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Coopération
La laitière Elle et Vire se sépare des pépins

En vendant son rayon Boissons au groupe AGRIAL et en cherchant un partenaire industriel pour son département Ingrédients, la coopérative Elle et Vire affronte les dures réalités du marché et des mauvais chiffres.

Ambiance doublement plombée lors de l’assemblée générale de la coopérative Elle et Vire qui s’est tenue, vendredi dernier, à Condé-sur-Vire (50). Un signe qui ne trompe pas : les différentes résolutions ont certes été adoptées mais avec des “contre” et des “abstentions”. Plombée pour cause de crise laitière bien évidement mais plombée aussi par les pépins occasionnés par les départements Boissons et Ingrédients de la coopérative. Sur ce dossier pomme à cidre, Elle et Vire jette l’éponge.

Du courage politique
Il faut avoir le courage d’affronter les chiffres” et les chiffres n’ont pas été tendres avec Henri Hédouin qui officiait pour la première fois en tant que président de la coopérative. “Il n’y a pas de place pour l’à peu près ou l’indécision. Il faut savoir y aller, savoir rentrer dedans”, a enchaîné solidaire son directeur Patrick Lepelleux. Rentrer dedans pour finalement en sortir et s’en sortir. La décision de vendre au groupe AGRIAL le département Boissons a été prise lors du conseil d’administration du 19 mars dernier. Mais l’affaire est toujours en cours de négociation. “C’est une question de semaine, ont assuré les responsables. Nous discutons sur le niveau de reprise de la dette”. Pas besoin donc de décodeur pour comprendre qu’elle est significative. “On vient tous de perdre l’équivalent de notre capital social à cause des pommes”, a lâché dépité un adhérent. D’autres s’interrogent différemment: “ne s’agit-il pas d’une stratégie du futur acquéreur pour exercer une pression supplémentaire ?” En d’autres termes, ce mariage forcé dans la pomme n’augure-t-il pas d’une alliance dans le lait ? Réponse d’Henri Hédouin : “le secteur laitier est en pleine mutation. Rester tout seul, ça poserait question. Il ne faut pas se voiler la face et vouloir se la jouer trop perso”. On n’en saura pas plus pour l’instant.
Cet échec d’Elle et Vire dans la pomme, les responsables l’expliquent par des objectifs qui n’ont pas été atteints. “Nous pensions faire 30 % de part de marché. Nous sommes restés à 15 dans un marché en récession. L’activité ne pouvait donc pas être redressée durablement sans appui”.
Du côté du département Ingrédients, les objectifs ne sont pas non plus au rendez-vous. Le point d’équilibre en terme de chiffre d’affaires calculé à 1,5 Me n’a été que de 500 000 e en 2008 et devrait se situer aux alentours de 800 000 e en 2009. “La coopérative ne peut pas seule assumer la poursuite d’un développement qui sera encore long. Nous sommes en phase de recherche active et concrète pour nouer un partenariat avec un industriel”, a confirmé Patrick Lepelleux. Ce devrait être chose faite avant la fin de l’année.

Face à face Brzusczak/Férey
En plein cœur de la crise laitière et au moment même où des centaines de producteurs laitiers (dont de nombreux coopérateurs Elle et Vire) bloquaient les routes de la Manche, on attendait un peu de compréhension dans les propos de Robert Brzusczak. Mais le directeur général de la CLE n’a guère fait preuve de condescendance. Il a même heurté les esprits avec des formules ad hoc : “le prix du lait n’est pas un problème quand on l’associe à un volume” évoquant aussi “le seuil psychologique d’achat pour lequel il suffit parfois d’une différence d’un centime d’euro” ou bien encore “la naïveté politique des européens”. Autre morceau choisi avec “le prix du lait politique, on n’a pas gagné mais perdu 6 mois”. Des petites phrases bien sûr à n’interpréter que dans leur contexte mais qui, même dans leur jus, ont été ressenties comme de la provocation.  Jean-Michel Leroy, producteur de lait Elle et Vire et ex-président des JA de la Manche, est monté le premier au créneau. “Vous faites de la démagogie, vous n’êtes pas clairs et pas honnêtes. Votre groupe, Bongrain, est un groupe d’affaires qui s’est désendetté depuis 2 ans. Vous n’êtes pas en péril à ce point pour être le moins disant”. C’est ensuite Pascal Férey (président de la FRSEA), feuille de paie de lait du mois d’avril d’un jeune agriculteur en main, qui a poursuivi la charge. “Soyez prudent Monsieur Brzusczak. Vous avez devant vous des gens à qui vous avez amputé 30 % du chiffre d’affaires. Il est temps que vous reveniez à la table des négociations dans de meilleures dispositions. Si mardi soir, nous n’avons pas de nouvelles quant au prix du lait qui sera payé en mai et sur le rattrapage d’avril, je ne garantis plus rien, je ne couvrirai plus rien !” Car en effet, après la fronde sous contrôle des FDSEA et JA, c’est la jacquerie qui guette la campagne. Les actions de “producteurs indépendants” se sont d’ailleurs multipliées partout en Normandie ces derniers jours. Pour l’éviter : “notre coût de production est de 292 e/1 000 l avec des obligations sociales et environnementales” a proposé comme direction Pascal Lebrun, vice-président de la coopérative Elle et Vire et en charge du dossier lait à la FDSEA du Calvados. Mais les entreprises ne sont pas les seules concernées, la Grande Distribution est toute mouillée aussi comme les Pouvoirs publics. La DGCCRF, c’est l’Etat. La LME aussi “dont il faut corriger les excès” revendique Pascal Férey. Le député Philippe Gosselin, qui a pourtant voté la loi, a presque applaudi. “Hypocrisie, s’est fâché Patrice Lepainteur (président de la FDSEA du Calvados) avant de se demander si la politique n’était pas gangrenée par les groupes industriels.

Chiffres clés
CA : + 19,37 %

Le chiffre d’affaires consolidé 2008 à 195 189 Ke est en augmentation de 19,37 % par rapport à 2007 (163 516 Ke).
Résultat net
Le résultat net d’ensemble est négatif de - 7 342 Ke contre - 817 Ke en 2007.
Lait
Concernant l’activité laitière, le chiffre d’affaires de 159 950 Ke réalisé en 2008 est en forte progression de 20,62 % par rapport à 2007 dû à l’augmentation du droit à produire et à une forte évolution du prix du lait sur le 1er semestre 2008. 
Boissons
Concernant l’activité Boissons de Val de Vire et Dujardin, le chiffre d’affaires de 16 670 Ke est stable à + 1,79 % par rapport à 2007 mais en recul sur les volumes conditionnés de - 5,2%. Le résultat négatif 2008 est lié aux coûts de fermeture de l’usine de Mayenne et aux provisions de dépréciation nécessaires au projet de restructuration.
Ingrédients
Concernant l’activité Ingrédients, le chiffre d’affaires réalisé en 2008 de 489 Ke est en progression mais insuffisant pour atteindre le seuil d’équilibre.
Agrofourniture
Le chiffre d’affaires de 18 080 Ke est en augmentation de 27,32 % dû à une conjoncture favorable et à la flambée des matières premières.

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