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La mécanisation sous « €contrôle » grâce à la location numérique

Des plateformes numériques au service de la location de matériels en tant qu’utilisateur ou prêteur tissent leur toile. La mécanisation 3.0 débarque à la campagne.

C’est la stratégie de mécanisation la plus souple parce qu’elle n’engage à rien ». Frédéric Lecerf, céréalier à Moult dans la plaine de Caen (Calvados), a testé la plateforme de location de matériels agricoles en ligne WeFarmUp. « Une pompe qu’il faut amorcer et accompagner pour que l’offre monte en puissance », juge l’administrateur d’Agrial, coopérative qui a mis quelques billes dans cette startup.

Cuma, copropriété, ETA...
Moissonneuse-batteuse, tracteur de tête (165 cv), déchaumeur, retourneur de lin (...) en CUMA. Semoirs à engrais et à betterave, bennes (...) en copropriété mais aussi utilisation de plus plus importante des services des ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) avec un objectif à terme de 60% des travaux, Frédéric Lecerf porte depuis toujours une attention particulière à la maîtrise des charges de mécanisation. Parallèlement et dans sa stratégie de conduite de l’entreprise, c’est la quête de plus-value qu’il privilégie. Alors louer ponctuellement en tant que prêteur ou en tant qu’utilisateur un matériel s’inscrit parfaitement dans sa démarche. 
En juillet dernier, il a inscrit quasiment tout son parc sur la plateforme de location. « Une croskilette de 6 mètres repliable qui ne me sert que tous les 3 ans. Le semoir à engrais avec pesée et modulation de dose. Mes bennes de 12 t puisque je peux les retirer si j’en ai besoin au moment T... ».
La moisson n’a pas été très très fructueuse mais s’est tout de même concrétisée. « J’ai reçu plusieurs coups de fil, mais je n’ai réalisé qu’une location ». En l’occurrence, le semoir à betterave/colza couplé à un strip-till.  Le client de Frédéric : un agriculteur de l’Eure distant d’une heure trente en tracteur pour une journée de location facturée 400 €. Et le strip-till, ça tombe bien : « un outil pas vraiment rentable tant qu’il n’est pas fini de payer ».

Montée en puissance
Cette unique concrétisation n’est pas de nature à faire douter notre loueur. « Il faudra 5 ans pour faire un vrai bilan. Le système n’est pas encore assez connu mais il va monter en puissance. Il suffit de bien amorcer la pompe. Quand l’offre sera suffisante, ce sera une vraie stratégie de mécanisation », pronostique-t-il. Illustration avec son ensemble semoir-streap-till loué à nouveau 2 jours au printemps prochain sans parler d’une touche en Bretagne qui se concrétisera..., ou pas si le client trouve une offre similaire plus proche de chez lui.
Frédéric Lecerf n’exclut pas de consommer le service dans l’autre sens. « J’ai 1 500 T de fumier à bouger tous les ans en septembre ou en décembre quand il gèle. je ne dispose que de bennes de 12 T. Si j’en loue une de 24 T, je ferai 2 fois moins de voyages ». Et 2 fois moins de voyages dans cette zone très « rurbanisée », c’est de la sérénité gagnée. 
Frédéric apprécie également « l’aspect réactif et non engageant de WeFarmUp » qui ne se substitue ni aux CUMA, ni aux ETA, ni à la copropriété, ni à l’investissement individuel mais qui ouvre un champ de nouveautés, une offre supplémentaire. « Un matériel que l’on veut tester avant d’acheter. Une nouvelle technique à laquelle on veut se familiariser. Un besoin de puissance ponctuel. Un besoin de matériel spécifique pour une tache non récurrente. Un équipement à bout de souffle mais dont la trésorerie interdit le renouvellement immédiat. Un jeune qui ne dispose pas de capacités financières suffisantes pour s’équiper mais qui doit quand même faire le boulot (...), liste notre agriculteur. Et tout cela, sans aucun risque ». 

Du lien social et professionnel
Au-delà de l’aspect économique, le lien social de la location constitue un avantage collatéral. Elle met en relation deux agriculteurs plus ou moins distants qui ne se connaissaient pas. Ils vont échanger sur un matériel, sur une technique... « Cela sert aussi à transmettre du savoir », insiste aussi Frédéric. Quand il a loué son strip-still, il a aussi communiqué sur les bons conseils de réglage. Ça c’est gratuit et ça crée du lien d’autant plus fort « qu’avec cette technique, une simple erreur peut coûter très cher ».

Un système sécurisé
La montée en puissance des plateformes de location en agriculture ne se fera pas de force. Mais l’économique la boostera, le changement des mentalités l’accompagnera, le renouvellement des générations l’accélèrera. Et aux sceptiques, le membre de la commission « prospective » d’Agrial répond : « testez, vous n’avez rien à perdre ». 
A sa facilité d’utilisation, les concepteurs y ont ajouté la sécurisation. Aucune transaction financière directe entre deux agriculteurs, tout passe par l’intermédiaire qui prélève sa commission au passage mais il faut bien faire fonctionner le modèle économique. L’assurance du matériel est comprise. Un état des lieux du matériel avant et après utilisation est systématique. Reste le prix. Il est libre mais il ne peut pas être déconnecté du marché et il s’inscrit dans une démarche gagnant-gagnant.

Objectifs
Pour un dépositaire de matériel :
- mieux amortir un matériel sous-utilisé et de générer un revenu complémentaire ;
- promouvoir une activité de location ;
- déprécier du matériel repris trop cher en le louant (pour les concessionnaires) ;
- faire découvrir de nouveaux produits ou services (constructeurs, concessionnaires, entrepreneurs...).

Pour un utilisateur en recherche d'un matériel à louer :
- comprimer ses charges d'équipement ;
- répondre à un besoin ponctuel de machine agricole spécifique ;
- utiliser du matériel plus performant ;
- remplacer une machine tombée en panne ;
- tester un matériel que l'on envisage par la suite d'acheter et de pouvoir échanger avec son propriétaire.

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