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Méthanisation
La préfète appréhende le cycle complet de la méthanisation

Sur l’invitation de la FDSEA et de JA, Françoise Tahéri, préfète de l’Orne, s’est rendue mardi 6 juillet 2021, dans l’élevage de la famille Le Jeanne qui exploite une unité de méthanisation depuis plus de dix ans. Tandis que l’Orne est le département normand le plus avancé en nombre de projets, les éleveurs ont fait le bilan des avantages de leur investissement.

Pour la Préfète de l’Orne, Françoise Tahéri, Maxime Le Jeanne décrit l’équipement de l’unité de méthanisation installée en 2011 au Gaec des Fossés à Moussonvilliers dans le Perche et agrandie en 2016.
Pour la Préfète de l’Orne, Françoise Tahéri, Maxime Le Jeanne décrit l’équipement de l’unité de méthanisation installée en 2011 au Gaec des Fossés à Moussonvilliers dans le Perche et agrandie en 2016.
© DB

Au Gaec familial des Fossés, ils sont quatre associés : Philippe et Michèle, les parents, Maxime et Florian, les fils. Installés à Moussonvilliers dans le Perche, ils exploitent une ferme laitière de 120 vaches sur 530 hectares et produisent 1 350 000 l de lait. En 2009, à la faveur d’une rénovation de bâtiments, les Le Jeanne investissent dans une unité de méthanisation, « on était parmi les vingt premiers en France », retrace Maxime Le Jeanne pour la préfète de l’Orne, Françoise Tahéri, invitée par la FDSEA et JA, mardi 6 juillet. Elle est accompagnée d’élus locaux : Paule Klymco et Jean-Vincent du LAC, conseillers départementaux du canton de Tourouvre, Pascal Houlle et Jean-Claude Juszezak, maires de Moussonvilliers et de Charencey. L’unité produit 2 millions de kW/an qu’elle revend à EDF.

Stabilité du revenu grâce à la méthanisation

Auprès de la préfète, les deux syndicats défendent la stabilité du revenu, primordiale pour les agriculteurs. « C’est un revenu indépendant de la météo et de la politique agricole, soutient Maxime Le Jeanne, stable grâce au contrat signé sur quinze ans avec EDF. » L’atelier représente un tiers des revenus de la ferme, « qui sont stabilisés quand on traverse des crises terribles », ajoute le père, qui pointe la stagnation du prix du lait. « Celui d’EDF est indexé sur l’évolution de l’inflation », tandis que les prix du lait et du blé « sont indépendants de notre volonté », enchaîne Maxime.

Respect des 15% d'apport de cultures alimentaires

L’équipement ne fonctionne pas tout seul, « 10 000 t de matières passent dans le digesteur chaque année, tient à préciser Philippe Le Jeanne, ça représente beaucoup de manipulation et de volume, c’est un vrai travail ». Pour preuve, outre les quatre associés, le Gaec des Fossés emploie trois salariés et deux apprentis. L’approvisionnement se fait à 85% par les effluents d’élevage, « dans tous les cas, on les aurait épandus dans les champs », relève Maxime Le Jeanne. Le Gaec récupère aussi la menue paille ou encore les accidents de culture. Françoise Tahéri alerte sur le fait « que l’objectif des méthaniseurs ne soit pas détourné ». Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA de l’Orne, rassure : une majorité des agriculteurs utilise les effluents d’élevage, le syndicat est très attaché au respect du seuil de 15% de cultures alimentaires (voir l’encadré ci-dessous). « Les agriculteurs doivent continuer à nourrir la population », insiste la préfète qui souhaite « qu’on ne produise pas pour les méthaniseurs ». Pour Maxime Le Jeanne, la méthanisation est « une nouvelle valorisation pour des produits non utilisables », citant les tontes communales ingérées par le digesteur.

15% Fixé par décret en 2016, c’est le seuil maximal des cultures alimentaires et énergétiques cultivées à titre principal et incorporées dans les méthaniseurs.

Les atouts de la méthanisation jusque dans le champ

Lors de la visite guidée de l’unité de méthanisation, « un site de type industriel », souligne la préfète, celle-ci s’enquiert des éventuels contrôles réalisés, regardant vers le directeur de la Direction départementale des territoires (DDT), Patrick Planchon, dont les services en assurent une partie. Or, « c’est plutôt EDF qui visite régulièrement l’exploitation, enseigne Maxime Le Jeanne, pour vérifier les installations ». Il décrit le réseau invisible sous terre : matière première, biogaz, chaleur. Cette dernière est récupérée par le Gaec pour chauffer les fosses, les trois maisons d’habitation des associés et le séchoir à grains et à foin. Point final du cycle vertueux : le digestat, « un super engrais », qui a l’avantage de sentir moins fort que le lisier et dont l’absorption après l’épandage « est meilleure par les plantes que les effluents ».

Evolution du métier d'agriculteur

La préfète, qui chapeaute « plusieurs services liés à la méthanisation, pour leur autorisation, ou pour les contrôler », est venue par curiosité, « pour voir le cycle complet, appréhender le modèle économique et percevoir les potentialités procurées par la méthanisation ». Elle est repartie satisfaite, « le revenu stable est important pour l’économie d’une exploitation », souligne-t-elle et reconnaît que la méthanisation représente « une évolution du métier d’agriculteur ».  « La méthanisation doit rester un outil agricole, à capitaux issus de nos agriculteurs , avec des projets portés à 4-5 exploitations », complète Anne-Marie Denis qui souligne l’intérêt agronomique de la démarche, « au travers du retour et de l’utilisation du digestat et par les rotations de cultures mises en place par ces exploitants, qui ont ainsi un pas d’avance sur les attentes environnementales ». En outre, la création de groupes de travail sous forme de GIEE « leur permettront de faire encore davantage évoluer leurs pratiques ».

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