avec la collectivité à cause du PLUI (Plan local d'urbanisme intercommunal). Ludovic Hédouin se rappelle avoir dénoncé en 2024 l'arrivée de quatre personnes du service Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) de la CMB sans prévenir. "Ils sont entrés dans des propriétés privées sans autorisation", dénonçait déjà l'année dernière Ludovic Hédouin. Depuis, le PLUI a avancé. Le projet a été arrêté. Il devrait suivre son chemin notamment au travers de l'enquête publique pour une validation en 2026. Mais le monde agricole veut être associé au processus qui a sans aucun doute un impact sur les terres agricoles et par conséquent sur leur outil de travail, l'équilibre financier de certaines exploitations... Ludovic Hédouin n'a rien lâché et aujourd'hui, il fait partie des personnes invitées autour de la table, notamment pour évoquer le projet de relocalisation des campings. "Nous avions demandé un rendez-vous aux élus quand nous avons appris qu'ils étudiaient l'installation du camping à la Banotterie. Nous n'avons pas eu de retours, ni de rendez-vous, ni d'appel", regrettent-il.
Étudier d'autres projets
Le projet de délocalisation se porte sur une surface de 8,5 ha, exploitée par plusieurs agriculteurs dont Ludovic Hédouin, et qui serait traversé par une route qui dessert l'exploitation de Guillaume Lebreton. Certes, la loi littorale impose aucune nouvelle construction dans le périmètre d'un km. Mais les deux hommes, avec le soutien de la Chambre d'agriculture, voudraient que soient étudiées d'autres possibilités. "Le plan partenarial d'aménagement le permet", assurent-ils, appuyés par Périnne Buchart, chef de projet territorial du centre Manche de la Chambre d'agriculture de la Manche. "Nous savons que ce n'est pas simple. Mais nous n'avons pas été concertés. On aurait pu travailler avec la commission agricole qui ne fonctionne pas", déplorent les agriculteurs, qui souhaiteraient voir étudier le site des Dinettes situé à 900 m du rivage ou encore le bas de la Jeannerie, plus près du bourg. "Une fois de plus, on vient prendre sur des terres agricoles", dénonce Jean-François Bouillon, vice-président de la Chambre d'agriculture, "des terres de bonnes qualités", complète-t-il.
Une cohabitation difficile
Guillaume Lebreton prévoyait d'acquérir le bâtiment d'élevage et du foncier. Mais il ne voit pas d'un bon œil la cohabitation des touristes en voiture comme à vélo avec les camions et les engins agricoles. Si les deux agriculteurs sont montés au créneau, c'est pour que "la population et les élus se rendent compte des incidences, jusqu'à étudier d'autres projets au travers du PPA", avance Ludovic Hédouin, qui a réussi à ce que le monde agricole soit associé aux discussions.
Quant à la Chambre d'agriculture, elle aura un avis à formuler sur le PLUI comme personne publique associée comme pour les autres documents d'urbanisme du département.