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La ferme des 1 000 vaches s’ouvre aux visiteurs

La ferme des mille vaches située dans la Somme sur 8 hectares, aux portes d’Abbeville, a fait couler beaucoup d’encre. Un groupe d’éleveurs de la Manche, membres de la section lait de la FDSEA, a fait le déplacement pour se faire sa propre opinion.

© SB

C’est au moment de la 2e traite de la journée, à l’heure du midi que les éleveurs manchois sont arrivés sur la ferme des mille vaches, construite sur le territoire des communes de Buigny-Saint-Maclou et Drucat (Somme). Michel Welter, directeur de l’exploitation les dirige directement vers cette étape de la journée. Pendant près de deux heures, l’homme qui est à la tête de cette exploitation et qui a perdu son patron, Michel Ramery, décédé le 6 mai dernier, a rappelé l’historique, exposé le fonctionnement, répondu aux interrogations sans temps mort, et sans langue de bois, convaincu du système qu’il pilote.

Pousser les murs
Michel Ramery, fils d’agriculture, a d’abord repris une exploitation dans la région d’Armentières. Il l’a revendu très rapidement en 1972 et monte son entreprise de travaux publics qui compte aujourd’hui 3 500 personnes.
« C’était un vrai passionné de l’agriculture » lâche Michel Welter au groupe manchois. Un homme qui voulait laisser sa marque dans la filière agricole. En 1995, il revient à l’agriculture. Petit à petit, d’autres agriculteurs le rejoignent, certains dans l’intention d’arrêter la production. Il arrive à un total de 1,7 million de litres de lait. Et sur le site d’Airaines, les murs doivent être poussés. Mais le site ne correspond pas. La question de continuer le lait se pose. La mise aux normes s’impose. La réflexion est de mise jusqu’à prendre la décision de chercher un autre site, celui de la Côte de Justice à Drucat, qui a été mis en fonction le 13 septembre 2014, juste à quelques pas de la route, et au carrefour de trois autoroutes.

25 fiches de paie
Entre la réflexion et la première traite, le parcours n’a pas été une simple affaire. Les oppositions se sont montrées virulentes. Les procédures judiciaires se sont succédé. Pour autant, le chef d’entreprise n’a pas baissé les bras, convaincu de son système laitier intensif. Michel Welter, qui a été lui-même producteur, est arrivé dans le projet en 2008. Avec Michel Ramery, il s’est déplacé à l’étranger pour voir comment les fermes importantes fonctionnaient. « Nous étions dans un autre monde » assure le directeur actuel. Pour lui, le choix des 1 000 vaches, qui n’a que le nom pour le moment puisque le site compte un peu plus de 800 vaches, s’est fait en raison des frais de construction du site. « Il faut amortir les couts de production » lâche-t-il. Et très rapidement, il remet son outil industriel proportionnellement au nombre de personnes embauchées, 25 fiches de paie. « Cela fait 40 ha et 30 vaches laitières par UTH », indique-t-il. Alors, « on fait le même boulot que vous. Mais on gère comme une entreprise » poursuit-il.

Pas de place pour les faibles
Et il va jusqu’au bout de son raisonnement. « Les tailles critiques d’exploitation se situent autour de 200 à 500 vaches laitières. Au-dessus, on spécialise les gens ». Et c’est ce qui se passe pour la ferme des 1 000 vaches, avec à la tête une seule personne qui a le pouvoir de décision « afin d’être réactif » note-t-il. Aujourd’hui, Michel Welter s’interdit d’être dans l’émotionnel. « Il faut avant tout être méthodique. Il faut s’occuper d’un troupeau et non d’un animal. C’est d’autant plus vrai quand le prix du lait est faible ». C’est ainsi qu’après avoir visité des exploitations conséquentes dans d’autres pays, il est revenu avec l’idée de ne conserver que les meilleurs animaux. Il s’est donc séparé de 10 % du cheptel. « Il faut niveler vers le haut et non vers le bas notre outil de production ». Autrement dit, « il n’y a pas de place pour les faibles ». Et ce message n’est pas facile à entendre. Il en est conscient. Pour lui, c’est avant tout une question de culture. Et le temps passé à l’infirmerie n’est pas productif !
En matière de traite, trois passages sont organisés dans la journée. Pour quelles raisons ? « Pour une production plus importante » répond un des éleveurs de la Manche. Pas du tout. C’est tout simplement pour une question d’organisation du travail. Les personnes affectées à la traite ne peuvent pas faire celle du matin et du soir. Alors il y a une équipe qui assure celle du matin, débute celle du midi. Et la seconde prend le relais en début d’après-midi et effectue celle du soir. Autrement dit, il y a du personnel de 5 h à 23 h. Le lait produit estimé à 8,5 millions de litres de lait pour 2016/2017, part en direction d’une coopérative belge, Milcobel, coopérative qui déploient ses activités sur neuf sites de production en Belgique, Pays-Bas et en France. C’est le cas des crème glacée à Argentan sous l’entité Ysco. L’information s’arrêtera là sur le lait. Le prix d’équilibre et encore moins le prix du litre de lait ne seront donnés. « Je ne peux pas le dire ! » Et rien ne filtrera des négociations qu’il a avec sa coopérative. Par contre, 60 000 €/ mois c’est le montant des annuités, 55 000 € le montant des charges salariales… Dans l’alimentation, la ration de maïs est de l’ordre de 30 kg mais étant dans une région de multiproductions, elle peut être réduite à 25 kg parce que « nous avons des coproduits intéressants comme des pommes de terre, betterave, brèche… » Bien entendu le projet n’a pas été du goût de tout le monde. Les oppositions se sont fait entendre.
Si 14 procédures ont été favorables au site, il en reste encore 17 qui ne sont pas terminées. Alors, cette opposition est-elle un frein ? Pour Michel Welter, à la fois déterminé et convaincu de son système, admet qu’il est à la tête de la ferme la plus médiatisée au monde !

Un modèle non adapté à la Manche !
Ce modèle est-il possible dans n’importe quelle région ? Michel Welter n’en est pas convaincu. Il est viable parce que « nous sommes dans une région dite intermédiaire », avec de nombreuses coproductions. Et sans que la question ne lui soit posée, il admet que c’est un système qui ne conviendrait pas à la Manche. « Ce serait une aberration à tous les niveaux. Il faut tout d’abord trouver un site de 8 ha, sinon cela pose des problèmes. La Manche reste une région herbagère. Le pâturage a tout son sens. On n’est pas en Nouvelle-Zélande ». Michel Welter défend son modèle là où il est situé.

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