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La Région Normandie s’engage en faveur du bocage

La Région Normandie lance deux appels à projets, destinés aux exploitants agricoles, afin de favoriser la restauration du bocage normand et d’accompagner la mise en place de systèmes agroforestiers, ces systèmes conciliant la culture d’un couvert et celle d’arbres sur la même parcelle.

lll Deux dispositifs d’aides sont ouverts jusqu’au 3 avril 2018. Ils s’inscrivent dans le cadre de la programmation du plan de développement rural pour lequel la Région est autorité de gestion :
• Dispositif 4.4 « Investissements
non productifs - Haies ».
Il permet de soutenir notamment la création de linéaires de haies hydrauliques sur le territoire normand.
Cet appel à projets est centré sur les efforts de création et d’amélioration de haies, sur terrains agricoles et visant principalement à limiter
l’érosion des sols et le ruissellement. En outre, il permet de soutenir l’acquisition d’épareuses pour l’entretien des haies sur le territoire de
l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Les épareuses se définissent comme des bras articulés de 4 à 5 m de long qui reçoivent en leur extrémité un outil de travail (exemple : lamier à scie, lamier à couteaux, sécateur….).

Tous les détails et le formulaire sur le guide des aides de la Région Normandie :
https://aides.normandie.fr/investissements-non-productifs-lies-la-reali…
• Dispositif 8.2 « Aide à la mise en place de systèmes agroforestiers »
Cet appel à projets est centré sur le développement de l’agroforesterie, comme mode de mise en valeur parcellaire associant, sur un même espace, des cultures agricoles et des arbres plantés pour la production soit de bois d’œuvre d’essences nobles ou d’autres produits bois, soit de fruits soit des deux.
Tous les détails et le formulaire sur le guide des aides de la Région Normandie : https://aides.normandie.fr/aide-la-mise-en-place-de-systemes-agro-fores…
« Emblématique de notre région, le bocage normand voit sa qualité sans cesse baisser. La Région Normandie est convaincue que les agriculteurs ont un rôle essentiel à jouer dans l’amélioration de ces agroécosystèmes et c’est pourquoi elle souhaite les accompagner dans ce sens », indique Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région Normandie en charge de l’agriculture.
Les dispositifs sont aidés par l’Europe et les Agences de l’eau sur le territoire de Normandie, à hauteur de 80% des dépenses éligibles (avec un minimum de 1 500 €). Les dépenses éligibles sont notamment :
• les dépenses immatérielles liées à la maîtrise d’œuvre et au suivi du projet dans la limite de 15% des coûts HT des travaux principaux,
• les dépenses liées à la mise en place des arbres et arbustes, sur terres agricoles ( travaux préalables pour la préparation et la protection du sol, fourniture et mise en place des plants, y compris transport, stockage et garantie de reprise, tuteurs éventuels et pose si nécessaire, protection individuelle ou collective des plants ou de la parcelle contre le gibier (ex : filets à lapins) ou les animaux d’élevage (clôture électrique, tripodes, corsets métalliques), fourniture et pose de paillage biodégradable des plants, travaux d’entretien des plants dans la limite de trois ans suivant la plantation : débroussaillage, première taille de formation, entretien des essences arbustives de bourrage/gainage, entretien du paillage et des protections, désherbage mécanique, élagage).
• les épareuses dans la limite de 15 000 € HT et selon des modalités précisées dans les appels à projets.
Ces dispositifs sont complémentaires du dispositif « Agriculture Normandie Performante ».

 

L’arbre : un maillon important

« Le paysan normand, comme dans d'autres contrées, s'est servi de l'arbre pour diversifier ses productions et les protéger en établissant un microclimat. Il a indirectement favorisé une forte biodiversité. Cependant, la mécanisation, l'agrandissement des exploitations et le drainage ont parfois bousculé les paysages avec une spécialisation des productions. Depuis quelques années, la prise de conscience de la dérégulation climatique, de l'érosion et de l'importance la qualité des eaux souterraine comme de l'alimentation nous amène à retravailler les fondamentaux de l'agronomie. L'arbre est un maillon important à cette réflexion ». Ainsi s’exprime Pierre Gégu, président de l’ADAN (lire ci-dessous) et agriculteur à Villiers-en-Desœuvre dans l’Eure. Initié pendant l’hiver 2011 et complété en 016, le projet agroforesterie, au lieu-dit « La Commanderie », s’est traduit par la plantation sur une parcelle de 7 ha de 309 arbres (cormier, érable sycomore, robinier faux acacia, frêne et noyer) auxquels se sont ensuite ajoutés 40 peupliers à titre expérimental.
« Nous pensons que les systèmes agroforestiers, que ce soient les haies, bosquets, vergers ou implantations intraparcellaires, ont un avenir en Normandie », insiste Pierre et d’en lister les avantages : « protection anti-érosive certaine dans les régions sensibles, protection de la ressource en eau, création de couloirs de biodiversité, zones de refuge d'insectes et faune auxiliaire des cultures, production de fruits, création locale de bois chauffage, bois d’œuvre ou BRF, limitation du vent, amélioration du paysage.... Dans chaque contexte, les nouvelles techniques utilisées par les agriculteurs ne sont pas forcément un frein au développement de l'agroforesterie. Il y a énormément de façons d'élaborer un projet agroforestier, les inconvénients peuvent être transformés en atouts. Ce type de projet est aussi une fonction transversale ou tout le monde y trouve des bénéfices» .
La volonté n'est pas de reconstituer un paysage tel qu'il existait localement en 1949 avant remembrement où existaient de nombreux pré-vergers et de toutes petites parcelles. Néanmoins, afin d'améliorer la biodiversité fonctionnelle, avec Yann Pivain de la Chambre d'agriculture, un projet d'aménagement de cet ilot déjà constitué de 7 parcelles a débuté. C'est une réflexion à la mise en place d'une sorte de corridor écologique qu'il faudrait mettre en lien avec d'autres aménagements en voisinage pour en assurer la continuité.
Ce pourrait être avec quelques arbres, haies, points d'eau, bandes herbacées ou fleuries que Pierre "agroforestera" l'ilot. Mais il veut partager le projet avec son fils actuellement en BTS agricole.

Deux questions à Yann PIVAIN
Chargé de missions agroforesteries agronomie et environnement / représentant du Réseau Rural Agroforestier pour la Normandie

La Normandie est historiquement une terre agroforestière


>> En quoi l’agroforesterie a-t-elle un potentiel de développement en Normandie ?
Au préalable, il faut définir ce qu'est l'agroforesterie : c'est l'association d'arbres et de cultures /ou d'animaux sur une même parcelle, avec pour objectifs des interactions positives. Les arbres peuvent être autour de la parcelle (haies bocagères) ou dans la parcelle.
La Normandie est historiquement une terre agroforestière. Les prés vergers et le bocage normand en sont la parfaite illustration. Au delà de cette image d’Épinal, le potentiel de développement est réel. La prise en compte des enjeux agro-environnementaux est de plus en plus forte au sein des exploitations agricoles. Dans une logique de triple performance (économique, environnementale et sociale), de nombreuses techniques ont été ou sont testées. Parmi elles, l'agroforesterie démontre chaque jour son utilité sur une large amplitude de questionnements : érosion des sols, gestion des crues, énergie renouvelable, bien être animal, atténuation climatique, production de bois d’œuvre, gite et couvert pour la biodiversité...
Pour illustrer ce développement, prenons l'exemple du département de l'Eure. Les premiers travaux ont débuté en 2008. En 2015, une association d'agroforestiers a été créée (ADAN : association pour une dynamique agroforestière en Normandie), regroupant des agriculteurs, des apiculteurs et techniciens. ADAN porte le GIEE (groupement d’intérêt économique et écologique) Agroforesteries en Normandie) agréé en 2016. Les travaux du GIEE s'appuie aujourd'hui sur plus de 200 ha d’agroforesterie intraparcellaire. 

>> Quels acteurs peuvent aider les agriculteurs en Normandie ?
Dans le cadre du Réseau Rural Agroforestier Français pour la Normandie (animateur : Yann Pivain - CA27), un recensement des acteurs techniques de l'agroforesterie a été réalisée en Normandie en 2016. On dénombre ainsi une vingtaine de structures d'accompagnement techniques, travaillant principalement sur la haies. La couverture territoriale est par contre assez inégale. Parmi ces intervenant, il est à noter que la Chambre d'agriculture de Normandie est la seule à couvrir l'ensemble du territoire. Elle travaille autant sur l'accompagnement des porteurs de projet que sur l’acquisition de connaissances quant aux relations arbres / cultures ou animaux et sur l’intérêt économique de l'agroforesterie au sein des exploitations.
On note également la présence de quelques structures « non normandes » intervenant dans l'accompagnement de projet.
Dans tous les cas, il faut avoir à l'esprit qu'un projet agroforestier peut échouer, c’est pourquoi il est vivement conseillé de se faire accompagner par un conseiller spécialisé. Pour réussir son projet de nombreux critères doivent être pris en compte. Quels sont les objectifs de l’exploitation ? Haies périphériques ou alignements d’arbres à l’intérieur des parcelles? Il faut déterminer les essences à planter, la densité de plantation, l’orientation des rangées d’arbres, la distance entre ces rangées et entre les arbres au sein de chaque rangée. Ces choix dépendent des conditions pédoclimatiques et topographiques de la parcelle, de l’évolution des arbres sur le long terme, des cultures ou de l’élevage associé, mais aussi des objectifs du planteur et des contraintes du système de production comme la dimension des machines agricoles. Pour fonctionner au mieux sur les exploitations, les associations arbres-cultures, arbres-animaux doivent prendre en compte les contraintes des deux productions. Tout doit être réfléchi pour optimiser l’usage et la production. Enfin, l’entretien des arbres est également déterminant dans la réussite du projet.

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