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Renouvellement des génerations
La Manche installe à tout va, le Calvados performe aussi

Si l'Orne affiche un recul significatif (-17,4%), la Manche installe à tout va, avec la plus forte progression de l'Ouest (+13,5%). Le Calvados a aussi vu de nouveaux arrivants s'installer avec une belle progression de 7%.

© J. Chabanne

Al'Ouest, il n'y a plus de nouveaux. Les chiffres de l'installation en agriculture que vient de faire paraître la Mutualité Sociale Agricole (MSA) confirment la conjoncture, morose. Les jeunes se risquent de moins en moins à s'engager dans le métier. Alors que la moyenne nationale affiche un recul de 2,1% pour les jeunes de moins de 40 ans - et, tout âge confondu, une diminution de 0,8% -, dans les Côtes d'Armor, c'est l'effondrement. Le nombre de nouveaux arrivants a baissé de 20,3%. À l'heure actuelle, " nous avons zéro installation en poule pondeuse", explique Patrick Gicquel, président des Jeunes agriculteurs du département. Même difficulté en production porcine avec une arrivée pour cinq départs, "ça n'est pas suffisant". Mais, selon lui, ce repli en 2012 s'explique surtout par une très bonne année 2011. Avec 290 nouveaux installés en une année, "on peut parler de performance". Un phénomène qui s'explique. Avant septembre 2011, un nouvel installé, sans terre, pouvait prétendre à la production de 160 000 litres de lait supplémentaires. Une mesure bénéfique pour une association viable du jeune avec un ou plusieurs autres exploitants. Mais la référence est, depuis, passée à 100 000 litres, "ça n'est pas assez pour pouvoir pérenniser un projet d'installation", estime Patrick Gicquel. Les autres départements bretons confirment le malaise : -10,1% dans le Morbihan, -4,2% en Ille et Vilaine et -1,8% dans le Finistère.

L'impact des bassins laitiers
Situation différente en Basse-Normandie. Si l'Orne affiche un recul significatif (-17,4%), dû à la chute importante du nombre d'installés de moins de 40 ans, en revanche, la Manche installe à tout va. La plus forte progression de l'Ouest avec +13,5%. À partir de septembre 2011, "notre bassin laitier est passé d'une attribution de 40 000 litres de lait à 90 000 litres sans terre. Ça aide", explique Antoine Maquerel, vice-président des Jeunes agriculteurs de la Manche. Le Calvados a aussi vu de nouveaux arrivants s'installer avec une belle progression de 7%. Dans les Pays de la loire, l'influence du bassin laitier est particulièrement flagrante. La Vendée décroche la palme avec un bond de 12,4% du nombre de ses installations entre 2011 et 2012 - alors que pour la Loire-Atlantique, c'est la chute avec - 17,5%). La Sarthe connaît aussi une baisse de 2,8%. Contrairement aux autres ligériens, les Vendéens sont en effet les seuls à dépendre depuis septembre 2011 du bassin laitier du Poitou-Charente. Or, il permet au nouvel installé aidé et sans terre, de prétendre à la production de 200 000 litres de lait supplémentaires, au lieu des 120 000 litres pour ses voisins. C'est d'ailleurs, à ce même titre que la Charente-Maritime reste dans le vert. Même si, précise Marie-Thérèse Bonneau, secrétaire générale de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL), les volumes ne font pas tout, le prix du lait joue aussi pour beaucoup évidemment sur la pérennité d'une exploitation.
La viande à la traîne
La production laitière reste le premier secteur à installer. Et influence au premier chef les écarts constatés entre 2011 et 2012 - même si la concentration des exploitations laitières prime de plus en plus sur les installations, relativise Marc Parmentier, de la direction statistiques de la MSA. Mais le lait n'explique pas tout. Dans les départements en progression, un phénomène émerge. Apparaissent en effet de plus en plus de niches réclamant peu d'investissement.
"Il s'agit d'opportunités offertes par le territoire qui permettent d'ailleurs l'entrée dans la profession de personnes non issues du milieu agricole". C'est le cas en Vendée. La progression du département s'explique aussi par l'émergence en effet, en 2012, de projets atypiques, surtout en maraîchage, en zone périurbaine, avec vente directe, précise Brice Guyau, secrétaire général de la FDSEA de la Vendée.
Plus d'un tiers des nouveaux installés du département ne sont pas issus du milieu agricole. "Nous bénéficions d'un très bon répertoire départ/arrivéeavec plus de mille mises en relation par an". Le secteur de la viande, en revanche, inquiète avec peu d'installations. "La vache allaitante, c'est compliqué du fait des investissements de départ et de la rentabilité à l'arrivée".
La question du porc, aussi, est délicate. "C'est très conjoncturel, reprend Marc Parmentier, donc très fluctuant". Ce qui n'incite pas à l'installation. D'autant plus, à l'heure actuelle, "alors que les revenus sont moins bons", poursuit-il. "Même les arboriculteurs et les maraîchers ont eu moins de difficultés en raison de prix assez élevés ces deux dernières années.  Ceux qui s'en sortent, s'en sortent mieux actuellement qu'en viande". Et concernant les départements céréaliers, la MSA rappelle à juste titre, "qu'en céréale, on n'installe pas". Il s'agit en réalité de conversion avec de toute façon, un ticket d'entrée le plus souvent trop cher pour un jeune.

Les formes sociétaires s'imposent
Parmi les autres départements en recul de façon significative : dans les Alpes- Maritimes, l'Yonne, l'Hérault, la Somme et la Meuse, le nombre d'installations agricoles s'est effondré : - 25 % entre 2011 et 2012. Cette baisse est d'environ 20 % dans le département du Lot. En revanche, dans les départements du Jura et du Doubs, le nombre d'installations d'exploitants agricoles a progressé.
Jura et Alsace dépendent tous du même bassin laitier du Grand Est où un nouvel installé aidé et sans terre, peut prétendre à la production de 120 000 litres de lait supplémentaires. "La plupart s'installe en société. A la fois pour limiter le risque mais aussi pour plus de confort, notamment horaire", observe Dominique Bouvier, responsable du service entreprise et installation à l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture (APCA).
En 2012, 57,1 % des jeunes ont choisi de s'établir en société, avec une prédilection croissante pour les EARl et les GAEC (47 % des installations). Le transfert entre époux, en baisse par ailleurs, reste un moyen de préserver la forme juridique individuelle de l'exploitation. Pour les autres installés âgés de plus de quarante ans, en 2012 et pour la première fois depuis 6 ans, la société prédomine dans les formes juridiques d'exploitation agricole (51,8 % des installations). Quant à la superficie moyenne par installé, elle est stable depuis trois ans, entre 33 et 34 hectares (seul un quart des installés exploitent plus de 50 hectares). La MSA constate également une féminisation des jeunes nouveaux installés. Les femmes représentent 30,1 % des effectifs en 2012, contre 27,4 % quinze ans plus tôt.

La pluriactivité de mise
Note réjouissante, le taux de renouvellement des chefs d'exploitation a légèrement progressé.
"Si globalement on constate moins d'installation, le taux de renouvellement en 2012 est meilleur (2,4%) qu'en 2011, note Marc Parmentier. Cela signifie que les instances locales sont bien présentes et qu'elles travaillent efficacement". En 2012, 87,4 % des départs à la retraite des chefs d'exploitation ont été compensés par des installations, qu'elles émanent de jeunes agriculteurs, d'agriculteurs tardifs avec ou sans transfert entre époux. L'efficacité des dispositifs locaux se révèle aussi dans la pérennité des projets initiés. Les installés de 2007 - la dernière génération pour laquelle le taux de maintien à 5 ans peut être connu - sont 82,8 % à être toujours exploitants agricoles après cinq années d'activité. Environ 90 % des installés de 2007 qui pratiquent l'élevage de bovins, l'élevage de vaches laitières, la polyculture-élevage sont toujours exploitants agricoles en 2012. Le taux de maintien à 5 ans est de 85,3 % pour les céréaliers et de 75,8 % pour les viticulteurs. Reste que pour pouvoir assurer la mise, souvent les nouveaux installés exercent une autre activité en-dehors de l'exploitation. Pour les installés les plus âgés et dont l'installation fait suite à la succession du conjoint, ils acquièrent par ce biais des droits supplémentaires pour la retraite future. Lorsqu'ils rentrent tardivement dans la profession (hors transfert entre époux), ils expliquent ainsi se prémunir contre les risques liés à l'installation.
(1) un jeune qui s'installe en production laitière reçoit un droit à produire variable selon sa situation.

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