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Table ronde
Le blé bas-normand face à ses responsabilités

Face à ses marchés (alimentation animale et export), le blé bas-normand n´est pas démuni. La logistique, avec le port de Caen et la proximité du bassin breton, constitue un de ses atouts. Il lui reste à pérenniser un niveau de qualité garanti.

Première table ronde organisée par le groupe "ObjectifBlés" il y a quelques jours à Caen. Les quatre OS (Organismes Stockeurs) qui composent le groupe de réflexion (coopératives Agrial, Creully, Synergie et Lepicard Agriculture) avaient invité Laurent Skill (INVIVO) et Patrick Rialland (SANDERS) autour de la table. Questions posées : quel type de blé attend le client ? Trouvez-vous cette qualité en Basse-Normandie ? Deux questions simples et des réponses un peu plus complexes mais rien d´insurmontable dans les difficultés. Si l´herbe bas-normande est politiquement correcte, le bonheur est aussi dans le blé.

Laurent Skil
INVIVO
Logistique. Pour Laurent Skill, le nerf de la guerre commerciale sur le marché du blé export, c´est la logistique. Chiffres à l´appui : "le poids de la logistique, c´est 4 à 7 e/T. Celui de la qualité : 2 e/T". Et de citer en exemple le coût d´un fret maritime entre Caen et l´Italie. En quelques semaines, il est passé de 25 e/T à 18 e/T.
Cahier. En fonction des pays et des clients, les cahiers des charges diffèrent. Dans le cadre d´un achat public (par l´Etat), ils sont très stricts. Avec un privé, on peut négocier. Mais dans tous les cas, "les meuniers, qu´ils soient marocains ou tunisiens (...), savent très bien ce qu´ils veulent".
Caen. "Il vous faut mettre en place, au niveau du port de Caen, une politique marketing car on associe votre blé à un blé fourrager". Sans langue de bois, Laurent Skil insiste : "les contrats au départ de Caen sont indexés sur une qualité standard. Ce qui ne rassure pas les acheteurs. Vous devez établir un cahier des charges qui garantisse un minimum de protéine et de W, sans oublier l´humidité". Et de citer en exemple les Marocains qui refusent Caen pour des questions de protéines et d´humidité.
UE. Le marché export du blé bas-normand, c´est avant tout l´Union Européenne et principalement l´Italie, voire la Grèce. Les besoins en qualité sont très différents. Mais attention, "le critère protéique est discriminant à l´export, prévient Laurent Skil. Le palier, c´est 11, et le demi point de protéine en plus est très important".

Patrick Rialland
Sanders
Histoire. En alimentation animale, la réforme de 1993 a eu pour conséquence de "tuer les PSC (Ndlr : Produit de Substitution des Céréales) remplacés par les céréales tout court" résume Patrick Rialland. Encore faut-il changer les formulations (compter 5 à 10 ans) et adapter la génétique animale à 70 % de céréales! "Au-delà, on ne peut pas".
Protéine. "Un à un point et demi de protéine en plus en France équivaut à la production de pois. Il est donc plus efficace d´augmenter la qualité que de développer la culture de ce protéagineux" juge Patrick Rialland. Cependant, une utilisation différenciée du blé en fonction de son taux de protéine ne se conçoit que si l´écart est substantiel (1,5 à 2 points minimum). En deçà, il faudrait multiplier le nombre de cellules au niveau des usines de fabrication d´aliment pour alloter les différentes qualités. Pas suffisamment rémunérateur.
Segmentation. Le marché de l´alimentation animale se segmente de plus en plus et les usines se spécialisent de jour en jour. Pour y répondre, Sanders dispose de 80 références différentes de blés. "Vous êtes capables de chiffrer votre capital à la parcelle mais après vous mélangez tout. Vous gâchez la richesse en amont" déplore notre responsable achat céréales. Mais bien trier et bien alloter n´y suffiront pas, encore faut-il la quantité. "On ne fait rien à moins de 1 000 T par mois". Dommage collatéral : les petites usines vont progressivement fermer au profit de grosses unités.
Logistique. La première préoccupation pour un fabricant d´aliments avant même la qualité. "Il n´y a pas de canaux en France, le camion est trop cher et ne parlons pas du rail. Il y a dans notre pays des infaisables et nous nous heurtons parfois à l´inexistence de solutions logistiques". Mais qu´on se rassure, notre région, grâce à la proximité de la Bretagne, n´est pas mal lotie. La joie pourrait cependant être de courte durée, nos cousins bretons produisent déjà 3 MT de céréales et "on est en train d´en faire une zone céréalière". Une alternative au maïs bousculé sur son flanc environnemental.
Prix. Et si face à des stocks mondiaux représentant deux mois de consommation, on revenait à un prix de 150 e/T ? "On retourne à l´avant 1993. Le blé redevient une matière noble pour nourrir l´homme ou produire de l´énergie et on refait des PSC!"
Qualité. " Jouez la carte de la transparence, insiste Patrick Rialland. Un fabricant est capable de tout valoriser mais il veut connaître la qualité de la marchandise qu´il rentre".
Propos recueillis par
Th. Guillemot

La Basse-Normandie : terre à blé
Ce n´est peut-être pas très tendance, mais la Basse-Normandie est une terre à blé . Elle pourrait même le devenir de plus en plus, pronostiquent certains. "A l´échelle d´un territoire comme celui de la coopérative AGRIAL par exemple, entre 1990 et 2000, les surfaces consacrées aux céréales ont augmenté de 70 000 ha (+ 20 %). Des surfaces prises sur l´herbe et en zones d´élevages consécutivement aux différentes restructurations dans le monde des productions animales" précise Olivier Bourassin (directeur de la filière Céréales d´AGRIAL). Mais la Plaine n´est pas non plus figée : "avec un pois en voie de disparition et une rotation blé sur blé qui ne fonctionne pas si mal" ajoute Gilles Missault (Lepicard Agriculture).
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