Aller au contenu principal

La solidarité paysanne invente le "paillothon"

Le 1er novembre dernier, Pierre Laigneau a vu partir en fumée 250 T de fourrages. Tout juste un mois après, la solidarité paysanne lui en a offert presque une centaine. Le Bessin, aidé du nord au sud et de l'est à l'ouest du département, vient d'inventer le "paillothon".

Pierre Laigneau s'est installé au lieu-dit St-Sulpice à St-Vigor-le-Grand (près de Bayeux) le 1er octobre dernier. Tout juste un mois plus tard, vers minuit, il est réveillé par des crépitements. Le hangar est en feu. 250 tonnes de fourrages, du matériel, la stabulation, la salle de traite s'envolent en fumée. Aucun animal n'a péri mais "un coup dur à un moment où l'on ne dispose d'aucune trésorerie", lâche-t-il.

Radio Campagne
Mais très vite, Radio Campagne va faire son oeuvre. C'est tout d'abord un voisin qui va mettre, après une petite révision, sa salle de traite (arrêtée il y a un an) à sa disposition). Et puis Pierre a participé aux différentes manifestations agricoles durant l'été. Il était même, avec son tracteur, du voyage à Paris le 3 septembre dernier. Ça créé des liens. Sébastien Debieu (responsable FDSEA) et Samuel Biderre (responsable JA) vont faire chauffer le 06 en lançant un appel à la solidarité.
Message reçu dans le Bessin mais aussi dans les autres régions naturelles du département. "415 rouleaux de paille et 300 rouleaux de foin ont été promis par une quasi-centaine de collègues", s'est satisfait Samuel. Mais la route est encore longue puisque cela ne représente que la moitié du préjudice subit. Au-delà, et avec une soixantaine d'animaux dehors, notre éleveur s'attend à une surconsommation de fourrages.

Livraison vendredi
Vendredi dernier, action. Une dizaine de plateaux et quelque 50 agriculteurs avaient fait le déplacement en témoignage de solidarité. "Nous effectuons notre première livraison ce matin mais dès que tu as à nouveau besoin de fourrage, tu nous appelles. Les gars se sont engagés. On te livrera la camelote", a insisté Sébastien Debieu. "On a fait connaissance dans les manifs mais je ne m'attendais pas à un tel élan de solidarité. Ça me tire une grosse épine du pied. Ce matin, j'ai la larme à l'oeil", a simplement répondu Pierre Laigneau autour du café de l'amitié.

Couac administratif ?
Hasard du calendrier, au moment où les premiers tracteurs arrivaient dans la cour de la ferme, trois agents administratifs débarquaient aussi pour un contrôle PAC. Pierre Laigneau avait pourtant prévenu la DDTM de ses déboires quelques jours auparavant. Ses priorités étaient bien évidemment ailleurs : "j'ai autre chose à penser en ce moment".
"Nous faisons le distinguo entre les contrôleurs sur le terrain et ceux qui, en haut lieu, prennent les décisions", a déclaré Sébastien Debieu avant d'interroger : "'n'y a-t-il pas, aujourd'hui dans le Calvados, une autre exploitation à contrôler que celle qui vient de partir en fumée". Les trois agents ont indiqué "ne pas avoir été informés de cette situation". Personne n'a d'ailleurs remis leur parole en doute. Après quelques échanges avec les agriculteurs présents et visiblement perturbés par la présence médiatique, ils sont repartis sans aucun encombre tout en assurant "qu'ils remonteraient à leur hiérarchie" ce qui ressemble pour le moins à un couac administratif. "Alors que le principe de contrôles pédagogiques avait été acté en SES par les responsables de la DDTM et parce que l'on ne connaissait pas toutes les règles du jeu, je trouve inadmissible et choquant que l'on s'acharne sur ce dossier. Faites une croix sur la ferme de Pierre Laigneau. Nous n'accepterons pas de nouveaux contrôles ici avant le 1er janvier 2017", a prévenu Sébastien Debieu. Notre éleveur a en effet d'autres chats à fouetter avec ses animaux sans toit, "3 heures de travail pour les soigner au lieu d'une habituellement", un local phyto à reconstruire pour être aux normes PAC, une salle de traite à remettre en état, sans parler du dossier administratif avec l'assurance et les déchets amiantés de l'incendie qu'il faut recycler dans les règles de l'art.

Il est encore temps de participer et montrer ainsi sa solidarité !
Si vous souhaitez participer à l'opération, il suffit d'appeler Sébastien Debieu (06 80 68 58 06) ou Samuel Biderre (06 75 70 77 97). Pierre a encore besoin de paille et de foin et pourquoi pas d'un peu d'aliments secs puisque les vaches, dehors, vont consommer plus d'énergie ? Les organisateurs invitent aussi ceux qui peuvent assurer un peu de transport à se faire connaitre.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout l'Agriculteur Normand.

Les plus lus

[LES GAGNANTS DU JOUR] Race Blanc bleu : deux éleveurs normands se démarquent
Jeudi 29 février 2024, le concours général agricole de race Blanc bleu s'est déroulé sur le ring de présentation du hall 1 du…
[CÔTÉ JEUNES] TIEA 2024 : Le lycée agricole de Sées repart avec la médaille d'or
Cinq établissements normands ont fait le déplacement à Paris, pour participer au Trophée international de l’enseignement agricole…
Jeunes agriculteurs de la Manche : "Foncez les filles"
À l'assemblée générale des Jeunes agriculteurs du 22 mars 2024, le débat tournera autour de la place des femmes en…
Six installations plutôt qu'un (des) agrandissement(s) en Normandie
Safer et JA Normandie ont réuni, samedi dernier à Petit-Caux près de Dieppe (76), les acteurs d'une opération foncière inédite…
[LA BLONDE D'AQUITAINE] Au SIA 2024, une 8e participation du Gaec Lorin Bossuyt
Pour la huitième année consécutive, le Gaec Lorin-Bossuyt participe au concours général agricole de race Blonde d'Aquitaine du…
La haie en session CAN : plein les bottes d'attendre
La CAN (Chambre d'agriculture Normandie) s'est réunie en session le 15 mars 2024. Le 15 mars, c'est aussi la date…
Publicité